Israël a-t-il proposé des armes nucléaires au régime de l’apartheid ?

https://i0.wp.com/www.jeuneafrique.com/photos/025052010140735000000rapport.jpg?w=696L’universitaire américain Sasha Polakow-Suransky accuse Israël d’avoir proposé des armes nucléaires au gouvernement sud-africain de l’apartheid en 1975, dans un livre paru mardi aux États-Unis. Les documents publiés pourraient officialiser la détention d’armes atomiques par l’État hébreu et risquent d’affaiblir sa prétention à conserver son monopole nucléaire dans la région. Le président israélien Shimon Peres, alors ministre de la Défense et meneur des négociations pour la partie israélienne d’après l’ouvrage, dément ces accusations et affirme n’avoir “jamais négocié un échange d’armes nucléaires avec l’Afrique du Sud”.

 

C’est une bombe que le quotidien britannique The Guardian a lâché lundi 24 mai. Alors que les discussions internationales sur le dossier nucléaire iranien ont rarement été aussi intenses, le journal accuse Israël d’avoir tenté de vendre des missiles nucléaires au régime sud-africain de l’apartheid en 1975.

Ces « révélations » sont issues du livre « The Unspoken alliance : Israel Secret Relationship with Apartheid South Africa » (L’alliance non-dite : la relation secrète entre Israël et l’Afrique du Sud de l’apartheid) de l’universitaire américain Sasha Polakow-Suransky.

Quand les Sud-Africains cherchaient à se doter de l’arme atomique

D’après lui, plusieurs rencontres ont eu lieu en 1975 entre le ministre sud-africain de la Défense, Pieter William Botha et son homologue israélien d’alors, Shimon Peres, aujourd’hui Président de l’État hébreu. Les deux hommes auraient discuté de la possibilité pour Israël de vendre des missiles Jericho dotés de charges nucléaires au régime sud-africain.

Polakow-Suransky s’appuie sur plusieurs mémorandums “top secret” déclassifiés qu’il dit avoir obtenus des autorités sud-africaines. Le chercheur affirme que Pieter William Botha et Shimon Peres se sont rencontrés secrètement le 31 mars 1975. Les Israéliens auraient alors proposé au gouvernement sud-africain de lui vendre des missiles Jericho capables de transporter des ogives nucléaires.

Le même jour, le chef d’État-major de l’armée sud-africaine, le lieutenant général Armstrong, écrit un mémorandum détaillant les avantages pour son pays de détenir de tels missiles seulement s’ils étaient équipés d’arme atomique. Ce dernier document avait déjà été publié par la Nonproliferation Review en 2004, mais la rencontre Botha/Peres en marge de laquelle il aurait été écrit, n’était pas connue. Le lieutenant général Armstrong précise dans le document que « les missiles seront armés avec des têtes nucléaires fabriquées en Afrique du Sud ou obtenues ailleurs ».

Le « Chalet » abritait-il des ogives nucléaires ?

D’après l’auteur, une nouvelle rencontre a lieu entre Pieter William Botha et Shimon Peres le 4 juin 1975 à Zurich (Suisse). Les minutes de la rencontre, dévoilées par Polakow-Suransky, rapportent des discussions autour d’un projet nommé « Chalet ».

D’après l’auteur, il s’agirait des fameux missiles Jericho en discussion. Selon le document, Botha exprime son intérêt pour un « nombre limité d’unités de Chalet » disposant de la « charge adéquate ». Peres aurait répondu que « la charge adéquate était disponible en trois tailles ».

Polakow-Suransky affirme que les « trois tailles » en question font référence aux trois types de charge avec lesquelles ces missiles pouvaient être livrés : conventionnelle, chimique ou nucléaire.

D’après lui, l’accord sur la livraison du matériel n’aurait pas pu aboutir en raison du prix trop élevé réclamé par les Israéliens. L’Afrique du Sud finira par fabriquer elle-même des ogives nucléaires sur son sol, plusieurs années plus tard. Le programme a depuis été démantelé sous supervision de l’ONU.

Ferme démenti de Peres

Shimon Peres a démenti ces informations dans un communiqué lundi. « Il n’y a aucun fondement réel aux allégations publiées ce matin par le Guardian selon lesquelles Israël avait négocié en 1975 un échange d’armes nucléaires avec l’Afrique du Sud, écrit-il. Israël n’a jamais négocié un échange d’armes nucléaires avec l’Afrique du Sud. Il n’existe aucun document ou signature israélienne prouvant que de telles négociations ont eu lieu » ajoute-t-il.

Les accusations du Guardian et de Polakow-Suransky ne s’appuient selon lui que sur une « interprétation sélective de documents sud-africains et non pas sur la base de faits réels ».

Si l’authenticité et l’exactitude de l’interprétation de ces documents étaient établis, il s’agirait de la première preuve de l’existence d’un arsenal atomique israélien. Les experts s’accordent à penser qu’un tel arsenal existe, mais Israël refuse de le confirmer ou le démentir.

Ces accusations pourraient affaiblir la position d’Israël, qui fait pression pour que la communauté internationale empêche l’Iran de poursuivre son programme nucléaire. En montrant que l’État hébreu a favorisé la prolifération illégale de l’arme atomique, elles pourraient faire tomber l’un des arguments utilisés par les partisans d’un monopole nucléaire d’Israël au Moyen-Orient, selon lequel Israël est une puissance nucléaire « responsable ».

Les documents cités peuvent être consultés et téléchargés sur le site du Guardian.

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