Les dessous de la mission du FMI au Cameroun

Officiellement, la mission du FMI aura pour travail de passer l’économie camerounaise au peigne fin. Le programme de la visite prévoit une série de rencontres avec plusieurs membres du gouvernement, les dirigeants d’entreprises publiques, les membres de la société civile, les représentants des syndicats, le secteur privé, les banquiers, la plate-forme portuaire etc. Des audiences avec les plus hautes autorités de la République, telles que le Premier ministre, Yang Philémon, le secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, sont aussi à l’ordre du jour.

Hier, 22 mars 2010, c’est avec le ministre des Finances, Essimi Menye que le bal a été ouvert. Occasion pour la presse d’en apprendre sur cette mission qui se déroule conformément à l’article 4 des statuts du FMI qui lui confèrent le droit de surveiller le système monétaire international et de suivre les politiques économiques et financières de ses 186 pays membres. Le FMI exerce cette fonction au plan mondial et à l’échelle des pays en mettant en lumière les risques éventuels pour la stabilité nationale et extérieure et en formulant des conseils sur les ajustements nécessaires en matières de politique économique.

Nouveau programme

Au sortir de l’audience avec la délégation conduite par Mauro Mecagni hier, le ministre des Finances, s’est montré peu disert, voire nerveux face à la question d’un journaliste qui souhaitait savoir si le Cameroun discutera, au cours de cette mission, d’un nouveau programme avec le FMI.

Essimi Menye a préféré que ce dernier axe sa question sur le programme de cette visite. En parcourant pourtant le chronogramme des activités de la mission du FMI tel que indiqué dans le dossier de presse, on s’aperçoit bien que des « discussions préliminaires pour un nouveau programme appuyé par la facilité de crédit (FEC) », auront lieu dès vendredi prochain, entre le FMI, les autorités camerounaises et d’autres entités. Sous cape au ministère des Finances, des sources parlent même avec une certaine assurance de l’entame des négociations entre le Cameroun et le FMI, en vue d’aboutir à ce programme économique « nouvellement institué dans le cadre d’une réforme plus large visant à assouplir le soutien du FMI et à mieux l’adapter aux besoins divers des pays à faibles revenus, notamment en période de crise ».

La FEC, on le sait, remplace la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, FRPC. Elle accorde, selon les experts du FMI, des plafonds d’accès plus élevés plus élevés, des conditions de financement plus concessionnelles, une plus grande souplesse dans la conception des programmes qu’elle appuie et une conditionnalité à la fois plus simple et mieux ciblée.

Volte-face

Au ministère des Finances, l’on affirme que ces négociations sont nécessaires au moment où le Cameroun lance son Document de stratégie pour la Croissance et l’emploi, qui est la première déclinaison de la vision de développement qui entend faire de lui un pays émergent à l’horizon 2035. On ne peut cependant oublier de rappeler qu’au cours d’une conférence de presse donnée en son cabinet à Yaoundé en février 2009, le ministre des Finances, Essimi Menye indiquait que le Cameroun développera désormais ses propres programmes, au lieu de continuer à s’embourber dans des programmes très contraignants avec le FMI.

Mais quelques mois plus tard, précisément en juin 2009, une lettre d’intention du Cameroun envoyée au Fmi par Inoni Epraim, ci-devant Premier ministre, chef du gouvernement, disait tout le contraire de ce qu’avançait le MINFI. L’ex PM sollicitait même immédiatement un nouveau prêt au Fmi, pour combler le gap budgétaire de 2009.

D’où les 70 milliards de FCfa rapidement prêtés à l’Etat du Cameroun par le FMI, avec des conditionnalités dites simplifiées. Malgré toutes les explications du gouvernement sur l’opportunité de cet endettement, ce prêt avait suscité une vive contestation chez certains économistes camerounais tels que Babissakana qui, à maintes reprises, avait démontré à travers des tribunes libres publiées dans les médias, que le Cameroun n’a pas besoin de s’endetter à nouveau auprès des institutions de Bretton wood pour se développer.

Pour lui, une fois sorti du bourbier de l’initiative Ppte, avec l’atteinte laborieuse du point d’achèvement qui consacra l’annulation de la dette extérieure du Cameroun (considéré, selon Babissakana à tort comme un pays pauvre, alors qu’il regorge de nombreuses ressources) ; le pays a intérêt à utiliser ses réserves financières pour financer ses programmes économiques.

Il faut le dire, les pays qui ont recours à la FEC acceptent impérativement un ensemble de mesures qui, selon le FMI, contribuent à stabiliser leur situation macroéconomique. Ils doivent notamment s’arrimer aux objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté.

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