L’insurrection signée Angélique Kidjo : Confiscation des trésors d’Abomey, vassalisation, “surpopulation” en Afrique, monnaie…

C’est une Angélique Kidjo  très en colère qui s’est exprimée dimanche,  sur les antennes de Tv5 monde – (émission “Internationales”) sur les maux qui minent le continent africain ainsi que le conflit séculier larvé qui oppose une Afrique surexploitée à un occident décidément et irrémédiablement colonialiste.

 Si beaucoup s’attendaient à voir l’ambassadrice de l’Unicef manier la langue de bois comme cela est coutumier chez une certaine élite africaine habituer à ramper langue trainante devant le maître quand celui-ci leur jette un os, en leur donnant l’impression d’en faire des gens importants, alors ils ont été franchement déçus par le ton de la diva béninoise qui, dans un langage ce qu’il y a de terre à terre et compréhensible par tous, a craché à l’occident tout le mal que l’Afrique pense de sa condescendance.

Confiscation des objets royaux d’Abomey = vol de l’âme du Bénin
Parlant justement de condescendance, Angélique Kidjo s’est faite la porte-parole de dizaines de millions d’Africains révoltés par le pillage et la confiscation des statues et objets d’arts africains (béninois en l’occurrence) par la France qui refuse de les rendre au pays propriétaire, sous prétexte que celui-ci serait incapable de les conserver, alors qu’en réalité, c’est parce que l’Hexagone -en mal d’exotisme- qui en a fait son « mobilier » s’en sert à des fins criminelles au musée du Quai Branly où il les a installés : dépouiller le bénin, et partant l’Afrique, de son essence, de son âme !

Pour Angélique Kidjo qui s’est exprimée sans ambages sur la question rien ne peut justifier le fait que la France décide souverainement de garder par devers elle, et de force, des éléments de la mémoire collective et historique d’un peuple ou d’un pays De même, elle considère comme offensant le fait pour la France d’affirmer que l’incendie partiel dont a été victime il y a quelques semaines le musée central d’Abomey au Bénin permet de douter de la capacité de ce pays à gérer son patrimoine culturel. Un peu comme si un incendie, comme cela peut se produire n’importe où et dans n’importe quel pays, enlevait au propriétaire légitime d’un bien son droit de jouir de celui-ci.

En fait, madame Kidjo sait que l’argutie aujourd’hui mise en avant de l’incendie d’une aile du musée d’Abomey pour ne pas rendre au bénin les trésors du roi d’Abomey pillés pendant la colonisation est des plus spécieuses. La vérité que recèle cette attitude de la France n’est que la matérialisation d’une disposition d’esprit bien occidentale qui veut que l’Occident se montre ami de l’Afrique le jour, et se révèle sous sa vraie identité la nuit : celle d’un ennemi, d’un voleur, d’un loup qui s’introduit dans la bergerie et s’y installe, obligeant sa victime à ne pas dévoiler son manège le jour venu, sous peine de graves représailles. Et il y a des siècles que cela dure.

D’ailleurs quelques jours avant l’intervention de l’Ambassadrice de l’Unicef, le belge Julien Volper, conservateur au Musée royal belge de l’Afrique centrale et maître de conférences au Centre d’Anthropologie Culturelle de l’Université Libre de Bruxelles, se fendait –dans les colonnes du journal français Le Figaro, d’une tribune intitulée « Défendons nos musées ! », dans laquelle il s’évertuait à justifier l’injustifiable en des termes révoltants que des Africains ont considérée comme une invite à l’inimitié : « La constitution de collections muséales participe d’une pensée universaliste et humaniste, s’opposant aux attaques actuelles, tirées de communautarisme, de nationalisme et d’opportunisme néfastes », écrivait-il, expliquant en vrai-faux justicier, que les trésors royaux d’Abomey pillés  par l’officier français Alfred Amédée Dodds lors de l’expédition militaire française des années 1890 contre le roi Behanzin du Dahomey, étaient à leur tour, à l’époque, constitués d’objets artistiques ramenés comme trophées des nombreuses guerres que Behanzin avait menées contre ses voisins.

Ce faisant, monsieur Volper trahissait la véritable pensée de l’occident au sujet des objets d’art constitutifs des patrimoines culturels des pays africains qui en demandent restitution : ce sont des trophées de guerre qu’ils brandissent et brandiront toujours, pour rappeler à la conscience universelle qu’ils furent vainqueurs et maîtres de l’Afrique !

Et dire que sous le couvert de la globalisation ambiante, des voix s’élèvent de l’Afrique pour en appeler au syncrétisme culturel via le pardon, voire l’oubli, d’un passé historique sulfureux bâti sur la brimade et l’exploitation du Nègre par “l’espèce supérieure”.

Toutes choses dont la célèbre artiste béninoise prend le contrepied dans l’échange dont nous vous proposons ici un extrait vidéo.

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