Rien ne se fait au hasard.» Emmanuel Essimi Menye, le ministre des Finances, se veut rassurant face à la préoccupation d’un journaliste sur l’effet que la nouvelle mesure prise par le chef de l’Etat pourrait avoir sur les populations. Et pour être plus convaincant, le ministre se permet une comparaison : « Lorsque vous sortez de chez vous le matin pour vous rendre à l’arrêt taxi et vous regardez à gauche, il y a un nuage, La première réaction, c’est de rebrousser chemin pour prendre un parapluie. »
Le nuage pour le cas du Cameroun selon le Minfi, c’est la faiblesse de son économie. «On détecte la faiblesse d’une économie à travers les taxes notamment la TVA. Lorsqu’il y a un fléchissement de la TVA, on peut déduire que l’activité économique est faible. Lorsqu’on ne produit pas assez, Les taxes sont faibles et l’Etat n’a pas de recettes suffisantes. » Or, précise Emmanuel Essimi Menye, le budget qui est essentiellement prévisionnel se constitue de recettes douanières, des impôts, les redevances pétrolières, les recettes de service et autres et aussi les dettes et les dons d’un côté et les dépenses de l’autre. Et généralement précise-t-il, le niveau de dépenses est en avance sur les recettes perçues au quotidien.
Face à cette conjoncture, le chef de l’Etat instruit le gouvernement de prendre des mesures pour assurer une gestion rigoureuse du budget avec une indication impérative : s’en tenir à la dépense stricte sinon la dette intérieure devrait s’accentuer. Le gouvernement se met à la tâche. Résultat final : la signature le mercredi 15 septembre par le Chef de l’Etat de l’ordonnance 2010/001 et rendu publique vendredi 17 septembre lors de la conférence de presse du minfi. Celle-ci modifie et complète certaines dispositions de la loi n° 2009/018 du 15 décembre 2009- articles 23 et 24- portant loi des finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2010.
Grands projets
Les articles 23 et 24 nouveaux stipulent que les produits et revenus applicables au budget de la République du Cameroun pour l’exercice 2010 pour l’un et les crédits sur le budget consolidé de la de la République du Cameroun sont évalués à 2 520 600 000 de F Cfa. Contre 2 570milliardsde F Cfa Budget de départ. Soit un ajustement de 49 400millards F Cfa, 2% en valeur relative. Et dans cette ordonnance, la dette intérieure grossit de 40 milliards et passe ainsi de 280 milliards à 320 milliards « Nous nous sommes engagés à payer les fournisseurs selon un certain calendrier que nous allons continuer à respecter, » a précisé le Minfi.
De manière globale, les recettes propres chutent de 131 milliards, les recettes fiscales de 33 milliards, même montant pour la Tva et le chiffre d’affaires. Les « autres recettes » connaissent aussi une baisse de 98 milliards, autant que le remboursement des avances consenties. Les dons exceptionnels de la coopération internationale baissent de 21 milliards. Par contre les emprunts et dons augmentent de près de 82 milliards et l’enveloppe des tirages sur les emprunts multilatéraux directs à l’extérieur est presque multipliée par deux. On passe de 104 milliards à près de 207 milliards. D’où l’ajustement final de près de 50 milliards. Et la première cible de la mesure ce sont les dépenses de fonctionnement. Le budget d’investissement connaîtra également des coupes, parfois sévères. Celui des travaux publics baisse de 27 milliards, Minduh 15 milliards, eau et énergie 11 milliards idem pour la santé publique.
Conséquence, il y aura une « remodulation » de la mise en œuvre des grands projets, déclare le minfi. Et un personnel du minee présent dans la salle des actes du Minfi précise que la coupe de son ministère représentant l’enveloppe attribué aux projets de Lom pangar et de Menve’ele.
Pour éviter ces réajustements à la baisse, le Minfi propose une augmentation de la production. « Le Cameroun a 1700 milliards de réserves d’argent à la Beac. Ce n’est pas assez. Nous devrions être à 3000milliards voire plus pour presque 20 millions d’habitants.»
L’ordonnance sera ratifiée lors de la prochaine session parlementaire.