Ce n’est pas une nouveauté au Cameroun ou ailleurs de voir des personnalités d’un même bord politique se livrer une guerre de positionnement, notamment quand l’un et l’autre nourrissent des ambitions pour la magistrature suprême. Dès lors, chacun se déploie avec les moyens qui sont les siens pour atteindre l’objectif fixé.
C’est sans doute dans ce sillage qu’il conviendrait de ranger la « guerre froide » entre le vice-Premier ministre chargé de la Justice, Amadou Ali, et le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso. La rivalité entre les deux collaborateurs du chef de l’Etat, qui ont la particularité d’avoir occupé les mêmes postes : secrétariat général de la présidence, ministère de la Justice et ministère de la Défense, aurait pris des proportions inquiétantes ces derniers temps.
Les deux pontes du régime s’échangeraient des civilités rien que pour les cameras et les paparazzis. Une animosité qui prendrait son essence il y a un peu plus de deux ans, le nom de Laurent Esso, apparu sur la liste d’une soixantaine de personnalités présentées comme des pilleurs du patrimoine national, une liste dont la paternité avait été attribuée à Amadou Ali et à ses services. Aussi, pour tenter de contrecarrer le Garde des Sceaux, a-t-on appris, l’actuel scribe de Paul Biya aurait mis sur pied un réseau bien huilé, se servant notamment de sa proximité avec le ministre délégué à la présidence de la République chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, Siegfried David Etamé Massoma, pour mener « la vie dure » à certains de ses collègues.
D’après les mêmes sources, à l’initiative du secrétariat général de la présidence, le Contrôle supérieur de l’Etat pourrait épingler, dans les prochains jours, plusieurs hauts responsables, ce qui ne serait pas du goût du ministre de la Justice qui estime que son collègue empiète dans son champ d’action. Sauf que dans certains milieux du sérail, d’aucuns se demandent pourquoi le ministre chargé du Contrôle supérieur de l’Etat serait aussi influencé par le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence. Le vice-Premier ministre, qui aurait quelque peu perdu la main, s’en serait ouvert au chef de l’Etat qui pourrait recadrer les choses « avant que l’un ne tue l’autre », ironise un habitué des couloirs du pouvoir.