Caméra de vidéosurveillance à Yaoundé
Depuis la fin de la semaine dernière des caméras de vidéosurveillance ont été installées dans la ville camerounaise de Bamenda, chef-lieu de la région frondeuse du Nord-Ouest.
De sources officielles, Cameroonvoice apprend que « ce déploiement est en fait le début de l'implémentation d'un projet sécuritaire mis sur pied depuis 2014 ».
Le président camerounais, Paul Biya, a signé à cet effet en juin dernier, un décret autorisant le ministre de l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire, Louis Paul Motaze, à contracter auprès de la Bank of China un emprunt commercial d’un montant de 45,9 milliards FCFA destinés au financement de la phase I du projet d’extension au plan national, du système intelligent de vidéosurveillance urbaine.
La phase pilote du projet prévoyait l'installation de 1500 caméras et relais de communication dans les chefs-lieux des 10 régions ainsi que dans 7 zones frontalières stratégiques, dont celles qui qui sépare le Cameroun du Tchad et du Nigeria à partir de la région de l'Extrême-Nord qui subit fréquemment les assauts de la secte terroriste Boko Haram.
Le 07 août 2014, quelque 70 caméras de quatre types (certaines ayant une portée de cinq kilomètres) avaient été installées à travers les localités-pilotes du projet (Douala, Yaoundé, Kyé-Osi, Kousséri, Waza et Garoua-Boulaï) pour la fourniture d'images à utiliser de façon active ou passive.
C’est donc en application d'un projet sécuritaire national que ces appareils sont été installés dans Bamenda depuis la semaine dernière, à en croire les autorités dont l'avis tranche avec celui répandu dans la ville où les populations, échaudées par la brutale répression des revendications … anglophones, pensent -pas forcément à tort- que leur ville, et partant l'ensemble de leur région, est visée avec une intention très hostile par le gouvernement qui veut ainsi les mettre sous surveillance.
« Pourquoi c'est par Bamenda que leur “phase pilote” commence, et ce au lendemain de l'arrestation à Mbengwi de certains natifs natifs du Nord-Ouest accusés de posséder des armes de guerre et de disposer de matériels de fabrications d'explosifs ? » interroge un natif de Bamenda résidant à Douala, la métropole économique du Cameroun.
Pour lui, « même si cette œuvre d'espionnage vise tous les Camerounais, étant entendu que la perspective d'une autre candidature de Paul Biya à l'élection présidentielle de 2018 fait du Cameroun un pays assis sur un volcan, il est clair que le régime veut d'abord neutraliser Bamenda qui est un bastion incontestable de l'opposition ».
CQFD, au regard des “résultats” enregistrés par Paul Biya et sa formation politique –le RDPC- à l'issue des dernières élections (présidentielle de2011, sénatoriales, législatives et municipales de 2013). Des résultats qui prouvent que malgré toutes les misères que lui fait le régime, le “bastion incontestable de l'opposition” n'est pas aussi constant que cela. Comme le reste du Cameroun d'ailleurs, où il est plus facile de vendre son âme à l'encan, que d'endurer une privation, même passagère, pour défendre jusqu'au bout une cause.