RDC: la communauté internationale tire la sonnette d’alarme pour les élections

La communauté internationale tire la sonnette d’alarme pour les élections en République démocratique du Congo et appelle à un sursaut de “tous les acteurs politiques” pour permettre de réussir d’ici à fin 2016 la première transition démocratique depuis l’indépendance de 1960.

La RDC est censée tenir à partir d’octobre une série d’élections devant conduire à la présidentielle et aux législatives, prévues pour novembre 2016.

Leur organisation accumule cependant les retards et l’arrestation de nombreux opposants ou militants de la société civile au cours des derniers mois a contribué à maintenir forte la tension politique exacerbée en janvier par la répression meurtrière de manifestations hostiles au pouvoir.

L’opposition soupçonne le président Joseph Kabila, à la tête du pays depuis 2001, de jouer la montre en vue de se maintenir à son poste au-delà de la fin de son mandat en décembre 2016, alors que la Constitution lui interdit de se représenter.

Cette question du maintien éventuel d’un président contraint légalement à se retirer agite plusieurs pays voisins de la RDC, comme le Rwanda ou le Congo, où l’on semble s’acheminer respectivement vers une révision de la constitution ou un changement de loi fondamentale. Sans oublier le Burundi, où le président Pierre Nkurunziza a été réélu en juillet à l’issue d’une présidentielle jugée non crédible par la quasi-totalité de la communauté des nations.

Dans un communiqué commun publié jeudi par l’ONU, les envoyés spéciaux et représentants internationaux pour les Grands Lacs (ONU, Union africaine, États-Unis, Union européenne, Belgique) “soulignent la nécessité de prendre sans tarder” en RDC des mesures permettant la tenue d’élections “transparentes” et “crédibles”.

Ils “lancent un appel à tous les acteurs politiques en vue de parvenir rapidement à un accord” en ce sens et soulignent une nouvelle fois “l’importance” d’organiser présidentielle et législatives “dans les délais constitutionnels”.

En juin, M. Kabila, qui entretient le doute sur son avenir politique, a lancé des consultations politiques en vue d’un éventuel “dialogue national” censé favoriser la tenue “d’élections apaisées”.

Une partie de l’opposition a d’ores et déjà rejeté cette offre, y voyant une man½uvre en vue du “glissement” qu’elle redoute tant: le report des échéances électorales.

Néanmoins, le clan de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, battu lors des élections de 2011 (entachées de fraudes massives et à l’origine de la crise politique actuelle), a fait volte-face en juin en annonçant sa disposition à dialoguer avec le pouvoir, sous certaines conditions.

– ‘Portée historique’ –

Interrogé par l’AFP, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, dit être “confiant”.

“Tout sera fait conformément au calendrier de la Céni”, la Commission électorale nationale indépendante, qui prévoit la tenue de quatre scrutins au suffrage direct (et plusieurs autres élections indirectes) en treize mois, assure-t-il.

M. Mende reproche à la communauté internationale de contraindre la RDC, un des pays les moins développés au monde, à ne compter que sur ses maigres ressources budgétaires en rechignant à soutenir financièrement le processus électoral.

En juin, l’Union européenne et les États-unis avaient indiqué qu’ils comptaient limiter leur soutien, sous conditions, à la présidentielle et aux législatives de 2016.

“Plus personne ne croit aujourd’hui que les élections auront lieu dans les temps”, dit un diplomate occidental sous le couvert de l’anonymat.

Dans leur déclaration, les représentants de la communauté internationale soulignent pourtant la “portée historique” de ces scrutins censés permettre “la poursuite du développement et du renforcement de la sécurité” dans un pays ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 et dont l’est reste gangrené par la violence d’une cinquantaine de milices congolaises ou étrangères.

Perçue par l’opposition comme une man½uvre de plus pour retarder le processus électoral, la mise en place, en cours, de 21 nouvelles provinces, vient par ailleurs compliquer la tâche de la Céni.

Celle-ci a décidé de s’en remettre à la Cour constitutionnelle – récemment créée – pour lui dicter l’attitude à adopter pour la désignation des gouverneurs de ces nouvelles entités, qui devaient initialement être élus (au scrutin indirect) en juillet et août.

Leur entrée en fonction est un préalable à la tenue des premières élections locales de l’histoire du pays devant avoir lieu le 25 octobre. Leur organisation, dans un pays de plus de 2 millions de km2 largement dépourvu d’infrastructures est une vraie gageure.

 

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