Relativement stable politiquement depuis 1995, la Tanzanie organise sa troisième présidentielle. En 2005, Kiwete avait été élu, à 60 ans, par plus de 80% des voix. Cette fois encore, il part archi-favori, mais les derniers sondages montrent que son avance se réduit, au point de faire remonter le suspense.
Le principal adversaire de Kikwete, le candidat du parti d’opposition Chadema, Willibrod Slaa, a exhorté les électeurs à lui donner l’opportunité de s’attaquer à la corruption et d’améliorer la santé et l’éducation dans un pays o la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour.
“Les options sont claires : soit vous votez pour le statu quo pour les cinq prochaines années, soit pour le changement qui permettrait de repartir de zéro et d’aller de l’avant”, a déclaré Slaa, prêtre catholique défroqué de 62 ans, samedi. “Notre pays est sur la mauvaise voie”, a-t-il ajouté.
Politicien chevronné, Kikwete peut se targuer d’avoir mis en oeuvre des politiques économiques cohérentes et d’avoir maintenu la croissance. Ses détracteurs lui reprochent de ne pas avoir réussi à éradiquer la corruption et de n’avoir pas su faire profiter les citoyens des bénéfices d’une économie saine.
Le parti au pouvoir omniprésent dans les médias
L’inquiétude soulevée par la corruption et la faible gouvernance a incité les donateurs à réduire leur aide au développement à la Tanzanie. Kikwete s’est engagé à s’attaquer à ces deux fléaux et a fait le tour du pays pour assister à des milliers de rassemblements organisés par son parti Chama Cha Mapinduzi (CCM).
Le CCM a dépensé pour la campagne électorale dix fois plus que l’ensemble du budget des partis de l’opposition, ce qui a permis au parti au pouvoir d’être omniprésent dans les médias.
Si les précédentes élections se sont déroulées dans le calme, la police antiémeute patrouillait néanmoins dans les rues du pays samedi, selon des images diffusées par les chanes de télévision.
De nombreux policiers ont été déployés dans certains des 52.000 bureaux de vote du pays pour surveiller les bulletins.
Un nouveau système de vote électronique, semblable à celui utilisé au Kenya lors d’un référendum du mois d’aot, a été mis en place. Il n’est toutefois pas certain qu’il soit utilisé après l’échec, selon l’opposition, des tests effectués la semaine dernière.