Il a fallu attendre jusqu’aux environs de 3 heures du matin pour que les sapeurs-pompiers viennent à bout du terrible incendie déclaré six heures plus tôt dans la nuit de jeudi, aux 4ème et 5ème étages de l’édifice abritant les services administratifs de la Chambre basse du parlement camerounais, avant de se propager au 6ème et 7ème étage, non sans avoir ravagé de moitié le 3ème étage.
S’il est pour l’instant difficile de se prononcer sur le bilan de cet autre autodafé qui survient alors que les députés sont en pleine session parlementaire consacrée au vote du budget de l’Etat, on sait tout de même qu’il n’y a pas de pertes en vies humaines. Les dégâts matériels quant à eux sont des plus importants, et à en juger par les flammes que l’on a vu à un moment s’élever même au-dessus de l’immeuble, on peut imaginer que l’essentiel, c’est-à-dire des documents de grande importance quelques les supports sur lesquels ils étaient copiés, sont partis en fumée. C’est notamment le cas de la Direction du Budget et de la Solde ainsi que du bureau du Vice-président de l’Assemblée nationale et du président du groupe parlementaire du SDF, principal parti de l’opposition (parlementaire)
La cause ? Difficile de le dire, sauf à s’en tenir aux déclarations du ministre de la Communication, Issa Tchiroma, qui, avant toute enquête -comme d’habitude- a fait savoir que l’incendie était d’origine accidentelle, se réservant pour une fois d’indexer les “terroristes sécessionnistes qui ont un agenda caché”. Ce qui aurait d’ailleurs été difficile à avaler, le palais de l’Assemblée nationale étant situé à quelques mètres du terrible Quartier général de l’Armée camerounaise.
« Selon les indices dont nous disposons aujourd’hui, la cause de cet incendie est accidentelle », a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement camerounais qui, par la même circonstance, a annoncé que « Toute l’expertise nationale disponible est mise à contribution pour évaluer les dégâts et nous dire avec précision l’origine de cet incendie », avant de rendre un hommage appuyé aux services de secours.
Et puis, à l’en croire toujours, quoique des témoins affirment que des documents importants pourraient avoir été compromis par le feu, « Le gouvernement a pris et prendra toutes les mesures (…) pour que l’Assemblée nationale se tienne et se déroule normalement sans connaître la moindre perturbation. ». Une façon de dire que le gouvernement savait que l’Assemblée allait… brûler !
C’est le deuxième incendie qui ébranle en une vingtaine d’années le siège de la principale institution parlementaire du Cameroun, mais l’ampleur de celui-ci, qui laisser à penser que l’accident qui a ravagé l’essentiel de l’édifice avait un agenda caché dans ce pays coutumier des incendies “accidentels” des édifices publics, est incommensurable.
« Le gouvernement a pris et prendra toutes les mesures (…) pour que l’Assemblée nationale se tienne et se déroule normalement sans connaître la moindre perturbation. ». Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement camerounais
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Il est toutefois à noter que l’hémicycle a été épargné par les flammes. Comme quoi, outre le fait que l’essentiel est parti en fumée, “l’essentiel” a été préservé. Pour que continue le jeu… “démocratique” !