Dans les textes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), à peine trois lignes sont consacrées à l’élection du président national du parti.L’article 19 de ces textes dispose : « Le congrès élit le président national du parti ». En outre, l’article 54 alinéas 1 ajoute : « Au cours d’une séance plénière à huis clos, le congrès procède à l’élection du Président national ». La lecture de ces articles ne permet pas d’avoir une lisibilité sur les conditions de candidatures et le mode de déroulement du scrutin. D’ailleurs, le parti du
président Biya choisit le « huis clos » pour procéder à l’élection.
Précédents fâcheux
Ceux des militants qui ont essayé de briguer la présidence du parti ont fait face au rouleau compresseur de la « hiérarchie ». Le 14 juillet 2006, lorsque Tobie Ndi, militant du Rdpc décide de porter sa candidature à la présidence de la structure politique, il créé la « panique » au palais des congrès de Yaoundé, siège du comité central. « Je ne peux pas apposer le cachet » lui répond le responsable du bureau du courrier. « Au palais des congrès, presque tout le monde avait peur pour lui sans oser lui dire. Très peu de personnes l’approchaient comme pour éviter d’être indexés. Les plus positifs lui avaient conseillé de retirer sa candidature », révèle Charles Ateba Eyene.
Tobie Ndi sera même auditionné par les services de renseignement. « Il fallait à chaque audition chez un barbouze revenir sur les mêmes choses, notamment, les mobiles de ma candidature et mes probables compagnons de route », témoigne-t-il. Même si, 2 jours avant l’élection, le secrétaire général du parti de l’époque, Joseph Charles Doumba, accepte sa candidature, il n’aura pas l’occasion de challenger Paul Biya. Il est convoqué à une réunion où les consignes sont claires : voter pour le président national en exercice. D’ailleurs, en lieu et place d’une élection, la commission de politique générale sélectionne la candidature du président Biya et ce choix sera simplement « entériné » en séance plénière.
L’épisode Mila Assouté
Ancien membre du comité central du Rdpc, Mila Assouté lance, avec plusieurs camarades, le « courant des modernistes » au sein du parti. S’il rallie plusieurs militants à sa cause, son mouvement se fissure quand il décide de dénoncer « la candidature perpétuelle » de Paul Biya aux élections. Il affirme alors avoir été victime d’une terrible répression. « Il faut savoir que j’ai échappé à une tentative d’assassinat à mon domicile à Yaoundé. Les impacts de balles y sont toujours visibles. [..] Les intimidations étaient légion après m’avoir demandé vainement que j’arrête le mouvement par diverses personnalités interposées [..] Il y avait alternance entre menaces et promesses d’être ministre bientôt si je laissais tomber. M. Philippe Mbarga Mboa, alors ministre chargé des Missions à la présidence m’avait fait venir à son domicile pour me dire que le président Biya l’a chargé de me demander d’arrêter le courant des modernistes ou d’aller créer mon parti si je n’étais pas d’accord ».
Comme Mila Assouté et Tobie Ndi, le courage de démontrer des idées contradictoires et surtout, de projeter d’affronter Paul Biya en duel pour le contrôle du parti semble être un sacrilège.La succession du président de ce parti au pouvoir étant une question presque taboue.