Deux ans après l'enlèvement des lycéennes de Chibok toujours entre les mains de Boko Haram, Paris Match Afrique consacre une série de reportages sur la secte islamiste qui terrorise l'Afrique de l'Ouest. Deuxième volet: alors que le Ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian rencontre aujourd’hui une nouvelle fois le Président tchadien Idriss Deby à Ndjamena pour évoquer la lutte contre Boko Haram, Patrick Forestier nous raconte les coulisses d'une guerre discrète* menée par la France en Afrique de l'Ouest (2/3).
Lorsque le 13 novembre 2015, une série d'attentats terroristes frappent Paris, le Directeur général des services de renseignements extérieurs (Dgse), hasard du calendrier, est… au Cameroun. Bernard Bajolet travaille sur un des multiples fronts menés par la France contre le terrorisme islamiste.
En perpétrant des attaques et des attentats suicides au Cameroun et au Niger, la secte Boko Haram implantée au Nigéria tente de s'étendre sur le territoire francophone. Depuis qu'en avril 2015, Boko Haram a pris le nom d'Etat islamiste-Province d'Afrique de l'Ouest, il est pleinement intégré à L'Etat islamique, qui règne en Syrie en Irak et désormais en Libye, où il contrôle 200 kilomètres de côtes.
Pour ces fanatiques, il n'y a pas d'état, ni de frontières, mais un califat au cœur de l'Afrique où, comme au Levant, doit régner la charia. Car Daesh ne commet pas seulement des attentats à Paris et Bruxelles. Ses affiliés attaquent désormais l'Afrique francophone en prenant d'assaut des hôtels à Ouagadougou au Burkina-Faso, à Bamako, la capitale du Mali, et tuent des européens sur les plages de Côte d'Ivoire.
Face à cette menace, la France forme des démineurs de l'armée camerounaise. Elle a aussi livré 11 véhicules tactiques, du matériel de transmission, des casques et des gilets pare-balles. Mais surtout elle procède à un échange de renseignements au plus haut niveau avec le Cameroun qui, malgré sa guerre contre le terrorisme, est considéré à Paris comme stable et en plein développement économique avec 6.000 expatriés et une centaine de grosses entreprises françaises.
Lors de la visite de François Hollande en juillet 2015 au Cameroun, le renseignement a été au centre des discussions avec son homologue Paul Biya. Et alors que dans la soirée du 13 novembre dernier, les attentats se succèdent à Paris, Bernard Bajolet, est discrètement reçu au Palais de l'Unité à Yaoundé par le président Biya , considéré comme un allié sûr contre le terrorisme. Pour que cet échange de renseignements soit effectif, le président doit d'abord formellement en aviser ses responsables des services de renseignements.