Contentieux historique: Un témoignage qui accable

Ce mémorandum d’un témoin des atrocités commises au Cameroun et adressé en son temps à la haute attention de la Cour Internationale de Justice à la Haye, avait été publié pour la première fois dans une édition « hors série » de la Nouvelle Expression consacrée à 50 ans d’histoire politique du Cameroun en 2000.

Les révélations que son auteur fait n’avait jamais  été démentie. Il est d’une brûlante actualité, à la suite de la sortie de l’ancien chef d’Etat major de l’armée camerounaise, le général  Pierre Semengue chez un confrère dimanche dernier, un des principaux acteurs de la répression pendant  les années noires du nationalisme camerounais,  que  le député Jean Michel Nintcheu dénonce avec véhémence.

Après la dissolution de l’Upc, le Kamerun a plongé dans un bain de sang imprévu, plus particulièrement dans les régions natales des principaux dirigeants de l’Upc à savoir : la Sanaga Maritime, région natale de Ruben Um Nyobe, secrétaire général, fondateur N°1 de l’Upc, la région natale de Dr Félix Roland Moumié, premier président national de l’Upc, Kingué Abel et Ouandié Ernest 1er et 2e vice-président de l’Upc et Kamsu Innocent, trésorier général de l’Upc. Viennent s’y ajouter les régions du Mungo, du Mbam, de Tcholiré, une partie du Centre et quelques villages du Nord etc…

Tous les Kamerunais confondus, soupçonnés d’être de l’Upc, de faire partie de la famille ou d’être amis d’un upéciste, étaient arbitrairement arrêtés. La majeure partie des capturés surtout ceux qui avaient des biens matériels et financiers étaient automatiquement exécutés sans aucun jugement et leurs biens pillés. Quand les prisonniers atteignaient un nombre de plus de 10, ils étaient considérés comme un encombrement inutile.

Ils étaient soit brûlés vifs dans les fûts d’acide ou dans une  maison de campagne, soit jetés dans une chute d’eau ou dans un fleuve les yeux bandés. Il y a eu également des cas ou des femmes, des enfants et des vieillards ont été regroupées, enfermés dans des maisons qui ont été ensuite incendiées.

 

Pour diaboliser davantage l’Upc, l’armée de domination française décapitait certain de ces responsables et exposait leurs têtes dans les principaux carrefours des villages et des villes. Non contente de cette exposition macabre, elle contraignait la population et surtout les membres des familles des victimes à cracher sur eux et à leur lancer les cailloux. Quel cynisme !

Vers la fin de l’année 1955, face à des poursuites et des tueries impitoyables et incontrôlables des citoyens par l’armée de domination française, les dirigeants de l’Upc et de ses organisations alliées réussissent à se retrouver en majorité et à s’exiler à Kumba de l’autre côté du fleuve Mungo, dans la partie du Kamerun sous la domination anglaise.

De 1955 à 1958, la chasse à l’homme Kamerunais et les tueries à grande échelle allaient sans cesse croissantes. Les citoyens étaient poursuivis jusque dans les Etats frontaliers du Kamerun, ceci sous le regard indifférent et complice de l’Onu sur qui l’Upc comptait vainement.

Face à ce calvaire du peuple Kamerunais tout entier, les dirigeants et militants de l’Upc en exil à Kumba sont obligés d’aboutir à la création du One Kamerun (OK) en 1957 avec pour mission de prendre la relève de l’Upc dissoute et de conduire la révolution sur toutes ses formes.

Les massacres perpétrés tous les jours par les forces de domination françaises ont continué leur cours dans notre pays et on abouti le 13 septembre 1958 à l’assassinat de Ruben Um Nyobe, secrétaire général fondateur principal de l’Upc avec 06 de ses 12 compagnons sans armes, dans leur cachette à Boumnyebel en Sanaga Maritime.

En 1959, l’Upc et le OK ont amèrement constaté :

–      la non-réaction objective de l’Onu face au calvaire des Kamerunias, malgré les multiples pétitions et requêtes formulées et présentées à son assemblée générale où avaient participé personnellement les dirigeants de l’Upc et de OK.

–      Que par ailleurs le Conseil de sécurité de l’Onu dont la France est un membre influent n’était autre chose qu’un état major international de l’Occident pour la colonisation et l’exploitation abusive du Kamerun et du continent africain en général.

Ainsi, l’Upc et le OK, ne pouvant supporter les bras croisés les contraintes à l’exil, décident avec le soutien de la jeunesse, de la création d’une armée de riposte qui vit le jour le 10 juin 1959 sous la conduite du commandant Singap Martin et son adjoint Momo Paul. Cette armée dénommée « l’Armée de Libération Nationale du Kamerun » l’Alnk lance un mois après, des contre-offensives dont la première eut lieu le 27 aout 1959 dans la plupart des villes et villages du pays.

 

La guerre de libération nationale progressait de victoires en victoires dans les guérillas urbaines des grandes villes et dans les affrontements des combats rangés des campagnes. La riposte farouche de l’Alnk avait abouti à la libération de la grande partie de la région bamiléké qui est restée sous son contrôle de 1959 à 1962.

Les premières victimes dans les rangs de l’Anlk, furent des fusillés publics au poteau à Bafoussam. Il s’agit :

–      du commandant Simo Pierre, membre fondateur de l’Alnk et commandant de la région de l’Ouest

–      du commandant Fondjou, adjoint du commandant Simo Pierre

–      de Kwetche, Tchouambou, Tabouguia, tous membres du bureau du commandement de l’Ouest.

C’est à partir de ce moment que l’armée française étouffée par la contre-offensive généralisée de l’Alnk dans la majorité des villes et villages du pays décrète la terre brûlée. Des camps de concentration sont construits, des villages entiers sont incendiés, les populations sans abri, sont bombardées au Napalm par des chasseurs venant tous les après-midis du Congo Brazzaville et du Tchad. Elle n’oublie pas de créer des oppositions africaines en commettant des crimes dans le village natal de Momo Paul et en les signant de Singap Martin et vice-versa.

Les camps de concentration, les carrefours des têtes coupées, les chutes d’eau, les ravins, les forêts et les montagnes suscités, ainsi que les fosses communes où des Kamerunais furent ensevelis sont pour la plupart restés intacts jusqu’à nos jours. En attenant les enquêtes les plus détaillées au moment opportun, les principales régions qui contiennent les plus grands sites, les plus grandes fosses sites, les plus grandes fosses communes et les carrefours publiquement renommés carrefour d’exposition des têtes en ce moment sont les suivantes.

 

A Douala

-une petite brousse proche de l’aéroport international surnommée bois des singes

-la petite forêt de Bonagang aujourd’hui devenu un quartier mais moins peuplé

-les fleuves Wouri et Dibamba où ils jetèrent les citoyens tantôt assassinés, tantôt vivants, attachés dans les sacs vides du riz

-la petite île de Dibombari destinée à des exécutions clandestines etc…

 

A Yaoundé

-la petite montagne située derrière l’actuel hôpital des handicapés

-la brousse de Mbankomo à 20 km de Yaoundé sur la route Yaoundé-Douala

 

A Eseka

-la machine pour broyer les upécistes

-le ravin après le péage d’Eseka etc…

 

Dans le Moungo et le Haut Nkam

-Nkougna au pied du mont Lonako

-Le sommet du mont Manengouba

-Le flanc du mont Koupé

-La petite montagne mineral de Ndjoungo d’où présentement on exploite de la pouzzolane

-la chute Ekom Nkam dans le fleuve Haut-Nkam

-les montagnes de la Moumé et de Kékem

 

A Bafoussam

-la chute de la Mifi sur la route de Mbouda où ils jetèrent les citoyens les yeux bandés

-le carrefour des maquisards où il y eut l’exposition des têtes coupées

-le mont Batié

-Baham et Bahouang

-les rochers de Badenkop

-le lac perdu de Bangou

-les montagnes de Bachingou

 

Dans le Nde

-le fleuve Noun de Bagangté

-la ville de Tonga où ils enterrèrent les citoyens Kamerunais

-la chefferie de Bandrefam

 

Dans la Menoua

-l’ancienne gare routière de Dschang

-l’actuel marché de Fokoué qui est construit sur une fosse commune

-le marché de Bamendou etc…

 

Nous citons en plus quelques-uns des villages où les Kamerunais mouraient de famine par centaine chaque semaine, dans des camps de concentration.

 

Dans la Sanaga Maritime

-Ngambe

-Boumnyebel

-Bot Makak

-Ndom

-Edea

-Eseka

-Yabassi

 

Dans le Ndé

-Bazou

-Tonga

 

Dans la Menoua

-Fokoué

-Bamendou

-Bansoa

-Mbouda

-Bamedjeuh

-Santchou

 

Dans la Mifi

-Bamendjou

-Bagnem

-Badenkop

-Bangou

-Bandrefam

-Batié

-Baham

 

La fausse indépendance en question est gérée parla France à travers ses néo-colons installés au pouvoir au Kamerun.

 

Dans le Mbam

-Bokito

-Bafia

-Ombessa

 

Dans le Moungo

-Manjo

-Nlohé

-Penja

-Loum

 

Dans le Haut-Nkam

-Kékem

-Banja

-Moumé

 

Dans le Sud-Ouest

-Tombel et bien d’autres villes que nous citerons le moment venu.

 

Permettez nous en plus de vous présenter une première liste non exhaustive ci-jointe des principaux dirigeants de l’Upc du OK et de l’Alnk assassinés parles Français pour la cause sacrée de la réunification et de l’indépendance du Kamerun.

C’est dans cette situation que le peuple kamerunais a continué une vie de calvaire et de l’enfer sur terre pendant plus de 12 années de lutte, de 1948 à 1960. Cette dernière année où, par la complicité voilée de ses alliés à l’Onu et au conseil de sécurité, qui à 90 % étaient patrons et uniques décideurs, la France s’arrange à nous tromper en accordant une sorte d’indépendance fictive à une partie de notre pays et en installant elle-même ses marionnettes au pouvoir.

La fausse indépendance en question est gérée par la France à travers ses néo-colons installés au pouvoir au Kamerun. Ahidjo installé dictatorialement par la force des armes devait s’organiser pour simuler une sortie du colonialiste Français par la grande porte et favoriser son retour par la petite porte. Cette présence « indirecte » du colonialisme Français dans la vie économique, politique et sociale des Kamerunais leur a posé de sérieux préjudices dont ils paient jusqu’à nos jours les pots cassés et les paieront encore pour très longtemps.

Un mois seulement après la proclamation illégale de la dite indépendance, la preuve de la confiscation de l’indépendance économique, politique et sociale par la France saute aux yeux de tous. Ahmadou Ahidjo immédiatement au pouvoir signe des accords militaires avec la France pour une longue durée en termes d’années.

 

C’est fort de ces accords que l’armée coloniale française a amplifié les massacres sans pitié de la population Kamerunaise, sans relâche jusqu’à la fin du régime d’Ahidjo en 1982 : soit en plus 22 ans de tueries aveugles sous la protection des ailes du néo-colonialiste Ahmadou Ahidjo. Ce qui fait au total 34 ans de massacre et de génocide de l’administration française au Kamerun, c’est-à-dire de 1948 à 1982.

La seconde preuve est le fait que la proclamation de l’indépendance le 1er janvier 1960 par Ahidjo qui était contre l’indépendance des Etats africains a eu lieu contre la volonté de l’Upc, seul demandeur de la réunification et de l’indépendance à l’Onu et à la France. Ceci étant, quelques jours après l’installation illégale d’Ahidjo par la France, la guerre contre l’Upc redouble d’intensité par les bombardements massifs de la Sanaga Maritime et de la région Bamiléké. La stratégie de la France en matière de colonisation indirecte du Kamerun à partir d’une fausse indépendance dirigée par un gouvernement néocolonial, rentre ainsi en application par une guerre de terre brûlée dans plusieurs villes et villages du pays ;

Les grands massacres mondialement connus après cette fausse indépendance sont les suivants :

1- L’incendie du quartier Congo en plein centre ville de Douala qui s’est soldé par 600 morts en 1960. Ce jour de 13 heures à 15 heures le quartier Congo est encerclé, l’essence est pulvérisée par les hélicoptères sur les toits des maisons. Tous ceux qui ont l’occasion de s’échapper sont soit mitraillés par les soldats français et tchadiens soit massacrés par les flèches empoisonnées distribuées à nos frères trompés et corrompus du Nord. Les vieillards et les femmes portant les bébés au dos sont jetés sans pitié, vifs, soit dans les puits soit dans les WC. C’est précisément à 15 heures que les militaires accompagnés de nos frères nordistes ont commencé à mettre le feu de tous les côtés sur les maisons préalablement pulvérisées d’essence, tandis que la gendarmerie et la police sous la conduite du Commissaire Leroux abattaient les sorties du quartier. Un détachement des pompiers commandé par un bout d’homme français est arrivé cinq minutes après, accompagné de plusieurs citernes d’essence qu’ils ont pulvérisée sur les maisons en dur résistantes au feu.

2- Le « train de la mort » dont plus de 80 détenus sont morts en 1962 dans les wagons marchandises hermétiquement verrouillés entre Douala et Yaoundé.

 

3- Les massacres par bombardement au Napal des villages entiers de la Sanaga Maritime et du pays Bamiléké. Voici un témoignage d’un journal français dénommé L’événement du JEUDI 16 au 22 mai 1991 signé Pascal Krop citation : « Chers lecteurs lisez et méditez… La France à peu qu’au cours du grand déballage, elle donne les raisons profondes qui l’ont poussée à transformer l’Ouest du Cameroun en une boucherie humaine avec bien sur la complicité d’Ahmadou Ahidjo. Rien qu’entre 1962 et 1964, 300 000 à 400 000 camerounais ont été massacrés à Dschang. Foumban, Kumba, Bamenda, Bafang et autres… un vrai génocide type Shaba et Chatila au Liban.

4- Deux ans après l’assassinat barbare de Ruben Um Nyobe secrétaire général de l’Upc le 13 septembre 1958, suit l’assassinat du Dr Félix Roland Moumié président de l’Upc le 03 novembre 1960 neuf mois seulement après l’indépendance voilée octroyée parla France et l’Onu. Il est assassiné par empoisonnement de la main-rouge occidentale à Genève en Suisse par l’intermédiaire d’un prétendu journaliste nommé William Bethel.

5- L’assassinat du commandant Singap martin et du commandant Momo Paul chef et chef adjoint de l’Emg de l’Alnk en 1963.

6- L’assassinat du commandant Ntankeu Noé, chef d’état-major provincial du Littoral et ses adjoints fusillés publiquement au poteau électrique en 1964 en plein centre ville de Douala dans le quartier Congo préalablement incendié en 1960.

7- L’assassinat d’Osende Afana et ses compagnons, tous membres du secrétariat administratif de l’Upc. Sa tête coupée le 15 mars 1966 est emportée de Mouloundou à Yaoundé comme cadeau à Ahidjo.

8- Les massacres de Tombel qui se sont soldés par plus de 500 morts en 1967

9- Le procès du coup d’Etat et de la rébellion qui ont conduit à la condamnation à mort de Mgr Dongmo et à l’assassinat le 15 janvier 1971 de Ouandjé Ernest, deuxième vice-président de l’Upc, fusillé sur le poteau à Bafoussam avec son compagnon Wambo Le Courant.

10- Sans oublier l’incendie du village Saré du Mahoundé du Nord où le chef Amadou Mahoudere fut tué avec sa famille, ainsi que tous les habitants de son village. Celui-ci fut soupçonné d’être nationaliste, en concurrence avec Ahidjo. Devant ce soupçon Pierre Messmer gouverneur de la France d’outre mer de l’époque joue le tour en faveur d’Ahidjo et ordonne l’assassinat du chef et l’incendie de tout son village.

 

Voilà les quelque massacres après l’indépendance voilée du Kamerun en 1960, massacres bien connus de l’opinion internationale. Selon certaines sources à vérifier le moment venu, les premiers chiffres officiellement recensés des massacres et des morts de 1955 à 1960 s’élèveraient à plus de 1 420 000 victimes, sans compter ceux qui sont morts regroupés et calcinés dans les maisons, des morts par torture discrètes à des balançoires et des assassinats isolés commis par les soldats isolés, parfois pour s’accaparer des biens matériels et financiers. Quant à ce qui concerne les biens détruits ou volés, aucune idée pour le moment. Seuls les rescapés de chaque village auront dans l’avenir à les déterminer, chacun en ce qui le concerne.

Tout compte fait, on estime que des milliards de francs en espèces et des centaines de millions de maisons de bétail et des biens matériels des citoyens Kamerunais ont été pour la plupart volés et certains détruits par l’armée française de domination à chacun de leur passage criminel. Ici s’arrête pour le moment, la description de quelques massacres perpétrés après l’indépendance voilée du Kamerun et l’installation dictatoriale d’Ahidjo au pouvoir parles français.

 

On estime que des milliards de francs en espèces et des centaines de millions de maisons de bétail et des biens matériels des citoyens Kamerunais ont été pour la plupart volés et certains détruits par l’armée française de domination à chacun de leur passage criminel.

 

Les crimes contre l’humanité commis par les Nazis et dont les coupables sont jusqu’à ce jour recherchés à travers le monde entier, jugés et condamnés, sont-ils si différents de ceux perpétrés par l’administration coloniale française au Cameroun ? La Haute Cour de Justice daignerait porter un regard plus attentif sur les frais ci-dessus exposés.

 

1- La situation misérable des rescapés anciens résistants de l’Upc et du OK sous le régime néocolonialiste représenté par Ahidjo puis par Paul Biya

Permettez nous de vous certifier que les Anciens Résistants, rescapés des massacres ci-dessus décrits, qui ont tout sacrifié dans la lutte pour la réunification et l’indépendance du Kamerun ont été marginalisés premièrement par Ahidjo de 1960 à la fin de son régime en 1982, et présentement par Biya depuis sa nomination par la France en remplacement d’Ahidjo révoqué de ses fonctions en 1982. Quelque 20 % des veuves et un grand nombre d’orphelins sont encore vivants mais dans des conditions de vie économique misérables, car sans emploi.

 

Le régime Biya a bel et bien réhabilité les héros de l’indépendance, l’Upc et le OK mondialement reconnus comme seuls artisans et seuls détenteurs de l’histoire réelle du pays sont bel et bien ré-légalisés mais dans quelle condition de fonctionnement et dans quel style de démocratie ?

Ce qu’on n’arrive pas à comprendre est que, ce même régime prend soin de la vie des anciens combattants de la libération de la France et ne songe à rien pour les anciens résistants de la libération du Kamerun qu’il gouverne. Bien au contraire, il ne rêve que de la destruction complète de ces partis martyrs au profit de la France en y créant des oppositions africaines. Ces partis qu’il devait pourtant entretenir comme ses diamants.

Tous nos anciens résistants, certains sortants d’un long emprisonnement et d’autres de plusieurs années d’exil, vivent  aujourd’hui misérablement dans les rues du pays libéré au prix de leur sacrifice physique et du sang de leurs compagnons. Les handicapés, pieds et mains coupés par la guerre de libération nationale, ainsi que des traumatisés mentaux de la misère vivent leur vie alimentaire dans les poubelles d’Hysacam de chaque ville du Kamerun. Plus de 50 % des surmenés et des fous au Kamerun sont des anciens résistants de la lutte de libération nationale du Kamerun. Ils sont arbitrairement marginalisés et abandonnés dans les rues du pays par un régime qui s’engraisse des fruits du sacrifice de ces misérables libérateurs.

Ce qu’il faudrait savoir de plus est que les anciens résistants, les veuves et les orphelins de la guerre de libération du Kamerun qui sont encore solides ont passé 40 ans de leur vie dans des maquis, dans des prisons et en exil sans avoir la possibilité d’étudier comme ceux qui s’engraissent aujourd’hui en piétinant ces misérables héros pourtant recherchés avec la torche dans d’autres pays. Aujourd’hui le Kamerun face à la situation des sans diplômes et des sans emplois, les anciens résistants font partie à 50 % des chômeurs misérables du pays. Ils n’ont non plus d’habitation et font partie à plus 40 % des mendiants souvent rencontrés à des carrefours et devant la majorité des mosquées des villes et villages du pays à la recherche a tout prix du pain quotidien.

Le OK et l’Akar voudraient profiter du présent mémorandum pour lancer un appel pathétique aux organisations internationales, aux représentations diplomatiques et à toutes les bonnes volontés pour venir en aide aux anciens combattants de la libération du Kamerun qui meurent à petit feu dans les rues de notre pays.

 

2- La demande des pourparlers pacifiques avec la France pour réparation des préjudices subis par le peuple Kamerunais.

 

Depuis 1955 le peuple Kamerunais souffre, victime de multiples types de crimes contre l’humanité qui ont été commis dans leur pays par la France tant dans le passé que dans le présent…

Selon les constats en cours en ce 21e siècle, les peuples de la nouvelle génération n’ont plus besoin de la guerre qui ne fait que détruire. Ils ne sollicitent aujourd’hui en majorité que la vie dans la paix, l’amour et l’entente dans une franche collaboration entre les peuples, indifféremment des races, des convictions politiques ou religieuses.

Ce que nous devons en plus savoir concerne la présente génération inculte, dépourvue de formation et d’information comme notre génération primitive et inculte des années 40 à 50. La misère et la souffrance connues par les générations passées et relatées à la génération actuelle, plus la crise qu’endure celle-ci, constituent pour elle une vraie école de savoir et d’intelligence. Ces difficultés ont permis de savoir tout sur les causes profondes de centaines d’années de vie misérable, d’effusion de sang des innocents, de divisions, de guerres inter régionales et de pauvreté accrue d’un continent comme le nôtre, un continent pourtant reconnu comme un paradis sur terre dans le monde.

C’est dans le souci de sauver l’actuelle génération et celles à venir contre une prochaine guerre quelconque de vengeance et de destruction massive que la présente génération tient et exige l’abolition de la guerre en échange d’un rétablissement de la paix durable dans le monde. La présente génération condamne les crimes des nations de grande puissance contre les nations faibles comme le Kamerun et exige que justice soit faite.

S’agissant du cas précis du Kamerun, nos adversaires d’hier et d’aujourd’hui pensent que leur stratégie de division pour régner suffit pour effacer l’histoire de notre pays à partir de leur pratique des oppositions africaines. Ils croient que cette stratégie belliqueuse pratiquée au temps jadis serait meilleure pour la France et lui permettrait d’échapper aux faits de destruction de l’histoire de leur séjour criminel, de colonisation et d’exploitation féroce du peuple Kamerunais. Ils se trompent énormément sur le cas du. Si l’histoire des criminels des autres nations jusqu’aux crimes de guerre d’Italie il y a bientôt plus d’un siècle restent encore dans l’actualité du monde ce ne serait pas l’histoire du Kamerun et du continent africain qu’on considèrera facile à effacer 60 ans seulement après.

 

Que la France soit de bonne foi, manifeste de l’amour et favorise la paix entre les générations montantes des Français et des Kamerunais. La seule manière d’instaurer une paix durable entre ces deux générations reste les pourparlers et les réparations des crimes causés par la France au Kamerun de 1948 à 1982. Ces pourparlers auront pour but d’aboutir à un pacte durable qui servira de loi des aïeux conte la violence et la vengeance entre les Français et les Kamerunais, car des tonnes d’histoires écrites laissées par notre génération resteront jusqu’à la fin du monde.

 

La seule manière d’instaurer une paix durable entre ces deux générations reste les pourparlers et les réparations des crimes causés par la France au Kamerun de 1948 à 1982.

 

C’est pour certifier ici que l’histoire écrite ventilée déjà dans le monde en quantité par notre génération victime de cette barbarie, reste et restera ineffaçable par qui que ce soit.

Par conséquent le One Kamerun et l’Alkar voudraient profiter du présent mémorandum pour solliciter l’intervention des organisations compétentes de l’Onu et des Ong pour que justice soit faite dans un délai satisfaisant et que les crimes monstrueux causés par la France au Kamerun soient réparés. Les organisations auxquelles nous faisons allusion sont :

–      le secrétariat Général de l’Onu

–      l’organisation de l’Onu pour les droits de l’Homme

–      Amnesty International

–      Le HCR

–      La croix Rouge et le Croissant Rouge

–      L’Union Européenne

–      L’Organisation de l’Unité Africaine

 

1- Appel aux jeunes, aux organisations de masse kamerunaises, françaises et du monde

Nous voudrions dans le souci de préparer et de protéger un avenir prospère de paix et de franche collaboration entre les présentes et futures générations kamerunaises et françaises, lancer un appel pour une réconciliation afin de barrer la voie à des futurs massacres dans une guerre quelconque de vengeance ou de ré-domination. Surtout que la France d’aujourd’hui est politiquement et socialement taxée d’ennemie juré de plus de 90 % de la population kamerunaise à cause de son passé colonial et de son action de domination indirecte actuelle. Domination qui constitue la principale cause de la pauvreté qui aujourd’hui affame et lue les kamerunais.

Le OK et l’Akar lancent un vibrant appel aux Etats africains, aux partis politiques au pouvoir et à l’opposition, aux organisations des jeunes français, aux organisations estudiantines, aux enseignants, aux journalistes et aux Ong de faire chacun à son niveau la pression sur le gouvernement français afin :

–  que justice soit faite

–  que les crimes commis contre l’humanité par la France au Kamerun soient réparés et ceci en faveur de la normalisation des conditions de vie des misérables victimes qui jonchent les rues de toutes les villes et villages du pays.

A noter ici que notre génération et nos survivants, victimes de ces crimes sont de bonne volonté pour sauver l’avenir grâce à nos expériences acquises de la souffrance du passé. Que cette génération disparaitra très bientôt en ce 21e siècle laissant tout à la disposition d’une génération de haine et de vengeance, non expérimentée. Nous sommes obligés de laisser l’histoire écrite et même le pot cassé aux futures générations du Kamerun, de la France et du monde entier en cas de disparition sans aucun arrangement.

 2- La détermination du One Kamerun (OK) et de l’Association Kamerunaise des anciens résistants (AKAR)

 

Toujours dans l’intention et le souci d’apporter notre modeste contribution avant notre disparition complète, nous, membres de OK et de l’Akar, rêvons de la paix et de la justice dans le monde et plus particulièrement entre les peuples kamerunais et français. Le OK et l’Akar détenteurs exclusifs de la vraie histoire du pays, lesquels ont acharnement lutté côte à côte avec l’Upc, sacrifiant hommes, argent, biens et avenir pour l’indépendance et la réunification du Kamerun, restent foncièrement déterminés à mener cette lutte pacifiquement s’il le faut et démocratiquement jusqu’au bout à l’échelon national et international. C’est pour cette raison qu’ils envisagent en outre une séance de réconciliation nationale au Kamerun.

En attendant qu’une suite au présent mémorandum nous parvienne très bientôt, nous mettons à votre disposition ci-joint quelques-unes des premières preuves photographiques et un début de liste des principaux dirigeants politiques et militaires morts massacrés injustement par l’administration coloniale de la France pour la cause de la réunification et de l’indépendance de leur pays.

Vous avez en plus la biographie des signataires du présent mémorandum.

Vive la justice et la paix entre les uns et les autres dans le monde !

 

Fait à Douala le 25 mai 2001

Pour le Bureau de l’Akar

Le secrétaire par intérim de l’Akar

Djoko Paul

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