Côte d’Ivoire :«Faire organiser la présidentielle par le ministère de l’intérieur est un recul de la démocratie»

APA

Faire organiser l’élection présidentielle par le ministère de l’intérieur est un recule de la démocratie, ont soutenu, mardi, des organisations de la société civile ivoirienne, estimant que ce serait un « retour à la pensée unique ».
Cette réaction fait suite à la menace du Chef de l’Etat Alassane Ouattara de faire organiser les prochaines élections par le ministère de l’intérieur si l’opposition continue de récuser le format actuel de la Commission électorale indépendante (CEI).

« Nous ne nous inscrivons pas dans la démarche du Chef d’Etat. Dans un pays démocratique, il faut que les institutions soient indépendantes. Cet acte constituerait un retour à la pensée unique et un acte anti démocratique », a déclaré dans un entretien à APA le Président de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO), Pierre Adjoumani Kouamé.

Il a par conséquent, invité le Chef d’Etat à négocier à nouveau avec l’opposition ivoirienne, notamment le Front populaire ivoirien (FPI) pour son retour au sein de la CEI. « Nous demandons également au FPI de mettre l’intérêt du pays au-dessus de tout acte politique », a-t-il ajouté.

L’Observatoire ivoirien des droits de l’homme (OIDH) a estimé pour sa part que cette intention de faire organiser les élections par le ministère de l’intérieur si elle venait à se concrétiser, « va renforcer les suspicions », et constituerait « un recul de la démocratie ».

« Nous sommes convaincus qu’on n’en arrivera pas là, car ce sera un recul de la démocratie. La Côte d’Ivoire a décidé depuis plus de dix ans de confier l’organisation des élections à une institution indépendante. Cet acte constituerait un retour à la pensée unique », a expliqué le président de l’OIDH, Eric Sémien qui a par ailleurs, regretté le nombre « trop grand », accordé aux acteurs politiques au sein de la CEI.

« Nous estimons que le trop grand nombre d’acteurs politiques au sein de la CEI peut influencer cette institution, or il faut que cette institution nous rassure », a-t-il poursuivi.

En visite d’Etat dans la région de l’Iffou (Daoukro), le Chef d’Etat ivoirien Alassane Ouattara avait invité le Front populaire ivoirien à reprendre sa place au sein de la CEI.

« Je souhaite que tout le monde soit dans la CEI. J’ai indiqué au président Hollande que la Côte d’Ivoire est maintenant une démocratie. Parlez aux opposants puisqu’ils se disent socialistes. Parce que dans une démocratie, il n’existe pas de Commission électorale. Je n’ai plus besoin de Commission électorale. La Commission électorale est créée dans les pays en crise, les pays où il est nécessaire de mettre tout le monde ensemble pour palabrer », avait expliqué M. Ouattara lors d’une rencontre avec les cadres de la région de l’Iffou.

« J’en appelle à mes frères du FPI qu’ils comprennent que Youssouf Bakayoko est là pour conduire ce processus. Il ne changera pas, nous n’allons pas le changer. Je leur demande de revenir à beaucoup plus de raison, de laisser calmer leurs émotions pour revenir à la Commission électorale indépendante parce que je ne souhaite pas pour ma part que la Commission travaille sans une partie de l’opinion même si elle est infime », a insisté le Chef de l’Etat ivoirien.

M.Ouattara a par ailleurs, rassuré qu’il « n’y aura pas de volonté de tricher de notre part », se disant « outré d’entendre certains propos ». « Dans beaucoup de pays, il y a certains qui sont inculpés pour moins que certains ont fait ici. Moi j’ai mis la plupart de ces personnes en liberté provisoire, et cette liberté n’est que provisoire », avait prévenu M. Ouattara.

« Baissons le ton, discutons, faisons en sorte de construire un pays moderne, une Côte d’Ivoire qui attire tout le monde pour ses performances économiques, sociales, diplomatiques et sécuritaires », avait-il conclu.

Le Comité central du FPI a décidé, samedi, au terme d’une session extraordinaire, du retrait de son représentant au sein de la CEI. Au terme de huit heures de travaux ponctués par des dizaines d’interventions sur la question de la participation ou non du FPI à la CEI, les participants ont eu recours au vote pour départager les deux positions.

Le verdict des «urnes » a été favorable au «retrait du FPI » de la Commission électorale avec 138 voix contre 119 pour ceux qui sont ‘’pour le maintien ». Aussi, il a été indiqué au représentant de ce parti, le dernier ministre de la défense de Laurent Gbagbo, Alain Dogou de «rendre sa démission » de la CEI.

Le vendredi 5 septembre, le FPI et ses alliés de l’Alliance des forces démocratiques (AFD, coalition de 12 partis politiques) avaient «claqué la porte » lors de la mise en place du bureau de l’organe chargé d’organiser les élections générales de 2015, estimant que ‘’ le consensus ” n’était pas de mise.

Le Président sortant de la CEI, Youssouf Bakayoko, issu des rangs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), membre du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition au pouvoir) a été réélu à la tête de cette institution.

La nouvelle CEI est composée de 17 membres dont un représentant du président de la République, quatre de l’administration, quatre de la société civile, quatre des partis politiques au pouvoir et quatre de l’opposition.

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