Yannick Noah: “Après l’Egypte…,j’ai peur pour le Cameroun”

Yannick Noah est (un peu) malade. Deux heures avant de monter sur la scène du Zénith de Toulon, la semaine dernière, il soigne un début de rhume. La grande salle, comme partout ailleurs en France, sera pleine. Devant les grilles, les premiers fans attendent l’ouverture des portes. Avant le concert, il recevra, comme souvent, des enfants handicapés venus l’applaudir. Mais, pour l’instant, il répond aux questions de La Provence.

– Vous serez au Dôme de Marseille les 11 et 12 février (aujourd’hui et demain). Pouvez-vous nous parler du show que verront les spectateurs marseillais ?
Yannick Noah : D’un spectacle à l’autre, on essaie d’évoluer. Il y a forcément un nouveau décor, des nouvelles lumières, de nouvelles chansons comme Angela. Le spectacle est dans la lignée du dernier album, Sans frontières, un peu plus percutant, avec deux morceaux d’inspiration funk. Mais ça reste un spectacle de deux heures et demie, avec mes anciennes chansons, nos “cartouches”, nos valeurs sûres, comme Saga Africa, entre autres. Ça fait trois semaines qu’on est sur la route et on commence a être bien rodés.

– Qu’est-ce qui est le plus dur ? L’avant-concert ou l’avant-finale de Roland-Garros ?
Y.N. : Attendre le concert, c’est pas le meilleur moment de la journée. Une demi-heure avant, je suis à prendre avec des pincettes. J’ai hâte d’être sur scène. Mais avant un match de tennis, je n’avais pas du tout envie d’y aller. Le tennis, c’est la bagarre. Il y en a un des deux qui va finir KO. C’est terrible de perdre. La finale, j’avais envie de la jouer, mais pas mal la trouille aussi. C’était le moment le plus important de ma carrière.

– “Angela”, c’est un hommage à Angela Davis, la militante de la fin des années soixante. C’est un personnage dont vous vous sentez proche ?
Y.N. : Angela Davis, Kennedy, Martin Luther King, les Black panthers, les athlètes au poing levé sur le podium de Mexico, ce sont des visages qui ont marqué mon enfance. C’était une Amérique qui bougeait dans un monde en mouvement. Même si on voyait ça de loin. Et puis, 40 ans après, il y a une boucle qui s’est refermée avec l’élection de Barack Obama. Ces gens-là ont ouvert la voie. Je voulais les mettre en lumière.

– Le disque est un peu plus politique au sens large du terme, plus engagé, tout en restant fun…
Y.N. : C’est vrai, il y a des textes plus musclés. Dans l’album précédent, j’ai parlé un peu d’écologie. Cette fois-ci, on parle des sans-papiers, de nos consciences. Ce sont des choses que j’avais envie de dire à travers la musique. Jusqu’à présent, en tant qu’artiste, je ne me sentais pas prêt. Mais là, c’est venu naturellement. Le timing est souvent important. Il ne faut pas parler trop tôt ou trop tard. Il y a un moment où tout devient logique. On a fait une tournée dans les prisons lorsqu’on défendait la chanson Angela. Et Angela Davis s’occupe maintenant d’une association qui a pour but de supprimer les prisons.

– Lorsque vous regardez ce qui se passe en Afrique, les événements en Tunisie, en Côte d’Ivoire ou en Égypte, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Y.N. : Moi, j’ai un peu peur pour le Cameroun. Quand je compare avec la Côte d’Ivoire, qui a longtemps été notre modèle, je suis inquiet. Le Cameroun semble stable, avec le même président depuis longtemps, mais ça reste fragile. Mais quand la rue se soulève pour la liberté, c’est stimulant pour tout le monde.

– Vous êtes la personnalité préférée des Français. Est-ce que vous avez envie de vous servir de cette popularité pour vous engager politiquement ?
Y.N. : Être la personnalité préférée, ça ne veut pas dire que tout le monde m’aime. Il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas me “saquer”. Notamment parmi les électeurs du Front national. Ma popularité, je la mets plutôt au service de causes humanitaires. Moi, aujourd’hui, je me sens exactement là où j’ai envie d’être. Je me sens libre. J’ai droit à la parole et j’essaie de ne pas en abuser. À travers ma musique, je touche beaucoup de gens. Je m’investis sur le plan humanitaire avec des associations et ça me plaît beaucoup.

– Sur votre site, il y a une vidéo à New York dans laquelle un homme vous dit : “Vous ne seriez pas le père de Joakim Noah ?”.
Y.N. : Ça arrive souvent aux États-Unis. Joakim y est plus connu que moi. On a toujours peur d’écraser son môme, surtout que c’est la troisième génération de sportif de haut niveau. Heureusement, instinctivement, inconsciemment, je n’ai pas choisi le foot comme mon père. Et Yoakim n’a pas fait de tennis. Il se débrouille plutôt bien, le pépère.

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