Cameroun- Lutte contre le terrorisme : l’OIAC pointe le risque d’utilisation des armes chimiques contre Boko Haram

 
Le directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), Ahmed Üzümc

Organisme onusien basé à La Haye aux Pays-Bas, l’OIAC qui a signé avec l’Union africaine (UA) un mémorandum d’entente pour l’établissement de points focaux régionaux de suivi de la mise en œuvre des décisions relatives à l’interdiction des armes chimiques craindrait que le Cameroun, poussé dans ses derniers retranchements, en vienne à utiliser des moyens non conventionnels, pour venir à bout des terroristes.

Le caractère asymétrique de la guerre que livre Boko Haram aux pays du bassin du Lac Tchad pourrait-il pousser le Cameroun à faire usage des armes chimiques pour enrayer l’organisation terroriste, qui semble plutôt renaître de ses cendres à chaque fois que les forces armées camerounaises, nigérianes et tchadiennes l’ont donné pour “presque complètement vaincue” ? C’est l’impression que donne le sentiment d’inquiétude manifesté par le directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) lors de son passage à Yaoundé en milieu de semaine.

En visite à Yaoundé mercredi dernier, le directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), le Turc Ahmed Üzümcü, a manifesté l’intention de son organisme d’aider  à la prévention de l’utilisation des armes au Cameroun.  Une promesse qui a quelque peu ahuri les Camerounais, qui se sont demandé si l’OIAC avait décidé de dessiner le diable sur le mur du Cameroun, avec le risque que le mal finisse par s’installer dans la maison. Une surprise d’autant plus justifiée que jusqu’ici, l’idée de faire usage de tels moyens extrêmes ne trottait pas encore dans les esprits.

 
Quand les armes chimiques passent, les vies trépassent. Et pas seulement celles des bélligerants.


Mais, selon des observateurs avisés, l’inquiétude de l’OIAC n’est pas moins justifiée que l’étonnement des Camerounais, dans la mesure où les assauts hebdomadaires, pour ne pas dire quotidiens, de la secte terroriste, ainsi que les lots de morts (plus de 2000 civils et plus de 200 éléments des forces de défense et de sécurité à ce jour) de blessés et de déplacés qui en résultent à chaque fois, ont fini par laisser le sentiment que ce mouvement ne peut être vaincu par l’utilisation des moyens de guerre conventionnels.

Est-ce donc fort de cette appréhension que Ahmed Üzümcü, a cru devoir indiquer que Boko Haram représente un danger susceptible de provoquer l’usage des armes chimiques par le Cameroun, et appeler par conséquent au renforcement des capacités et d’équipement de laboratoires scientifiques pour prévenir cette éventualité ?

L’inquiétude du patron de l’OIAC est partagée par le Directeur de  l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), Salomon Eheth, qui, lors de la conférence qu’il a donnée conjointement avec Ahmed Üzümcü mercredi, a fait savoir que la persistance des attaques terroristes faisait craindre le risque de voir des personnes aux intentions maléfiques se procurer des armes chimiques à des fins criminelles, comme cela a été décrié dans le cadre de la guerre en Syrie.

Le DG de l’OIAC qui a rencontré le Premier ministre camerounais, Philemon Yang, en a profité pour annoncer un projet d’élaboration d’un programme d’assistance technique pour des laboratoires en Afrique,  et recommander aux pays africains de transformer les opportunités offertes par les applications pour en faire un instrument au service exclusif de la paix et du développement technologique et industriel.

Notons que le Cameroun qui fait partie des 52 pays africains membres de l’OIAC, a ratifié en 1996 la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, adoptée par les Nations unies en 1992, et reçoit à ce titre une assistance technique de l’organisme mondial au profit de quelques laboratoires universitaires.

Selon l’AFP, l’Afrique bénéficie, à l’instar des autres continents, de la coopération de l’OIAC pour la mise en place des centres de prévention de la fabrication et de l’utilisation des armes chimiques. Une priorité pour le Directeur général de l’organisme qui appelle les pays à voter des législations nationales favorisant l’atteinte de l’objectif en question.

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