« – Regarde ces jeunes ils ne rêvent plus sinon de partir très loin
« – Regarde ces jeunes, ils ne luttent plus, ça sert à rien pour certains ».
…
« – On préfère prendre la mer et mourir parmi les poissons
« – Y'a plus de chance de s'en sortir, au milieu des requins ».
Dans un morceau de musique mémorable publié il y a pratiquement un an et demi, le rappeur camerounais “Général Valsero” avait déjà pris sur lui d’expliquer qu’en raison des méfaits d’un dictateur africain qui a confisqué non seulement le pouvoir mais aussi les biens et l’espoir de tout son peuple, ce dernier n’avait pas d’autre option de survie que celle risquée, voire désespérée, de l’exil économique. En d’autres termes, la solution suicidaire du saut dans l’inconnu au bout duquel il n’y a que mort. Toujours d’actualité, la raillerie mise en musique de Valsoro qui a fait un énorme tabac et suscité de nombreuses réactions, parfois contrariées des partisans et courtisans du potentat au pouvoir au Cameroun, pourrait s’appliquer à tous les autres pays d’Afrique (noire notamment) et à leurs “Majestés” présidents de la république.
A la lumière de ce qui se passe en Libye où des êtres humains originaires d’Afrique subsaharienne en transit pour “l’eldorado” occidental sont séquestrés, parqués et horriblement traités dans des camps de torture, puis vendus en esclaves par des passeurs, dans l’indifférence totale des dirigeants de leurs pays d’origine, d’abord, des dirigeants africains ensuite, et enfin de l’Union Africaine dont seul le président, Alpha Condé, vient de réagir certes très fermement, mais très tardivement pour que cela ait un impact sur le mal,
Avril-mai 2016. Il y a un peu plus d’un an. Alors que six ou sept mois plutôt, l’infime minorité de Camerounais qui sont admis à la table du Prince, se sont une fois de plus arrogé le droit de parler au nom de la grande majorité de leurs compatriotes pourtant quant à eux interdits du moindre bonheur, en célébrant comme à l’accoutumée depuis 33 ans l’avènement au pouvoir du successeur d’Ahmadou Ahidjo, un certain Paul Biya qui en redemande encore malgré l’échec lamentable dont son long règne est crédité, l’artiste engagé Valsero, encore appelé ici “Général”, se fend d’une autre sortie artistique qui dans la même veine caustique que les précédentes, pour rappeler au chef de l’Etat camerounais –sans le nommer- tout le “bien” que ses compatriotes pensent de ses 33 ans de pouvoir et du lot de pleurs et de grincements de dents que ce long règne a bienheureusement apportés dans leur existence.
Beaucoup verseront alors des larmes en écoutant ce couplet :
« – Après 33 ans chaotiques, tu te prépares aux élections
|
C’était compter sans la suite, car un refrain plus loin, le rappeur dont la production est très courue ces neuf ou dix dernières années, campe la posture du Camerounais (de l’Africain) pour qui la terre en dégénérescence tous azimuts de ses ancêtres a été rendue plus invivable que l’enfer, par la faute de ses dirigeants qui sont d’autant plus sourds que tous les sourds de la terre qu’ils se refusent à entendre les complaintes de ces pauvres hères de peuples sur qui ils croient détenir le droit de mort :
« – Tu veux garder le Cameroun pour toi, Ok on te le laisse
|
En novembre 2017, plus d’un an a passé depuis la sortie de cette chanson, mais aussi bien au Cameroun que dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, l’eau qui a coulé sous le pont depuis lors n’a en rien entamé l’actualité de la semonce et du sermon « valsériens » : 3 771 migrants Négro-africains morts en Méditerranée en 2015 en tentant de se retrouver de l’autre côté de …la misère artificiellement causée par leurs dirigeants avec la complicité des occidentaux mesquins et de la finance usurière internationale des prêteurs à gages ; 3 800 migrants morts en Méditerranée selon la comptabilité macabre de l’Onu au mois d’octobre 2016 et au moins 5 005 autres morts au mois de juillet 2017… et la liste noire n’est pas en fin de déroulement. On ne compte même pas le nombre de Camerounais, Zimbabwéens, Congolais… tués, portés disparus ou blessés pour être allés quêter leur pitance dans d’autres pays africains présumés développés ou moins sous-développés à l’instar de l’Afrique du Sud, du Maroc…, ou subissant un sort qui n’a rien à envier à la mort dans ceux où ils sont en transit au cours de leur traversée du désert vers la terre promise Europe : laissés à la merci des scorpions dans le désert nigérien, rançonnés, molestés et humiliés au Maroc, emprisonnés à souhait pour servir de chair consommables à des homosexuels arabes en Algérie, et aujourd’hui vendus comme du temps de la traite négrière en Libye.