Mitsuhiro Furusawa, Directeur général adjoint du FMI |
Le plénipotentiaire de l’institution internationale en visite au Cameroun depuis mercredi a reconnu les désagréments infligés à ce pays au cours de ses précédents programmes, et annoncé que cela ne se reproduira pas.
« Nous reconnaissons que les programmes précédents soutenus par le FMI ont laissé des stigmates, en raison notamment d’ajustements structurels sévères, incluant des coupes importantes de salaire du secteur public, qui dans le contexte de la dévaluation de 1994, ont entraîné des baisses importantes du pouvoir d’achat de la population. Mais le FMI au cours des dernières années, a beaucoup évolué avec ses programmes », a affirmé jeudi Mitsuhiro Furusawa, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), en visite de travail au Cameroun dans le but de préparer la première revue du programme économique triennal avec le Cameroun prévu en octobre.
Selon le numéro 2 du FMI, l’exécution de la Facilité élargie de crédit (FEC) de 390 milliards de francs CFA accordés au Cameroun en juin 2017 par le FMI n’entrainera ni baisse de salaires, ni suppression des emplois dans le secteur public.
Il faut dire que l’annonce il y a trois mois d’un programme avec le FMI avait causé beaucoup d’agitation au Cameroun où, comme dans la situation du chat échaudé qui craint même de l’eau froide, l’évocation d’un programme économique avec les institutions financières de Bretton Woods équivaut simplement à parler de la corde dans la maison du pendu.
Entre la fin des années 1980 et celle des années 2000, les Camerounais ont énormément souffert des contraintes imposées par le FMI dans le cadre du tristement célèbre Plan d’Ajustement Structurel (PAS) : suppression de milliers d’emplois plus connue sous le “label” « compression de personnels », trois baisses consécutives des salaires culminant in fine à plus de 70%, privatisation-liquidation de nombreuses entreprises publiques -y compris celles considérées comme des “entreprises de souveraineté”- que se sont adjugées à peu de frais des multinationales occidentales…
Manifestement, la mise sur pied de la FEC résulterait du fait que le FMI ait tiré des leçons de ce passé douloureux qui a impacté pour longtemps, voire pour toujours la vie de nombreux Camerounais, et trouvé le moyen d’adapter ses interventions aux besoins des pays à faible revenu, notamment en protégeant les couches les plus vulnérables des effets des ajustements qui vont avec.
En fait, à en croire Mitsuhiro Furusawa, les programmes actuels convenus entre le FMI et des pays de la Cemac dont le Cameroun, tendraient davantage à mettre l’accent sur la préservation des dépenses sociales et à garantir la poursuite des projets d’infrastructures prioritaires favorables à la croissance, plutôt qu’à les restreindre. « Les financements apportés par le FMI et les autres partenaires permettent également un ajustement beaucoup plus graduel et moins abrupt que ce qui aurait été autrement nécessaire pour restaurer les équilibres macroéconomiques », a affirmé le DGA du FMI que les Camerounais ne demandent qu’à croire.