Pourquoi la France s’oppose à la base militaire africaine au Cameroun

Les ministres africains de la Défense ont officiellement annoncé la création d’une force de défense continentale. La décision prise le 07 décembre 2010 à Addis-Abeba entend faire de la ville de Douala la future base de la force d’intervention de l’Union africaine. La base logistique de la force africaine constitue, à en croire le ministre camerounais des Affaires étrangères, « une étape déterminante dans le processus devant permettre à l’Afrique de disposer d’une réelle autonomie et d’une plus grande efficience dans les domaines du maintien de la paix et de la résolution des conflits. » Des facteurs qui, à en croire la même source, «  constituent l’un des principaux freins au développement global de notre continent. » ainsi, la décision prise par le comité technique spécialisé de l’Union africaine pour la Défense , la sûreté et la sécurité à Addis-Abeba, fait du Cameroun « le socle de la charnière centrale des opérations de soutien à la paix en Afrique » autant qu’elle nourrit le rêve de s’émanciper des Accords militaires bilatéraux entre les Etats du continents et les anciennes puissances coloniales. Une ambition qui achoppe sur les atermoiements de la France à se défaire de sa tutelle militaire en Afrique.

C’est le centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (Cirpes) qui apporte des éléments de compréhension de la résistance française. Ben Cramer, expert dans cette institution croit savoir que, «revoir à la baisse le rôle de gendarme est une tendance lourde, avec ou sans opération « Epervier », et ce depuis la réforme de 1998. Reste à scénariser le recyclage de forces – 58.500 soldats sillonnaient le continent dans les années 60, 11.000 aujourd’hui – car multiplier et légitimer l’ingérence – sous-prétexte de « non indifférence » est un luxe que Paris ne peut s’offrir sans vision stratégique bien définie.» une situation qui, a priori laisse entrevoir nombres d’options dont la plus envisageable selon cette expert demeure « le redéploiement des forces militaires sur le continent et l’ouverture par la France du pré-carré à l’Europe et autres puissances internationale ». Toute chose qui passe par une redéfinition des rôles des principaux acteurs dans la gestion des accords militaires entre le continent et le reste du monde.

C’est dans cette optique que Paris envisage d’européaniser sa politique militaire africaine mais surtout, la nouvelle stratégie française porte sur un rapprochement avec les Etats-Unis. « Histoire aussi de limiter les coûts et de se donner bonne conscience » sous la bannière du programme de renforcement des capacités africaines pour le maintien de la paix (Recamp) et la mise sur pied des « brigades sous-régionales de paix » accolées à la force de l’Union africaine. Une situation qui ferait des bases françaises, officiellement, « des centres de soutien » dédiées à l’entrainement des troupes africaines et à la fourniture du matériel militaire.

Recamp

Officiellement mis sur pied pour répondre au souci des pays africains de gérer eux même leur sécurité, le programme de renforcement des capacités africaines pour le maintien de la paix enclenché par la France , avec le soutien des Etats-Unis et de la Grande Bretagne participe de la réorientation de la coopération militaire en Afrique. Une initiative dont l’objectif est de favoriser le multilatéralisme des actions militaires sur le continent tout en préservant le rôle de « contributeur et de donateur » de la France dans le fonctionnement de la force africaine en gestation.

Officiellement, « Il s’agit là d’un engagement nouveau de la France en Afrique, soucieuse de la sécurité du continent, mais respectueuse de la liberté de décision de ses Etats, et de l’indépendance d’action de leurs forces armées. » Toutefois, loin de placer son action sous le contrôle des gouvernements du continent, le Recamp place son action sous l’égide de l’Onu. Un contraste lorsque l’on sait que le Recamp vise à « accroître les capacités militaires des pays africains à conduire, lorsqu’ils le désirent, des actions de maintien de la paix. » Mais aussi, le programme financé par la France entend contribuer « au renforcement des organisations sous-régionales africaines en matière de sécurité, en participant au développement d’un climat de confiance mutuelle. »

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