“Ingérence d’un Etat étranger” dans la campagne présidentielle française. Depuis ces déclarations de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron, tous les regards se tournent vers la Russie. Seulement, les Etats-Unis s’intéressent aussi à la géopolitique, et à la France. Ou du moins s’y intéressait en 2012.
C’est ce que révèle “Libération”, vendredi 17 février, qui publie un document obtenu par WikiLeaks montrant que l’agence de renseignement CIA a espionné la France et les candidats à la présidentielle de 2012.
DSK, Sarkozy, Aubry, Hollande et Le Pen espionnés
Concrètement, son centre d’analyse pour l’Europe (dit “OREA”) a obtenu toute information au sujet des “interactions entre Sarkozy et ses conseillers”, mais aussi les “principales sources de financement” des différents candidats, ou encore de “tout schisme ou alliance se développant au sein de l'élite de l’UMP et leurs raisons”.
Estimant que “l’Union pour un mouvement populaire (UMP), le parti au pouvoir, n’est pas certaine de remporter l'élection présidentielle”, les analystes de la CIA réclamaient des “éléments essentiels d’information” (censés permettre “une prise de décision en temps opportun se rapportant à des cibles, forces ou puissances étrangères”) et des “informations additionnelles” sur la stratégie électorale du PS, du FN, de l'UMP, de “Dominique Strauss-Kahn(DSK)”, Nicolas Sarkozy, Martine Aubry, François Hollande et Marine Le Pen.
Objectif : permettre à ses analystes “d’évaluer le paysage politique français post-électoral et l’impact potentiel sur les relations Etats-Unis-France, et aux principaux décideurs américains de s’y préparer”.
Ce n’est pas la première fois que l’on apprend que les Etats-Unis ont espionné la politique française. A la mi-2015, des documents confidentiels révélés déjà par WikiLeaks montraient que l’agence de renseignement NSA a mis sur écoute au moins trois présidents français – Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande -, parmi un listing de 51 responsables français écoutés.
“Points de vue et opinions sur les Etats-Unis”
Dans le cas de l’espionnage de la CIA en 2012, “Libération” explique qu’il s’agissait de connaître le “plan stratégique électoral des partis politiques et candidats de l’opposition”, en particulier “les chefs de partis émergents, les partis ou mouvements politiques nouveaux, et les candidats présidentiels émergents”.
L’idée était vraiment d’appréhender les soutiens politiques ou économiques, les “points de vue et opinions sur les Etats-Unis”, mais aussi les “tentatives de joindre des dirigeants d'autres pays”, notamment l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Libye, Israël, la Palestine, la Syrie et la Côte-d’Ivoire.
Le document de WikiLeaks précise ainsi qu’une collecte de données a été autorisée entre le 21 novembre 2011 et le 31 juillet 2012, c’est-à-dire potentiellement la mise sur écoute des candidats et politiques impliqués dans l’élection présidentielle d’alors.