Zimbabwe- Vertigineux retournement du leader des jeunes de la Zanu-PF après le coup d’Etat “protecteur” contre Mugabe

 
Cde Kudzanai Chipanga félicité ici par le président Mugabe le 3 septembre 2016 après son élection comme leader de la Ligue des Jeunes de la Zanu-PF. (Photo Believe Nyakudjara)

24 heures seulement après avoir menacé l’armée d’une levée de boucliers de la Ligue de la Jeunesse de la Zanu-PF prête à mourir pour défendre le régime du père de l’indépendance zimbabwéenne, le leader de cette organisation vient de retourner sa veste en suppliant presque rampant, les militaires de lui pardonner ses frasques langagières.

Un véritable lâchage en règle qui devrait résonner comme un cinglant avertissement à tous ces potentats africains, séniles et grabataires, qui se laissent droguer par les appels de leurs soi-disant partisans à rester au pouvoir à vie, ou qui orchestrent en sous-main des campagnes de déification de leurs personnes  dont ils se servent comme prétexte pour  confisquer le pouvoir d’Etat.

“Défendre la révolution et notre leader et président est un idéal pour lequel nous vivons et, si besoin est, nous sommes prêts à mourir”, avait  déclaré mardi au siège du parti au pouvoir à Harare Kudzai Chipanga, dirigeant de la Ligue de la Jeunesse. C’était quelques heures seulement avant que l’armée mette en exécution le plan de “protection” forcée du président Mugabe qui était manifestement déjà en route au moment où le Général Constantine Chiwenga menaçait d’une intervention de l’armée pour mettre fin à la purge interne sévissant à la tête de l’Etat et du parti sur instigation de la bruyante Grace Mugabe, épouse de l’homme fort de Harare.

Toute honte bue, ou par subit regain de réalisme, le même Kudzanai Chipanga qui avait conseillé  à « Tous ceux qui sont dans le secteur de la sécurité et qui veulent faire de la politique  de se lancer dans l’arène au lieu de se cacher derrière les canon », non sans accuser les militaires de piller les diamants et de se livrer à d’autres types d’infractions, est revenu mercredi sur sa déclaration en présentant emphatiquement ses plates excuses au Commandant Général des Forces de Défense du Zimbabwe Constantino Guveya Chiwenga et à la hiérarchie militaire du pays pour ses remarques.

Reniement de Pierre ou Humilité ?

Dans le cadre de cette sortie faite au moment où “ce qui apparait être un coup d’Etat” (dixit Alpha Condé, président de l’Union Africaine) visant à “protéger” le président Mugabe de son entourage, à en croire le Général de Division Sibusiso Moyo (porte-parole des putschistes), semblait plus que jamais consommé, Kudzanai Chipanga, sans doute ébloui ou apeuré par les impressionnantes automitrailleuses de l’armée stationnées depuis la nuit de mardi sur les  différents axes stratégiques de la capitale, a fait mieux que retourner sa veste, alors qu’il subsiste un mince espoir que Mugabe soit rétabli dans ses présidentiels attributs, du moins tant que la médiation Zuma n’aura pas rendu ses conclusions : tel l’apôtre Pierre reniant Jésus dit Le Christ à l’heure de gloire, le Secrétaire de la Ligue Nationale de la Jeunesse de la ZANU-PF, même s’il n’a pas renié Mugabe, a nié être l’auteur de la déclaration qu’il a faite mardi, indexant en revanche un certain Rodney Dangarembizi, qui  lui aurait  remis la déclaration de quatre pages mardi matin.

Plaidoyer pro domo

Voici, traduite librement par Cameroonvoice, un extrait des excuses publiques du leader des Juenes de la Zanu-PF faites sur les antennes de la Zimbabwean Broadcastion Corporation and Television (ZBC-TV) mercredi soir.

« Excuses publiques au Général Commandant des Forces de Défense du Zimbabwe Constantino Guveya Chiwenga, au Général Commandant de l’Armée Nationale du Zimbabwe Phillip Valerio Sibanda et au Commandant de l’Armée de l’Air, le général de Brigade aérienne Perrance Shiri et à l’ensemble des Forces de Défense du Zimbabwe et de toute la nation du Zimbabwe. Je voudrais m’excuser pour la déclaration que j’ai faite hier (mardi) avec mon exécutif au siège de la ZANU-PF. En tant que dirigeant de la Ligue de la jeunesse du parti révolutionnaire. J’ai réfléchi et j’admets personnellement que j’ai commis une erreur. J’ai été mal avisé de lire une déclaration que ni la Ligue de la Jeunesse ni moi-même n’avons rédigée. Le document que j’ai lu m’a été remis par un certain Rodney Dangarembizi dans la matinée vers 8h30, ce qui portait atteinte à vos hautes fonctions et vos personnalités.  Par conséquent, je prie le Général Chiwenga de bien vouloir accepter mes excuses au nom de la Ligue de la Jeunesse et en mon nom propre. Nous sommes encore des jeunes. Nous grandissons encore et apprenons de nos erreurs. De cette grosse erreur, nous avons beaucoup appris.  Je voudrais également souligner que je n’ai été ni persuadé, ni contraint ou forcé de faire la présente déclaration. Je souligne que j’ai réfléchi tout seul en tant que jeune, en tant que dirigeant de la Ligue de la Jeunesse, et je suis arrivé à cette conclusion que je devais saisir les médias d’Etat pour présenter ces excuses publiques. Nous ferons aussi des efforts dans les brefs délais pour approcher les commandants de nos Forces de défense en personne afin de leur transmettre ces excuses. Je vous remercie. ».

De quoi prier tous les dieux de la politique pour que les négociations en cours à Gaborone au Botswana ne débouchent pas sur un rétablissement dans ses fonctions du vieux président. Cette éventualité l’amènerait à rédiger d’autres excuses ou à quitter le pays. Pour ne pas avoir à affronter la furie Grace Mugabe qui sait si bien user de la chicotte comme elle l’a fait il y a peu dans un hôtel en Afrique du Sud sur de jeunes femmes qu’elle soupçonnait d’entrainer ses fils dans les plaisirs de la chair.

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