Mort de Ben Laden : le calvaire du médecin qui a aidé la CIA à le localiser

“Je n’ai aucun espoir de le voir, je n’attends plus rien de la justice.” Ce cri du cœur est celui de Jamil Afridi, le frère du médecin pakistanais qui a aidé la CIA à localiser Oussama Ben Laden, en 2011, dans des conditions aussi rocambolesques que contestées.

Depuis cinq ans, Shakeel Afridi, un chirurgien réputé de la région tribale de Khyber (nord-ouest) croupit en prison après avoir été condamné à 33 ans de réclusion, une peine réduite par la suite à 23 ans. Il a été arrêté peu après le raid d’un commando américain contre une maison située à Abbottabad, où les services américains avaient acquis la certitude qu’elle abritait l’homme le plus recherché au monde. Le médecin a été jugé pour ses liens présumés avec des extrémistes, une accusation largement considérée comme fantaisiste et masquant la volonté des autorités pakistanaises de punir son appui secret aux services américains.

Shakeel Afridi gardé à l’isolement

 

 

Comme il l’a lui-même confirmé lors d’une interview à la chaîne américaine Fox News en 2012, Shakeel Afridi a participé à l’opération américaine après avoir été contacté par la CIA dans des conditions qui restent floues à ce jour. Il avait alors comme mission d’organiser une fausse campagne de vaccination contre l’hépatite C afin de prélever secrètement l’ADN d’enfants de Ben Laden pour s’assurer que le chef d’Al-Qaida se trouvait bien dans la vaste maison d’Abbottabad. La CIA disposant de l’ADN de la sœur de Ben Laden, décédée en 2010 sur le territoire américain les hommes de Langley pouvaient ainsi s’assurer de la présence de la famille du terroriste. Peu après, le 2 mai 2011, le commanditaire des attentats du 11 septembre était abattu lors d’un raid secret d’une unité d’élite américaine mené de nuit contre la résidence d’Abbottabad.

Le Dr Afridi s’est défendu d’avoir été informé du but de l’opération mise sur pied par la CIA, affirmant par ailleurs avoir refusé de fuir le Pakistan quand cela lui a été demandé. Aujourd’hui, le chirurgien âgé d’une cinquantaine d’années est détenu à l’isolement mais sa vie reste menacée, selon son avocat Qamar Nadeem, citée par l’AFP, privé de voir son client depuis deux ans. Ce dernier est le second avocat de Shakeel Afridi qui a perdu son premier conseil, tué par les Talibans lors d’une visite au Pakistan en 2015 après avoir fui le pays sous la menace des insurgés. Pour Me Nadeem, son client ne peut guère espérer se tirer d’affaire sans pression des Etats-Unis. “Mais jusqu’ici ils n’ont pas fait preuve de soutien”, regrette-t-il.

Facebook Comments
- Publicité -

Plus populaires

Une secte est un groupe de personnes qui adhèrent à une...
Officiellement dénommé Carrefour Nelson Mandela, ce coin de la ville de ...

Autres actualités

Le Royaume-Uni envisage de payer les demandeurs d’asile pour leur déportation au Rwanda (Al...

Les plans sont distincts du projet de loi sur le Rwanda, un plan bloqué visant à expulser de force la plupart...

Gabon – Qui a enlevé et séquestré les leaders syndicaux Alain Mouagouadi et Thierry...

Au Gabon, Alain Mouagouadi et Thierry Nkoulou, deux leaders syndicaux, ont été enlevés et séquestrés pendant près de deux jours...

Sénégal : Libération de Ousmane Sonko et Diomaye Faye à 10 jours de la...

Abubakr Diallo Après 8 mois passés en détention, le leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, a été...

Proche-orient : Chef du Fatah emprisonné, Marwan Barghouti, en passe de devenir président de...

La possibilité qu'Israël libère des prisonniers en échange de la libération d'otages par le Hamas a propulsé Marwan Al-Barghouti, chef du mouvement...

Présidentielle (piégée) au Sénégal : Et si Macky Sall n’avait pas dit son dernier...

Théophile KouamouoAu Sénégal, Macky Sall a-t-il lâché l’affaire ? Le président sortant a annoncé que le premier tour de la présidentielle à...
- Publicité -
Facebook Comments
WordPress » Erreur

Il y a eu une erreur critique sur ce site.

En apprendre plus sur le débogage de WordPress.