Des militants actifs sur le web ont organisé ce « jour de colère » pour protester contre la répression politique et la pauvreté dans laquelle ils se sentent confinés par le régime Moubarak. Des dizaines de milliers de personnes ont indiqué qu’elles allaient participer au mouvement sur une page Facebook créée par les cyberdissidents.
Ces démonstrations sont rares en Égypte, où le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 30 ans, tolère peu la dissidence.
Au Caire, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le palais de justice en scandant « À bas Moubarak! », selon des témoins, avant de déambuler sur une importante artère de la capitale.
Une série d’affrontements violents a éclaté entre policiers et protestataires dans la capitale, notamment devant le parlement, où les manifestants ont lancé des pierres aux forces de l’ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau. Des témoins ont évoqué d’autres échauffourées dans au moins deux autres quartiers du Caire.
En province, des manifestations ont également été rapportées à Ismaïlia, dans le nord du Sinaï, à Suez et à Alexandrie et à Mahalla el Koubra.
À Ismaïlia, des témoins ont entendu les protestataires marteler « Où es-tu, liberté? » et « Gamal, dis à ton père que les Égyptiens te haïssent », faisant référence au fils du président, considéré par la foule comme son éventuel successeur.
Le ministère de l’Intérieur avait prévenu qu’il allait réagir fermement aux démonstrations publiques, ne tolérant que de brefs attroupements, mais au Caire, un policier a indiqué que les forces de l’ordre avaient reçu l’instruction d’éviter les affrontements dans la mesure du possible.
L’Égypte est aux prises avec plusieurs des problèmes sociaux et politiques qui ont provoqué des troubles en Tunisie : hausse des prix des aliments, chômage élevé et corruption des autorités.
La semaine dernière, plusieurs Égyptiens se sont immolés par le feu, à l’instar du jeune Tunisien dont le geste de désespoir a déclenché la révolte à Tunis.
La secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a appelé toutes les parties à exercer la retenue. Elle a estimé que le gouvernement égyptien, allié des États-Unis dans la région, était « stable » et cherchait à répondre aux aspirations de son peuple.
La grogne exprimée en Tunisie a également gagné d’autres pays arabes, où ont eu lieu d’autres manifestations, notamment en Jordanie.