Alors que l'opposition et le commun des Togolais pensent que le refus du pouvoir de Faure Gnassingbé de voir réinscrite dans la Constitution la phrase « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats » serait dû au fait que le régime ne veut pas voir le chef de l'Etat actuel hors du jeu, Me Jean Dégli, l'un des fins observateurs de la politique togolaise, estime qu'il en est rien.
Pour lui, cette interprétation est « erronée » et les vraies raisons de ce refus sont ailleurs. C'est en tout cas ce qu'il soutient dans un article rendu public ce vendredi.
« Et le pouvoir fait tout pour conforter cette façon de voir les choses et de donner l'impression à l'opposition et au peuple que s'il a peur de ce bout de phrase et en refuse bec et ongle l'inscription dans la Constitution, c'est parce que cette phrase va empêcher l'actuel chef de l'Etat de briguer un autre mandat après l'adoption des réformes », indique le document.
Selon le président de l'association « Bâtir le Togo », si jamais le problème de la présentation aux élections de Faure Gnassingbé devrait se poser lors des prochaines consultations présidentielles et après les réformes constitutionnelles, la Cour constitutionnelle togolaise n'interpréterait jamais ce bout de phrase comme empêchant l'actuel président de la République de briguer un nouveau mandat.
Si le pouvoir refuse de voir cette mention revenir dans l'article 59 de la Constitution, « c'est beaucoup plus parce qu'il voudrait s'assurer que les actuels tenants du pouvoir ne le (le pouvoir, ndlr) quittent jamais ».
« Ce que le régime veut assurer est une sorte de rotation au pouvoir. Faire fonctionner la Constitution togolaise exactement comme en Russie où après deux (2) mandats, Vladimir Poutine cède le pouvoir à Dmitri Medvedev à qui il octroie un mandat sous sa surveillance étroite pour lui succéder ensuite pour deux (2) nouveaux mandats. Cette rotation au pouvoir qui va assurer au régime en place une présidentielle éternelle est ce que lorgne fortement les tenants du pouvoir pour s'assurer qu'ils puissent ne jamais quitter le pouvoir sinon l'avoir à vie ou autrement, y mourir », écrit Me Dégli.
L'autre avantage de la non inscription de ce bout de phrase dans la constitution, poursuit l'article, est de s'assurer qu'au cas où, par extraordinaire, Faure Gnassingbé viendrait à se voir interdire une nouvelle candidature dans l'immédiat, il mette en place le système à la Poutine et trouve un candidat postiche à qui il pourra revenir succéder après un mandat de cinq (5) ans.