Cameroun (Crise anglophone)- Incendies, assassinat des forces de l’ordre… Equilibre supposé de la terreur ou prétextes machiavéliques ?

Après les dizaines d’anglophones (des informations concordantes mais difficilement vérifiables  parlent plutôt de centaines) qui ont perdu la vie dans le cadre du bras de fer qui oppose le gouvernement camerounais et son armée aux populations anglophones (auteurs de revendications sociales, partisans du fédéralisme et autres sécessionnistes –tous mis dans le même panier-) quatre éléments des forces de sécurité viennent de s’ajouter à la liste noire des victimes d’un conflit qui n’avait pas lieu d’être, si pour une fois les autorités camerounaises ne s’étaient pas trompé d’époque et de méthode de résolution des crises.

Quatre morts parmi les forces dites de l’ordre ou de répression –cela dépend du côté où l’on se trouve-, aussi déplorables que  les dizaines d’autres qui sont tombés sous leurs balles ou celles de leurs collègues   du côté des protestataires ou sécessionnistes anglophones –là aussi l’étiquette, neutre, méliorative ou péjorative, dépend du côté où l’on se trouve-.
 
S’il ne fait aucun doute que les morts anglophones -qui ne sont pas moins des êtres humains- l’ont été du fait des forces de l’ordre, il est en revanche difficile à ce jour  de dire avec exactitude qui sont les barbares qui ont à leur tour fait un plongeon dans la noirceur de l’âme en assassinant de façon effroyable trois gendarmes et un militaire.

Dire avec fantaisie comme le font les autorités camerounaises et certains commentateurs que les meurtriers des militaires et gendarmes sont des sécessionnistes reviendrait non seulement à franchir le pas du ridicule juridique consiste à présumer coupables des individus avec lesquels on est en conflit, alors que par principe l’on est présumé innocent, mais aussi à donner l’impression que la terreur est en train de s’équilibrer, et que les sécessionnistes sont aussi capables d’en semer dans le camp des Camerounais que les forces armées camerounaises le faisaient déjà merveilleusement dans le leur.

Cela ne peut que donner froid dans le dos, alors que nos forces de défense et de sécurité, malgré leur notable combattivité et leurs louables efforts sur le front de la lutte contre la secte terroriste Boko Haram, ont du mal à enrayer définitivement celle-ci.

Cela signifierait tout simplement qu’aucun Camerounais n’est plus en sécurité, que les sécessionnistes ont les moyens de surgir de nulle part, et de tuer ceux qu’ils considèrent comme des ennemis et de s’évanouir dans la nature.

Cela signifierait surtout que ceux qui ont pris le risque de régler la crise anglophone par la force en lieu et place du dialogue et de la négociation sous prétexte que la forme de l’Etat ou l’unité du Cameroun était non négociable, ont lamentablement échoué, que leur échec a causé la mort des Camerounais –dont des militaires- que tout le monde déplore. Et qu’ils sont impardonnables ! et qu’ils doivent rendre le tablier, s’ils ont encore un reste de conscience humaine.

Mais au Cameroun, personne ne veut croire que les sécessionnistes ont les moyens de semer la peur dans les rangs des forces de l’ordre, ou qu’ils en aient même la volonté. En d’autres termes, on est unanimes sur le fait que les sécessionnistes, eussent-ils raison –CQFD- ne doivent pas faire la loi. Dans l’hypothèse bien sûr ou tuer des militaires en guise de réplique aux militaires qui tuent les leurs, serait faire la loi. 

La preuve en est qu’alors que le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma, annonce que lesdits sécessionnistes ont revendiqué les assassinats des militaires et gendarmes, leur leader et président autoproclamé du soi-disant Etat d’Ambazonie, Sisku Ayuk Tabe, publie quant à lui un communiqué pour condamner les meurtres des éléments des forces de défenses camerounaises, et réaffirmer le caractère pacifique du combat que mène son organisation pour l’accession à l’indépendance de ce qui fut jadis le Cameroun britannique.

Ce qui nous ramène à la vraie question qui mérite d’être posée : Qui a tué, mais alors vraiment, qui a tué les gendarmes et militaires camerounais dans les régions anglophones ?

Dès que l’on aura trouvé la vraie réponse à cette question, on aura répondu du même coup à celle qui taraude les esprits sur le mystère des marchés et des écoles incendiés, ou des semblants d’explosifs que des “terroristes” réussissent à poser dans une ville militarisée à l’extrême, sans que les auteurs de ces crimes horribles soient arrêtés, alors que les forces de l’ordre camerounaises, massivement déployées dans les régions anglophones, ont montré combien elles étaient capables de réprimer dans le sang de simples manifestations pacifiques, eussent-elle un  “agenda caché” (dixit Tchiroma).

Tant que cela n’aura pas été fait, ceux qui manœuvrent pour faire croire que les anglophones sont des terroristes, afin de s’en servir comme prétexte pour la répression sauvage, les arrestations abusives, les couvre-feu et les exécutions extrajudiciaires, auront toujours roue libre, et avec un peu de chance, ils réussiront à faire entrer dans la maison Cameroun,  le diable de la guerre civile qu’ils dessinent sur les murs.

Jusqu’à une époque très récente, les ennemis extérieurs du Cameroun qui ont intérêt à ce que ce pays se « centrafricanise » ou se « RD-congolise » pour leur offrir la possibilité de le piller allègrement, pensaient et affirmaient que les Camerounais n’avaient pas de couilles pour affronter le régime qui les oppresse, même s’ils leur fournissaient des armes. Aujourd’hui, en leur donnant le sentiment que des camerounais peuvent, à l’aide de machettes et de frondes, s’attaquer à des militaires et gendarmes armés, les tuer, emporter leurs armes et les rendre par la suite puis disparaitre tranquillement, on leur fait croire qu’en mettant un peu plus de moyens à la disposition des “terroristes-sécessionnistes”, ils peuvent réaliser leur rêve malsain.

C’est ce qu’on appelle la stratégie du chaos !  Où l’on crée des organisations terroristes que l’on  croit pouvoir contrôler en permanence, ignorant à chaque fois que quand un profane dîne avec un vampire, il doit s’attendre à être dévoré à son tour quand il n’y aura plus le menu sur la table du monstre.


Al Qaïda, Boko Haram, l’Etat Islamique… pour ne citer que celles-ci, sont des créatures qui donnent aujourd’hui plus du fil à retordre  à leurs créateurs qu’à n’importe qui.

Mais ne dit-on pas que le comble de la bêtise c’est quand on fait la même chose à chaque fois en escomptant un résultat différent ?

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