La Belgique se dit prête à participer à une «force d’interposition» de l’ONU au Burundi

Pour Didier Reynders, il ne s’agit pas de pointer du doigt «exclusivement les violences du pouvoir», mais également «des violences commises […] par des rebelles armés aujourd’hui». Le ministre belge des Affaires étrangères a par ailleurs appelé «tout le monde à ne pas faire usage de la violence et à revenir à la table des négociations».  

Le ministre a par ailleurs ajouté que l’Union africaine (UA) et les Nations unies devraient «imaginer une force d’interposition» si les négociations échouaient. «La Belgique ne peut évidemment pas le faire seule, nous n’avons pas cette intention, ni cette capacité d’agir seuls dans un pays comme le Burundi», a jouté Didier Reynders.

Cette déclaration intervient alors que le dialogue interburundais, brièvement relancé fin décembre, est au point-mort et que l’UA a renoncé, lors de son sommet des chefs d’Etats fin janvier, à déployer la Mission africaine de prévention et de protection (Maprobu), forte de 5 000 hommes, comme elle envisageait.

«Mais on souhaite vraiment pourvoir protéger la population, [car] il y a trop de violence aujourd’hui dans ce pays et trop peu de dialogue», a insisté le ministre belge.

La Belgique, ancienne puissance coloniale au Burundi, est le premier pays à annoncer qu’il serait prêt à participer à une mission d’intervention dans ce pays.

«Après les drames vécus au Rwanda, cette idée que nous n’interviendrions plus dans d’anciennes colonies ou des pays sous mandat […], je crois que c’est une erreur», a justifié le ministre belge, faisant référence à la mort de casques bleus belges présents au sein de la mission de paix de l’ONU au Rwanda, la Minuar, lors du génocide (800 000 morts) déclenché en avril 1994 par le régime extrémiste hutu au Rwanda.

Bujumbura contre toute ingérence de Bruxelles

«Le Burundi n’a pas de problèmes avec la Belgique et ne souhaiterait pas en avoir. Et encore moins le Burundi ne veut entrer en guerre contre la Belgique», a réagi le ministre burundais des Relations extérieures, Alain-Aimé Nyamitwe.

«Par conséquent, nous demandons à la Belgique de rester loin de nos difficultés», a-t-il poursuivi, ajoutant que «le Burundi est favorable à des rapports cordiaux» avec son ancienne puissance colonisatrice, mais que «plus de 50 ans après l’indépendance, nous ne serons jamais d’accord pour que la Belgique s’immisce dans les affaires du Burundi».

«Non, non, mille fois non !», a-t-il martelé.

Bujumbura accuse régulièrement la Belgique d’être à la tête d’un «complot international» contre le pouvoir du président Pierre Nkurunziza et «d’armer» l’opposition dans l’objectif de «recoloniser» le Burundi.

La Belgique, qui a qualifié «d’absurdes» ces accusations, a «conseillé» depuis la mi-novembre à ses ressortissants dont la présence n’est pas essentielle de quitter le pays.

Le Burundi est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril 2015 du président Pierre Nkurunziza – réélu en juillet – à un troisième mandat. La société civile et l’opposition jugent ce troisième mandat contraire à la Constitution et à l’Accord d’Arusha, qui avait mis fin à la guerre civile de 1993-2006.

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