Maroc : “le peuple veut le changement”

Plusieurs centaines de personnes ont commencé à se rassembler à Casablanca et à Rabat pour participer à des manifestations pacifiques prévues ce dimanche 20 février dans plusieurs villes marocaines afin de réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi. “Liberté, dignité, justice”, scandaient des manifestants, tandis que des groupes de gauche demandaient “moins de pouvoirs à la monarchie”. “Le roi doit régner et non gouverner” ou “le peuple veut une nouvelle Constitution”, proclamaient des banderoles. A Rabat, plus de 2.000 personnes, 4.000 selon l’un des organisateurs, manifestaient en scandant: “le peuple veut le changement”.

La “manifestation du 20 février”
 
Dans la foulée des événements de Tunisie et d’Egypte, de jeunes Marocains avaient lancé sur Facebook le mouvement “du 20 février”, appelant à manifester pacifiquement pour réclamer une nouvelle Constitution limitant les pouvoirs du roi et plus de justice sociale. L’appel a rapidement rassemblé des milliers de sympathisants.

Mais, à la veille de la manifestation, l’un des jeunes à l’origine de l’appel et deux autres signataires ont annoncé leur retrait de la manifestation, invoquant des divergences “idéologiques” avec une formation islamiste et des groupes de gauche.

Les manifestations de dimanche sont le premier mouvement d’ampleur pour réclamer des réformes politiques au Maroc depuis les révoltes en Tunisie puis en Egypte et à présent dans d’autres pays du monde arabe dont la Libye.

“Renforcer l’état de liberté”

Le mouvement islamiste Justice et bienfaisance avait appelé jeudi à participer ce dimanche “pacifiquement” à une manifestation en faveur d’une “large réforme politique”. “Nous appelons à la participation et au soutien de toutes les initiatives visant à renforcer l’état de liberté, de dignité et de justice, notamment les manifestations du 20 février”, affirme un communiqué publié sur le site du mouvement.

“Nous insistons sur la nature pacifique de notre participation et appelons tout le monde à la vigilance contre toutes les tentatives de provocation”, a précisé la jeunesse de Justice et bienfaisance.

Des ONG comme l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et le Forum vérité et justice (FVJ), ainsi que des journalistes “indépendants” ont adhéré jeudi à ce mouvement et appelé à “l’adoption d’une constitution démocratique”.

Un soutien mitigé

Plusieurs personnalités et partis se sont désolidarisé du mouvement. Samedi, l’un des fondateurs de l’Appel du 20 février, Rachid Antid, a décidé de se retirer de cette manifestation “à cause de l’entrée en jeu de certains mouvements avec lesquels ne ne sommes pas d’accord sur le plan idéologique, comme le mouvement islamiste Justice et bienfaisance et certains groupes de l’extrême gauche”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Certains partis, comme l’Istiqlal (le parti du Premier ministre Abbas El Fassi) et le parti islamiste Justice et développement (PJD, opposition représentée au Parlement) se sont ouvertement prononcés contre l’appel à manifester, craignant des “débordements”.

D’autres partis, notamment l’Union socialiste des forces populaires (USFP, coalition gouvernementale) ne se sont pas prononcés, se contentant de réclamer dans leurs organes de presse des “réformes incontournables” (Libération, quotidien de l’USFP).

Sur Facebook, plusieurs groupes “contre la marche du 20 février” et en soutien au roi du Maroc au pouvoir depuis près de 10 ans, Mohammed VI, ce sont constitués.

Selon des analystes, Justice et bienfaisance, un mouvement islamiste interdit mais toléré, est l’un des plus importants du Maroc. D’après le politologue Mohamed Darif, spécialiste de l’islamisme marocain, “pour les autorités (marocaines), les membres de Justice et bienfaisance seraient entre 30.000 et 40.000. Mais les responsables du mouvement islamiste estiment que celui-ci compte près de 200.000 adhérents”.

“Réformes urgentes ou aventure dangereuse”

 
La presse marocaine consacrait samedi une large couverture aux manifestations prévues dimanche dans plusieurs villes du royaume.  “Il ne faut pas avoir peur de la jeunesse du dimanche 20 février. Leur souhait est de voir le drapeau de la liberté et de la dignité flotter sur leurs toits”, écrit l’éditorialiste du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum.

“Ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte nous place aujourd’hui à la croisée des chemins: ou on amorce des réformes urgentes conformément aux normes démocratiques universelles ou on rentre dans une aventure dangereuse”, affirme le quotidien Al Massae (près de 100.000 exemplaires vendus chaque jour).

“Les grands partis et les centrales syndicales qui ont du poids sont contre la marche du 20 février. Seules de petites formations y sont favorables”, indique Al-Alam, le journal du parti de l’Istiqlal.

De son côté, le ministre marocain de la Communication Khalid Naciri a souligné à plusieurs reprises que le Maroc “s’est engagé depuis longtemps dans un processus irréversible de démocratie et d’ouverture de l’espace des libertés”.

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