Depuis l’annonce du recrutement de 25000 jeunes camerounais dans la fonction publique, les arnaqueurs de tous bords ont commencé leur “ recrutement ”. Contre espèces sonnantes et trébuchantes, ils se disent fils, cousin ou simplement “ proche d’une haute autorité de la République ” et promettent “ l’intégration assurée ” à des milliers de Camerounais qui font l’expérience du chômage. Le ministre de la Fonction publique vient de commettre, illico, un communiqué pour décliner la responsabilité du gouvernement sur ces arnaques.
Ce petit communiqué signé d’Emmanuel Bondé, ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Minfopra, a été publié par Cameroon Tribune, dans son édition d’hier. En substance, le ministre Bondé qui est par ailleurs le président du comité de pilotage des opérations de recrutement des 25000, attire l’attention des Camerounais sur le fait qu’une liste de répartition desdits recrutements est en circulation depuis quelque temps. Le Minfopra affirme avec véhémence qu’’il n’en est pas l’auteur. Par contre, il rassure les populations que les recrutements se feront par voie “ officielle ”.
Si le gouvernement par la voix de son ministre décide de sonner l’alerte, c’est que nombre de citoyens ont déjà été victimes de ce réseau d’arnaqueurs qui spolient les familles depuis le 10 février dernier, date de l’annonce de ce recrutement par le chef de l’Etat. Pour parfaire leur manœuvre, ces individus à la recherche du gain facile ont pris le soin de concocter un faux “ Avis de recrutement ” qui se vend comme des bouts de pain à Yaoundé. En déboursant la somme de 100F pour l’acquérir, les potentiels candidats sont certain que “ le recrutement a déjà commencé ”. T. Arnaud va plus loin et estime que “ les modalités de recrutement sont déjà connues ”. Sa source d’information? Le président national des jeunes de, l’Undp. Fort des relations qu’il dit avoir à Yaoundé, ce politicien junior ne manque pas de tendre la main à sa proie. Combien lui demande-t-il, T. Arnauld hésite et préfère le silence.
Comme lui, de nombreux Camerounais sont courtisés à longueur de journée. Nombreux ils sont, ces détenteurs de diplômes de tous ordres d’enseignement et de tous les niveaux qui se mobilisent, chacun à sa manière, pour ne pas rater ce qu’ils appellent le “ train de la fonction publique ”. Les sceptiques vont jusqu’à penser qu’après ce recrutement massif, l’Etat ne va plus recruter pendant au moins dix ans ; mieux vaut “ saisir sa chance maintenant ”. L’ascenseur social étant bloqué, chacun entend emprunter les escaliers, y compris ceux de la corruption pour avoir un numéro matricule dans le registre salarial de l’Etat.
Quotas
Relativement peu connus, des textes encore en vigueur au Cameroun répartissent les quotas d’accès à la Fonction publique au Cameroun. Le premier date du 4 octobre 1982 et porte la signature de M.Y. Daouda, ancien ministre de la Fonction publique. Complété le 20 août 1992, ces deux dispositions réglementaires régiront la répartition des 25000 candidats appelés à intégrer la Fonction publique camerounaise.
Faux diplômes
Depuis le discours de Paul Biya qui annonçait ce recrutement, les responsables des différentes facultés de l’université de Yaoundé, par exemple, travaillent sans repos. Le nombre d’étudiants et anciens étudiants qui réclament les attestions de réussite aux examens est croissant.
Parallèlement, au quartier Bonamoussadi, l’empressement est tout aussi perceptible. Dans “ le bureau de Dr King ”, un spécialiste de la falsification des documents, la “ demande à augmenté. Depuis la semaine dernière, je fabrique au moins trois diplômes par jour ”, le maître de céans, éhonté. Après insistance, cet étudiant en Master, filière Géographie lâche : “ à partir de quatre 90 000 francs, je délivre la licence ”. Sans plus.
Les différents acteurs impliqués dans cette campagne de “réduction de chômage” multiplient les réunions à la primature pour définir les conditions et les stratégies à utiliser. La commission de validation des listes de ce recrutement est placée sous l’autorité de secrétaire général des services du Premier ministre. C’est lui qui “ valide la liste des candidats sélectionnés par le comité technique ”. Il a aussi la charge de conduire la communication relative à ce processus ”. Même si pour l’instant, c’est le flou artistique.