André Ntela Tayeye, 53 ans et père de deux enfants, souhaite être élu président de ce pays d'Afrique lors de l'élection prévue le 27 novembre.
«Deux jours après sa conférence de presse, André a dû subir une inspection générale de la police judiciaire du Congo. Il a subi trois heures d'interrogatoire et ensuite on l'a mis au cachot. Il y est toujours», a dit André Nkazzonnyi, vice-président du mouvement citoyen La lumière de changement du Congo, fondé par André Ntela Tayeye.
André Ntela Tayeye a reçu un diplôme en Belgique avant d'aboutir à l'École Polytechnique de Montréal, où il a été diplômé en 1999. Il travaille au ministère des Transports depuis 2002. Il est retourné au Congo en juin pour mener sa campagne électorale.
Le ministère des Affaires étrangères a dit être au courant de la situation, mais n'a pu dire ce qui était fait actuellement pour faire libérer M. Ntela Tayeye.
«Il a été arrêté à cause de ses actions politiques. C'est comme ça que ça se passe là-bas. Dès qu'il y a des idées contraires, on te met en prison», a dit André Nkazzonnyi.
M. Ntela Tayeye est suivi par plus de 4500 personnes sur Facebook. Il n'hésite d'ailleurs pas à militer pour un changement à la tête du pays.
« Ça choque »
«Ça choque quand on arrête quelqu'un en raison de son expression et en raison de sa dynamique qui prône un vent de changement», a commenté Placide Mubalama, le président de la communauté congolaise du Canada, section Ottawa-Gatineau.
L'homme, qui dit avoir eu un «appel», a fondé son propre mouvement politique afin de rassembler les Congolais. Sur sa page Facebook, plusieurs traitent M. Ntela Tayeye de «malade».
«Depuis des siècles, le peuple congolais se questionne sur le malheur dans lequel notre pays est plongé: un pays immensément riche en ressources naturelles et humaines alors que la population vit dans une pauvreté absolue», écrit M. Ntela Tayeye.
Ses proches le considèrent comme un revendicateur et un homme d'idées, et certains n'hésitent pas à le décrire comme téméraire.
La conjointe d'André Ntela Tayeye, qui est toujours à Gatineau, dit ne plus dormir depuis l'arrestation de son mari. «Mon état d'esprit n'est plus en place. J'attends toujours un appel pour avoir des réponses. Je suis dans un état de panique», confie Nadine Nzeba Kinyungwe.
«Je ne sais toujours pas pourquoi il a été arrêté. Je n'ai pas de réponse», ajoute-t-elle. Elle a entrepris des démarches auprès du gouvernement canadien.
UNE ÉLECTION SOUS HAUTE SURVEILLANCE
L'élection présidentielle en République démocratique du Congo est sous haute surveillance internationale, alors que de nombreux opposants au président Joseph Kabila ont été arrêtés dans les dernières semaines.
Selon la Constitution du pays, Kabila doit quitter son poste en décembre puisqu'il ne peut briguer un troisième mandat.
Obama commente
Mais les indices montrant qu'il souhaite s'accrocher au pouvoir et retarder la tenue de l'élection se multiplient. Selon le magazine Jeune Afrique, c'est ce qui aurait poussé le président américain Barack Obama à demander le 28 juin dernier «un premier passage du pouvoir pacifique et démocratique en RDC».
Récemment, la Cour constitutionnelle a indiqué que Kabila pourra demeurer au pouvoir jusqu'à l'élection d'un nouveau président, ce qui a accentué les tensions entre le président et l'opposition, qui croit que l'élection sera reportée.
Joseph Kabila a pris le pouvoir en 2001, après l'assassinat de son père, Laurent Désiré-Kabila. Il a été réélu en 2006 et en 2011, mais le résultat des élections a chaque fois été contesté par l'opposition.
Opposition
En janvier, des manifestations organisées par l'opposition ont dégénéré et ont fait entre 14 et 40 morts, selon Radio France Internationale,
En mai, plusieurs milliers d'opposants ont également manifesté contre le possible report de l'élection et le fait que M. Kabila puisse rester au pouvoir plus longtemps. Ces manifestations ont fait deux morts.