Pendant plusieurs minutes, il a été soumis à un interrogatoire. Il devait, nous indique notre source, expliquer les mobiles qui sous-tendaient sa décision de s’immoler et/ou de se suicider à la prison de Douala avant la présidentielle de 2011. Après l’avoir écouté, celui-ci lui a posé la question de savoir pourquoi l’ex-maire de Njombé/Penja a choisi l’approche de l’élection présidentielle pour dire sa détermination à vouloir s’immoler. En réaction à cette question, Paul Eric Kingué a relevé que celle-ci découle de ce que ses incessants cris de détresse pour exiger une justice équitable n’ont pas toujours été entendus. Et pour terminer, son interlocuteur de la direction générale de la recherche extérieure étonné de cette démarche alors même que la cause du concerné est en appel.
Il faut relever que c’est relativement à une décision de justice rendue au Tgi de Nkongsamba le condamnant à 10 ans d’emprisonnement ferme dans une affaire de détournement l’opposant à sa commune que le « détenu politique » a adressé des correspondances au ministre de la justice et aux Chancelleries étrangères accréditées au Cameroun pour leur signifier sa décision de mettre un terme à sa vie. Lesdites correspondances qui portent la mention « très urgent » et dont nos avons eu copies datent du mercredi 19 janvier 2011. En objet, il y est écrit : Votre information sur ma décision de m’immoler et/ou de me suicider à la prison centrale de New-Bell avant les présidentielles de 2011 pour persécution judiciaire et jugement juridiquement non fondé. « J’ai l’honneur de vous informer de ma détermination à m’immoler ou à me suicider dans les tous prochains mois et en tout cas, avant les présidentielles de 2011, si la justice de mon pays continue à m’être prohibée comme c’est le cas en ce moment » lit-on.
A souligner également qu’alors qu’il venait d’être interpellé pour les émeutes de février 2008, le parquet du Moungo ouvrait une nouvelle procédure contre Paul Eric Kinguè pour “détournement et faux en écriture publique”. Il lui était donc reproché d’avoir détourné la somme de un million quatre cent mille (1.400.000) francs CFA d’une part et d’autre part, d’avoir « imité » la signature du Préfet du Moungo à l’époque des faits. Se défendant, Paul Eric Kinguè demandait qu’il lui soit présenté la moindre pièce prouvant le détournement allégué. Il n’avait alors eu pour seule réponse que la présentation d’une décision qu’il avait prise pendant qu’il était en fonction, et un mandat de paiement consécutif à cette décision.