Zimbabwe : Un coup d”Etat militaire extraordinaire pour “protéger” Robert Mugabe (!)?

24 heures après la mise en garde adressée au président Mugabe par le chef d’Etat-major de l’armée zimbabwéenne, le général Constantino Chiwenga au sujet des purges instiguées au sein de l’appareil dirigeant  par la première dame, Grace Mugabe, soupçonnée de viser de plus en plus la succession de son époux à la tête de l’Etat, la “Grande Muette” est passée à l’action mardi en s’emparant du pouvoir, tout en niant qu’il s’agissait d’un coup d’Etat.

Les choses sont en effet allées très vite à Harare où, mardi soir, des soldats et des véhicules blindés ont bloqué des routes menant aux édifices abritant les institutions gouvernementales,  le parlement et les tribunaux, dans le centre de la capitale.

Illustrations, selon un confrère de l’agence Reuters présent à Harare les soldats ont pris d’assaut la radio nationale  après que les dirigeants de la Ligue des Jeunes de la ZANU-PF (parti au pouvoir créé depuis les années 1970 et dirigé jusqu’ici par Mugabe) ait accusé le chef de l’armée de trahison et de subversion, enjoignant au passage l’armée de se contenter de rester dans les casernes. “Défendre la révolution et notre leader et président est un idéal pour lequel nous vivons et, si besoin est, nous sommes prêts à mourir”, avait alors déclaré dans la journée de mardi, Kudzai Chipanga, dirigeant de la Ligue de la Jeunesse, en  réaction   à la menace du général Chiwenga d’intervenir pour mettre fin à la purge qui sévit au sein du parti et des plus hautes instances de l’Etat, et dont la dernière manifestation aura été le limogeage, le 06 novembre dernier, du vice-président Emmerson Mnangagwa, qui passait pour le dauphin du leader zimbabwéen. 

 
Une vue de la situation à Harare mercredi

Le limogeage de Mnangagwa avait du reste été considéré par de nombreux observateurs, comme étant le tremplin pour le positionnement au “dauphinat” de la truculente et sulfureuse Grace Mugabe épouse du président, dont il ne serait pas exagéré, au cas où le coup de force finissait par être consommé, qu’elle est la source du sort qui s’abat sur son présidentiel époux.

Outre la radio nationale, le quartier général de la ZBC, radiodiffuseur d’État du Zimbabwe et le porte-voix principal de la présidence zimbabwéenne a également été envahi par les militaires qui en ont expulsé le personnel et malmené quelques-uns, à en croire des défenseurs des droits de l’homme, qui ont déploré « les sévices des militaires sur des partisans… » du “Grand Old Man de la politique africaine”, même s’il est vrai que le dictateur de 93 ans à la tête du Zimbabwe depuis 37 années, n’est pas réputé pour sa tendresse vis-à-vis des activistes des droits humains.

Il n’en demeure pas moins, quoique les dés semblent jetés et les carottes cuites pour Mugabe, que les militaires, jusqu’au moment où nous mettions en ligne, se refusaient toujours à parler de coup d’Etat, entretenant la confusion totale dans les esprits sur les tenants et aboutissants de leur action.

«Il ne s’agit pas d’une tentative de renverser le gouvernement», a fait savoir  mercredi, le général Sibusiso Moyo, chef de l’Etat-major de la logistique, qui a également ajouté « Nous ne ciblons que des criminels autour de lui, qui commettent des crimes, qui causent des souffrances sociales et économiques dans le pays afin de les traduire en justice… Dès que nous aurons accompli notre mission, nous espérons que la situation redeviendra normale. ».

“Défendre la révolution et notre leader et président est un idéal pour lequel nous vivons et, si besoin est, nous sommes prêts à mourir”, avait alors déclaré dans la journée de mardi, Kudzai Chipanga, dirigeant de la Ligue de la Jeunesse, en  réaction   à la menace du général Chiwenga d’intervenir pour mettre fin à la purge qui sévit au sein du parti et des plus hautes instances de l’Etat, et dont la dernière manifestation aura été le limogeage, le 06 novembre dernier, du vice-président Emmerson Mnangagwa, qui passait pour le dauphin du leader zimbabwéen. 

L’officier général de l’armée zimbabwéenne a également affirmé que « notre camarade le président Mugabe et sa famille sont sains et saufs ».

 
Le Général de Corps d’Armée Constantine Chiwenga (centre) et le General de Division Sibusisiwe Moyo (à gauche), sont pour l’instant les deux figures de proue du coup de force protecteur contre le président Mugabe


Une révélation corroborée par l’information donnée en début d’après-midi mercredi par le président sud-africain, Jacob Zuma, et qui a affirmé  avoir eu un entretien avec son “homologue” zimbabwéen, mais que si celui-ci se portait bien, il était néanmoins “détenu”(1)… “en résidence surveillée”.

Ceci dit, les déclarations du porte-parole des putschistes et du président sud-africain tendent à donner l’impression  que l’on pourrait assister dans les moments à venir à un rétablissement dans ses fonctions du président. 

En effet, outre l’information sur la santé de son homologue et voisin,  le président Zuma a aussi révélé qu’il a dépêché à l’instant deux de ses ministres, qui rencontreront les leaders des forces de défense et le président Mugabe. Ce dernier développement laisse à penser que les militaires pourraient accepter, dans le cadre des négociations que l’Afrique du Sud ne va pas hésiter à  initier, que Mugabe bénéficie d’une sortie honorable équivalant par exemple à l’achèvement de son mandat qui court jusqu’en 2018, après quoi il passera immédiatement la main, sans briguer un autre mandat comme il l’avait envisagé, puisqu’il avait annoncé que son retrait  n’interviendra qu’en 2023.

 
Le président sud-africain Jacob Zuma pourrait jouer les médiateurs pour un retour à la normale qui éviterait le déshonneur au “Grand Old Man de la politique africaine “

Qui vivra verra donc ! Mais une chose est certaine, c’est visiblement le début de la fin qui a commencé pour le baroudeur Mugabe, homme d’Etat  à la fois aimé pour son combat pour son peuple, mais très décrié pour son penchant tyrannique, lui qui affirmait qu’en dehors de ses diplômes universitaires (il est titulaire deux licences -en Education et en Economie), il “était aussi diplômé en violence”. Que cette fin intervienne maintenant ou dans un an n’y change rien, et le Zimbabwe continuera de vivre. Sans son demi-dieu.


(1)    La révolution de palais en cours au Zimbabwe a ceci de particulier qu’elle brille par une phraséologie et un mode d’action extraordinaires.
–    Alors que tout porte à croire que le président a été renversé, les militaires, qui semblent avoir du mal à se départir de la tradition de la considération généralement due au mythique Mugabe pour son rôle éminent dans la lutte pour la libération du pays, et la redistribution –quoique controversée- des terres aux Noirs, disent plutôt l’avoir « protégé ».
–    Alors qu’on parle généralement d’assigné à résidence surveillée ou de détenu dans une prison, le président Zuma qui est proche nonagénaire président en parle en termes de « détenu en résidence surveillée”. Probablement que dans les heures ou jours à venir, on parlera de la “restauration”, pour dire que le président “presque déchu” a été rétabli dans ses fonctions.
–    Et encore, les présidents déchus sont souvent directement acheminés vers un pénitencier, ou dans un camp militaire quand ils n’ont pas réussi à fuir le pays, mais Mugabe est quant à lui “détenu à résidence surveillée”.

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