Le président Gbagbo joue son va-tout en Côte d’Ivoire

 
 © ALAIN JOURDAN | ​Le président Gbagbo (au fond debout, droit qui regarde le défilé) a fustigé les détournements de fonds publics lors de son discours aux diplômés de l’ENA, vendredi dernier.

ALAIN JOURDAN ENVOYÉ SPÉCIAL À ABIDJAN | 15.02.2010 | 00:01

Il en a assez qu’on dise de lui qu’il manœuvre pour s’accrocher au pouvoir, râle après les médias occidentaux qui ont, pense-t-il, une vision partisane de la situation. Pourtant, depuis un mois, Laurent Gbagbo s’en tient à une communication minimaliste, qui exaspère parfois jusqu’à son entourage. Il n’y a pas très longtemps, un journal l’a traité d’«ours mal léché». Il veut bien consentir une poignée de main et deux mots, mais pas d’interview…

Vendredi, quelques heures avant l’annonce de la dissolution du gouvernement et de la commission électorale, le président ivoirien a présidé la cérémonie de remise des diplômes aux élèves de l’Ecole nationale d’administration. L’homme est apparu fatigué. L’énergie est revenue lorsqu’il est monté à la tribune pour s’adresser aux hauts cadres de l’administration publique ivoirienne.

Electeurs litigieux
Laurent Gbagbo a d’abord rappelé aux futurs fonctionnaires qu’ils n’entraient pas dans la fonction publique pour détourner l’argent de l’Etat. Une allusion directe au mal qui gangrène la Côte d’Ivoire. Le morcellement du pouvoir a eu pour effet pervers d’encourager chaque clan à puiser encore un peu plus dans les caisses de l’Etat pour préparer la suite.

La suite, cette fois, on y est. Depuis un mois, la Commission électorale indépendante (CEI) est sous le feu de la critique. Le parti de Laurent Gbagbo affirme avoir mis au jour une fraude portant sur l’introduction d’un fichier litigieux de 429 000 électeurs. Mis en cause, le président de la Commission indépendante, Robert Mambé, a reconnu des «dysfonctionnements». La situation politique s’est crispée après que les rivaux de toujours de Laurent Gbagbo, Alassane Drame Ouatera et Henri Konan Bédié, ont apporté leur soutien au président de la CEI.

Présidentielle menacée
Avant cet incident, on semblait approcher enfin d’une date pour l’élection présidentielle. Aujourd’hui, chacun se rejette la responsabilité de cette dernière embûche.

En janvier dernier, à New York, l’ONU avait fixé comme date butoir la fin du premier semestre 2010 pour la tenue du scrutin présidentiel. Vendredi, les plus alarmistes criaient au coup d’Etat, à la dictature, et pronostiquaient de nouvelles heures sombres pour la Côte d’Ivoire.

La situation est plus complexe. La population a peur, mais elle aspire à retrouver la stabilité. Abidjan veut vivre, travailler, faire la fête et renouer avec la prospérité économique. Vendredi soir, Abidjan fêtait «les femmes qui comptent». Des Ivoiriennes distinguées pour leur engagement dans la vie économique du pays.

Calme sur la ville
Malgré quelques appels à la protestation, la ville est restée calme. Guillaume Soro, chef des Forces nouvelles, autre opposant à Laurent Gbagbo, confirmé à son poste de premier ministre, a été invité à constituer un nouveau gouvernement restreint avant ce soir.

Sa réaction était très attendue. Samedi, il a appelé au calme et a joué la carte de l’apaisement. Le président Laurent Gbagbo a pris un risque. Soit sa décision ouvre enfin la voie, par la force des choses, à un scénario de sortie de crise, soit elle ravive les braises d’un incendie mal éteint.

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