“Pays de merde” : un sénateur US se déchaine sur une ministre de Donald Trump

La Secrétaire à la Sécurité intérieure de l’administration Trump, Kirstjen Nielsen, en a eu pour son lot de volée de bois vert mardi, alors qu’elle se présentait devant le Comité judiciaire de la Chambre Haute du parlement américain, où elle a dû faire face à des questions sur les remarques du président concernant l’immigration.

C’est le Sénateur  Cory Booker qui a sonné la charge en se déchainant sur la Secrétaire à la Sécurité Intérieure qui a eu l’audace de déclarer qu’elle ne se souvenait pas du mot spécifique que le President Donald J. Trump avait utilisé lors d’une réunion sur l’immigration jeudi à la Maison Blanche, pour caractériser les pays africains, ainsi que Haïti et Salvador.

“Votre silence et votre amnésie sont de la complicité,”, a vivement réagi le Vénérable Cory Booker, à la suite de cette déclaration de madame Nielsen.

Le président américain a fait ces derniers temps les choux gras de l’actualité internationale en raison de l’un de ces écarts de langage dont il est coutumier.

«Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici?», aurait interrogé l’impertinent et parfois grossier chef de l’Administration américaine,  en parlant des États africains ainsi que de Salvador et de Haïti, non sans souligner que les États-Unis devraient plutôt accueillir des ressortissants de la Norvège, pays dont il avait rencontré la première ministre la veille.

Ce propos rapporté par des personnalités telles que les Sénateurs Dick Durbin (Démocrate) et Lindsey Graham (Républicain) présentes à la réunion, a suscité un tollé général au sein de l’opinion publique mondiale, et le Sénat américain, par le truchement de  son Comité Judiciaire, a voulu en avoir le cœur net sur les déclarations du président, dans la mesure où celui-ci avait itérativement nié avoir utilisé les mots « pays de merde » en anglais (“shithole country”),  dans sa déclaration.

“La conversation était très passionnée, je ne conteste pas que le président utilisait un langage dur, d’autres dans la salle utilisaient aussi un langage sévère”, a répondu la ministre Kirstjen Nielsen, après qu’un Sénateur lui a posé la question de savoir si lui a demandé si  le président avait utilisé ces mots ou un langage similaire pour dénigrer les pays africains lors de la réunion avec les parlementaires sur la politique d’immigration.

Puis, tentant de faire savoir qu’il s’était agi d’une réunion où tout aurait pu aller dans tous les sens de sorte qu’il n’eut pas été possible de savoir qui avait effectivement dit quoi, elle ajouté : “J’ai été frappé davantage par le fait que la conversation – bien que passionnée et de manière appropriée – était arrivée à un niveau où beaucoup de gens dans la pièce utilisaient un langage inapproprié dans le bureau ovale devant le Président. “

Perdant même son flegme face à l’insistance des démocrates –à l’instar du sénateur Richard Blumenthal- pour qu’elle dise exactement l’expression qu’avait utilisée son patron, elle dira, énervée : “J’ai été très patiente avec cette série de questions… je témoigne pour discuter des menaces sur la patrie… Je n’ai plus rien à dire à propos d’une réunion qui s’est déroulée il y a plus d’une semaine et j’aimerais aller de l’avant.”

La colère du Sénateur Booker

Après cette déclaration de madame Nielsen, le sang du Sénateur Démocrate du New Jersey, Cory Booker n’a fait qu’un tour, et il s’est chargé de la ramener sur terre dans le cadre d’une prise à partie aux allures de sermon.

Déclarant en faire une affaire personnelle, le Sénateur a commencé par expliquer les raisons de sa colère : « Nous avons cette nation incroyable où l’on nous enseigne que peu importe d’où vous venez, votre race, votre couleur, votre religion, le plus important c’est votre personne… Le commandant en chef dans une réunion au Bureau Ovale se référant à des gens des nations africaines et des Haïtiens dans un langage des plus vulgaires … C’est ce  langage qui fâche.”

Après avoir remarqué qu’il avait été pris de rage en apprenant que Trump avait eu cette déclaration malheureuse, et qu’il en avait pleuré, le Sénateur Cory Booker qui est Noir, a ajouté que la Secrétaire à la Sécurité Intérieure dont le silence et l’amnésie marquaient sa complicité avec le président Trump, n’avaient pas le droit de rejeter certaines des questions de ses collègues, qui avaient ressenti de la douleur en entendant le qualificatif de “shitole” accolé à des pays (qui ont la particularité d’être peuplés de Noirs, ndlr). « C’est inacceptable pour moi », a-t-il martelé.

Il faut relever que pendant l’audition de Kirstjen Nielsen, les Sénateurs Républicains Tom Cotton et David Perdue, volant à son secours, ont dit qu’ils ne se souvenaient pas avoir entendu Trump utiliser le mot « merde ».

Merde donc !

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