L’Entrée Express : le nouveau mode de sélection des Immigrants

 

Depuis le 1erjanvier 2015, Citoyenneté et Immigration Canada a lancé un nouveau système électronique connu sous le nom d’Entrée Express. Ce dernier permet de gérer les demandes de résidence permanente présentées au titre de certains programmes fédéraux d’immigration économique.Au terme de l’année 2015, le Gouvernement Fédéral prévoit d’accepter entre 172 100 et 186 700 personnes, sélectionnées via l’Entrée Express.

Les candidats désirant immigrer au Québec ne sont pas soumis à ce modèle de sélection, bien qu’il soit fort probable qu’un système similaire soit mis en place par la Belle Province dès le début de l’année 2016.

Qu’entend-t-on par Entrée Express ? Comment fonctionne ce système ? Quels sont les avantages et les inconvénients de cette nouvelle façon de sélectionner les immigrants ? Les personnes désireuses d’immigrer au Canada ont-elles plus de chances de s’y établir grâce à l’Entrée Express ?

L’Entrée Express : c’est quoi ?

Le système de l’Entrée Express constitue désormais la première étape pour immigrer au Canada dans le cadre des programmes suivants : le Programme des Travailleurs Qualifiés, le Programme des Travailleurs de Métiers Spécialisés, la Catégorie de l’Expérience Canadienne.

Les candidats potentiels sont invités à compléter leur profil d’Entrée Express à tout moment de l’année. Il n’y a aucune date limite pour remplir un profil ni aucun plafond quant au nombre de postulants admis dans le bassin de candidatures.

Toute personne admise dans le bassin de l’Entrée Express pourrait recevoir une invitation à présenter une demande de résidence permanente. Des extractions de candidatures auront lieu entre quinze  et vingt-cinq fois par année.

La toute première s’est d’ailleurs déroulée au courant de la dernière semaine du mois de janvier 2015. Seules les personnes se retrouvant au haut de la liste voient leur candidature extraite et ce, peu importe le moment où elles ont été admises dans le bassin (alors qu’avant le 1er janvier 2015, les candidatures à l’immigration étaient traitées dans leur ordre d’arrivée).

Si vous êtes l’un des heureux candidats à recevoir une invitation à présenter une demande, vous disposerez de soixante jours pour déposer votre dossierde résidence permanente complet, par voie électronique.Dans le cas contraire, votre candidature à l’Entrée Express pourra demeurer dans le bassin pendant une période maximale d’une année suivant la présentation de votre profil. Si suite à ces douze mois vous n’avez toujours pas reçu d’invitation, il sera possible de refaire une demande.

L’Entrée Express : pour qui ?

Bien que le Gouvernement canadien ait longtemps utilisé un système de points pour déterminer qui pouvait ou non immigrer au Canada, le programme de l’Entrée Express est bien différent puisque les nouveaux immigrants sélectionnés pour s’établir au Canada auront déjà une offre d’emploi garantie au moment de la présentation de leur dossier de résidence permanente. Après réception de leur demande complète, les dossiers des candidats sélectionnés seront traités dans un délai maximal de six mois. Le traitement rapide des demandes d’immigration est crucial pour que le Canada puisse avoir une chance d’attirer des candidats internationaux de haut niveau.

L’objectif ultime de ce système est de mette en contact les employeurs canadiens avec de potentiels candidats, dans le but de combler des emplois pour lesquels il n’existe aucun canadien disponible et à compétences égales, pour effectuer le même travail. Par le biais de l’Entrée Express, Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) s’assure de n’attirer que les meilleurs profils, ceux des candidats les plus talentueux, tous champs de spécialisation confondus.

L’Entrée Express : les étapes

Le programme de l’Entrée Express se découpe en deux étapes bien distinctes. La première consiste à présenter votre demande en ligne en remplissant un formulaire qui contiendra entre autres : des informations sur vos compétences, vos expériences professionnelles, votre niveau d’études et vos compétences linguistiques.

Si au moment de candidater, vous n’avez pas déjà reçu une offre d’emploi ayant fait l’objet d’une Etude d’Impact sur le Marché du Travail (c’est-à-dire que l’employeur est passé par toutes les étapes lui permettant de prouver que tous les efforts ont été déployés pour recruter un canadien, l’autorisant désormais à embaucher un étranger) ou que vous n’avez pas reçu un certificat de désignation d’une province ou d’un territoire, vous devrez vous enregistrer sur le Guichet de l’emploi du site d’Emploi et Développement Social Canada (http://www.edsc.gc.ca/fra/accueil.shtml) dans le but de faciliter la mise en relation des candidats étrangers avec les entreprises canadiennes.

Les candidats présents dans le bassin et ayant obtenu les notes les plus élevés (dans le système de classement global) pourront passer à la seconde étape et se verront invités à présenter une demande de résidence permanente. Ils auront alors soixante jours pour soumettre leur dossier en ligne.

En revanche, il faut bien souligner la chose suivante : s’inscrire dans le bassin de l’Entrée Express ne signifie pas que vous recevrez forcément une invitation. Bien même qu’une invitation vous soit envoyée, il vous faudra encore répondre à des critères d’admissibilité tels que la présentation de tests valides démontrant vos capacités linguistiques ou encore vos certificats de police, habituellement exigés si vous avez vécu plus de six mois consécutifs dans un pays étranger.

L’Entrée Express : des immigrants en compétition les uns avec les autres

D’un point de vue économique, le système de l’Entrée Express est certainement un choix de taille pour le Canada qui démontre une réelle volonté de se concentrer d’abord et avant tout sur la création d’emplois et la croissance économique du pays. Les candidats qui auront été choisis via le système de l’Entrée Express seront plus rapidement opérationnels et contribueront davantage aux besoins du  marché du travail et à l’économie canadienne.

Néanmoins, ce système est perçu par certains comme injuste vis-à-vis des immigrants déjà présents au Canada qui eux sont arrivés dans le pays sans emploi. Après plusieurs années au Canada, certains ne sont toujours pas parvenus à obtenir un travail en lien avec leurs études ou leurs expériences professionnelles.

Nombreux sont les nouveaux immigrants très qualifiés qui « galèrent »encore au Canada et qui n’ont pas d’autre choix que d’accepter des emplois sous-qualifiés pour subvenir à leur besoins. Souvent, ce fait est lié à une faible maîtrise de la langue du pays, à une adaptation qui se veut difficile ou bien encore à la non-reconnaissance des diplômes obtenus dans leur pays d’origine.

Cette nouvelle génération d’immigrants sélectionnée de façon draconienne, dotée d’un haut niveau d’anglais et/ou de français et ayant souvent déjà étudié (aucun problème d’équivalences de diplômes dans ces cas de figure) ou travaillé au Canada rentrera directement en compétition avec les immigrants déjà présents dans le pays ; arrivés au Canada au cours des 5 à 10 dernières années et n’ayant toujours pas trouvé leur voie… Ce phénomène nous pousse à nous demander ce que fait le Gouvernement Fédéral pour aider à l’intégration des immigrants qualifiés qu’il a choisi et qui sont toujours sans emploi au Canada ?

Par ailleurs, le modèle de l’Entrée Express sous sa forme actuelle, donne aux employeurs un pouvoir de décision qui était auparavant du ressort de Citoyenneté et Immigration Canada. Maintenant ce sont en fait les employeurs qui sélectionnent les futurs immigrants canadiens. Est-ce qu’accorder ce pouvoir aux à des chefs d’entreprises ne transformerait pas le processus d’immigration en une « affaire personnelle » qui pourrait donner naissance à un système biaisé encourageant la sélection de certains profils plus que d’autres ?

Les employeurs pourraient en effet favoriser les candidats provenant-ou étant diplômés- de certains pays (candidatures provenant de certains continents, privilégiées par rapport à d’autres). Les candidats préférés par les employeurs canadiens pourraient ne pas être représentatifs de ce qui est bon pour le pays dans son ensemble.

Placer dans les mains des employeurs ce pouvoir sur le processus d’immigration, c’est assumer que les objectifs et les valeurs de ces derniers sont identiques à celles de tous les autres canadiens. Le Canada devrait s’assurer que les personnes qu’il sélectionne, ne le sont pas uniquement pour servir les intérêts de certains employeurs mais sont des gens qui seront aussi capables de s’adapter et de contribuer au développement économique et culturel du pays. 

Les étudiants étrangers : les grands perdants du système de l’Entrée Express

Avant le 1er Janvier 2015, les étudiants internationaux qui avaient complété leurs études au Canada (sauf province du Québec) et acquis une année d’expérience professionnelle post-diplôme avaient la possibilité de présenter une demande de résidence permanente sous le programme de l’Expérience Canadienne. Une offre d’emploi n’était alors pas nécessaire pour être éligible à l’immigration permanente.

Les étudiants internationaux venus au Canada pour étudier et à qui il a été affirmé qu’il serait facile d’obtenir le statut de résident permanent devront désormais obtenir une Etude d’Impact sur le Marché du Travail ou un Certificat de désignation d’une province pour avoir une chance d’être invités à présenter une demande d’immigration.

Cela signifie que les diplômés internationaux qui ne sont pas des candidats d’une province devront eux aussi faire approuver par Emploi et Développement Social Canada leur offre d’emploi de débutant pour augmenter leurs chances d’être sélectionnés. Les employeurs de ces nouveaux diplômés devront quant à eux, démontrer qu’ils sont prêts à verser à ces gradués internationaux des salaires supérieurs aux salaires de départ pour ces postes et que leurs compétences fraîchement acquises sont fortement en demande sur le marché du travail canadien…

Sources : www.cic.gc.ca

 

*Le genre masculin est utilisé dans cet article sans aucune discrimination et dans le seul but d’alléger le texte.

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