Jamais dans l’histoire de notre pays un gouvernement quelconque n’a transmis à un autre gouvernement un pays aussi sinistré, a estimé dimanche Lai Mohammed, le porte-parole du Congrès progressiste (APC), dans un communiqué.
Pas d’électricité, pas de carburant, des travailleurs en grève, des milliards dûs aux fonctionnaires régionaux et fédéraux, 60 milliards de dollars de dette nationale, et l’économie est virtuellement à terre, a-t-il énuméré.
Muhammadu Buhari, de l’APC, sera investi vendredi président du pays le plus peuplé d’Afrique (près de 180 millions d’habitants), également plus grosse économie et premier producteur de pétrole du continent, après avoir battu Goodluck Jonathan à la présidentielle du 28 mars.
Mais à quelques jours de son entrée en fonction, le pays est virtuellement à l’arrêt après des semaines de crise des carburants.
Les stations-service sont à sec, des avions sont cloués au sol dans les aéroports, et le premier opérateur mobile vient de prévenir qu’il va avoir du mal à maintenir son réseau sans approvisionnement rapide en carburant.
L’APC, qui a fait campagne sur le combat contre la corruption endémique et l’insécurité (en référence aux islamistes de Boko Haram, dont les attaques ensanglantent le Nord depuis des années), a durement critiqué M. Jonathan et son parti, le PDP, pour leur silence sur cette crise.
Lai Mohammed a accusé le PDP de n’être pas intéressé par la résolution de la crise, qui laisse des millions de Nigérians sans électricité depuis des semaines à cause du manque de carburant pour leurs générateurs – le réseau électrique public ne fonctionne que quelques heures par jour.
Le gouvernement a annoncé vendredi que le pays ne produisait que 1.327 mégawatts d’électricité – un plus-bas quasi historique.
La première économie d’Afrique extrait deux millions de barils de pétrole brut par jour mais doit importer l’essentiel de ses carburants à cause de ses faibles capacités de raffinage – une situation que les observateurs imputent à la corruption et la mauvaise gestion.
Selon les syndicats du secteur pétrolier, la crise a éclaté parce que le gouvernement, qui subventionne les carburants pour les maintenir sous les prix du marché mais est à court de liquidités depuis l’effondrement des cours du pétrole, doit 200 milliards de nairas (environ 904 millions d’euros) d’impayés aux importateurs de carburant, qui ont du coup cessé leur activité.
Pour l’APC, le Nigeria est sur pilotage automatique depuis plusieurs semaines, car l’administration sortante n’a montré ni la capacité, ni la volonté de résoudre les crises qu’elle a créées et imposées à la nation.