La Libye accuse Paris de «violation» du territoire

La présence française est «une violation du territoire libyen», a déclaré le GNA dans un message sur son compte Facebook, estimant que rien ne «justifie une intervention» étrangère sans qu’il en soit informé.

Le GNA s’est dit «mécontent de l’annonce du gouvernement français concernant la présence française dans l’est de la Libye».

Des centaines de personnes ont manifesté mercredi dans plusieurs villes de Libye pour protester contre la présence militaire française. Des rassemblements ont notamment été organisés dans la capitale Tripoli mais aussi à Misrata (à 200 km à l’est de Tripoli), selon un photographe de l’AFP et une télévision libyenne. 

 

«Instabilité dangereuse»

Mercredi matin, Paris a annoncé que trois soldats français étaient morts en Libye.

«La Libye connaît une instabilité dangereuse. C’est à quelques centaines de kilomètres seulement des côtes européennes. Et en ce moment même, nous menons des opérations périlleuses de renseignement» dans ce pays, a déclaré le président François Hollande. «Trois de nos soldats qui étaient justement dans ces opérations viennent de perdre la vie dans le cadre d’un accident d’hélicoptère», a-t-il dit.

Selon des sources libyennes, l’appareil aurait été pris pour cible dimanche par des islamistes équipés de systèmes sol-air portatifs de type SA-7. Les militaires français ont «probablement été visés par des groupes islamistes dans le secteur de Magroun, à environ 65 kilomètres à l’ouest de Benghazi» (est), a déclaré un commandant relevant des forces du général Khalifa Haftar, basé dans l’est de la Libye.

Dans un contexte volatile, les États-Unis ont envoyé quelques forces spéciales en Libye afin de mieux connaître le terrain et identifier les différentes forces en présence. Leur rôle reste cantonné au renseignement, assure le Pentagone.

Des médias britanniques ont aussi évoqué la présence de forces spéciales du Royaume-Uni en Libye.

La France reconnaissait jusqu’ici que ses avions militaires survolaient le pays – ils l’ont notamment fait à partir du porte-avions Charles de Gaulle – pour collecter du renseignement sur les positions du groupe jihadiste État islamique (EI).

Elle n’avait en revanche jamais confirmé de présence militaire au sol – forces spéciales et/ou agents du Service action du Renseignement extérieur (DGSE), opérant dans la clandestinité.

«Conseillers»

Un membre des forces spéciales du général Khalifa Haftar a affirmé à l’AFP que les soldats français tués étaient des «conseillers».

Les combattants qui ont visé l’hélicoptère M17 «essaient de nous attaquer depuis l’ouest de Benghazi afin de pénétrer dans la ville et d’y stopper notre avancée», a ajouté un autre commandant opérant sous les ordres du général Haftar.

Ce dernier, chef proclamé de l’Armée nationale libyenne (ANL), s’est posé en héraut de la lutte contre les islamistes – dont le groupe État islamique – à Benghazi, principale ville de l’est du pays, avec un succès mitigé.

Il s’oppose en outre toujours à l’autorité du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), soutenu par les Occidentaux et installé depuis fin mars à Tripoli, et est resté loyal aux autorités parallèles qui siègent dans l’est du pays.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est livrée aux milices armées et minée par des luttes de pouvoir et des violences qui ont favorisé la montée en puissance des jihadistes de l’EI.

Les Européens s’inquiètent de cette menace directe au sud de la Méditerranée, même si l’EI est sous la pression des forces du gouvernement d’union nationale dans son fief de Syrte (centre-nord).

Le groupe, qui cherche à étendre son influence au-delà de la Syrie et de l’Irak, où il est sur la défensive, compterait 1000 à 1500 combattants en Libye, selon une source sécuritaire française, soit beaucoup moins que les 3000 à 5000 évoqués jusqu’ici.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, redoute toutefois, selon un document confidentiel consulté par l’AFP, que des cellules de l’EI, chassées de leur fief de Syrte, ne s’implantent ailleurs en Libye ou en Afrique du nord.

Les États-Unis et leurs alliés européens veulent éviter tout engagement formel en Libye tant que le gouvernement d’union nationale n’en fait pas la demande, l’opinion publique libyenne restant farouchement opposée à une nouvelle intervention étrangère.

Le chef de ce gouvernement, Fayez al-Sarraj, a toutefois reconnu fin juin dans un entretien à l’AFP que ses forces recevaient de l’aide étrangère en «expertise et logistique». Elles pourraient notamment être assistées pour la localisation et le ciblage de combattants de l’EI.

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