M. Atangana Mebara, dont le procès s'est ouvert depuis plus d’un an devant le Tribunal criminel spécial (TCS, juridiction créée pour lutter contre la corruption) pour le détournement présumé de 5 millions de dollars dans le cadre de l’achat manqué en 2001 d’un avion neuf pour le président Paul Biya, au pouvoir depuis 33 ans.
A l’occasion de la reprise mardi de son procès, M. Atangana Mebara a affirmé être soupçonné “d’avoir voulu prendre le pouvoir” à M. Biya dont il fut durant de nombreuses années un proche collaborateur. M. Atangana Mebara n’a pas donné plus de précisions sur ces “soupçons”.
Certains journaux locaux l’ont présenté comme faisant partie, ainsi que d’autres personnalités écrouées dans le cadre de l’opération Epervier de lutte contre la corruption, d’un groupe baptisé G11 (génération 2011) qui aurait voulu prendre la place de M. Biya à l’occasion de la présidentielle de 2011.
Ce scrutin a été largement remporté par M. Biya alors que la plupart des membres présumés du “G11” se trouvaient en prison.
Les détracteurs de l’opération Epervier la présentent souvent comme une campagne de “purge politique” à travers laquelle M. Biya neutralise d’anciens proches qui convoiteraient le pouvoir.
“La justice est devenue le ferment de l’absurde (…) et de l’arbitraire”, a déploré l’un des avocats de M. Mebara, Me Claude Assira, dans une lettre ouverte à M. Biya.
Jugé dans le cadre du premier volet du dossier d’achat d’un avion présidentiel, M. Atangana Mebara avait été acquitté en première instance avant d’être condamné à 15 ans de prison en appel. A la Cour suprême où il s’était pourvu en cassation, un magistrat avait préconisé dans un rapport présenté fin 2014 sa mise hors de cause, mais la haute juridiction avait décidé en 2015 d’examiner à nouveau l’affaire.
Dans un deuxième volet de cette affaire d’avion présidentiel, le TCS a déjà condamné M. Atangana Mebara à 20 ans de prison.
Le procès dans lequel il comparait actuellement au TCS concerne la troisième partie du même dossier d’avion présidentiel: dans cette procédure, un autre ancien secrétaire général à la présidence, Marafa Hamidou Yaya, et un ex-patron de la défunte compagnie nationale aérienne Camair, Yves Michel Fotso, ont écopé chacun de 25 ans de prison.