Syrie: le régime bombarde toujours la Ghouta orientale, 400 morts en cinq jours


400 morts en cinq jours © AFP / AMER ALMOHIBANY

Plus de 400 civils, dont une centaine d’enfants, ont été tués depuis dimanche dans l’enclave rebelle de la Ghouta orientale par les intenses bombardements du régime syrien, qui fait fi des appels internationaux à stopper le bain de sang.

Le patron de l’ONU Antonio Guterres a demandé une trêve immédiate et dénoncé un “enfer sur Terre” dans cette région assiégée, située aux portes de la capitale Damas.

Des ONG se sont dites horrifiées par l’ampleur de ces bombardements, d’une rare violence dans un pays pourtant ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 340.000 morts.

Alors que le Conseil de sécurité discutait jeudi à New York d’un projet de résolution réclamant un cessez-le-feu d’un mois dans la Ghouta orientale, l’ambassadeur russe à l’ONU a annoncé qu’il n’y avait “pas d’accord” entre les 15 membres pour imposer une telle trêve.

Vassily Nebenzia a aussi dénoncé “les discours catastrophiques” qui, selon lui, ne correspondent pas à la situation sur place.

Les Etats-Unis et la France, entre autres, se sont élevés contre la position russe, l’ambassadeur français François Delattre critiquant “les attaques contre les hôpitaux” et parlant d’une “urgence absolue” sur le terrain.

Moscou, grand allié de Damas, utilise régulièrement son droit de veto pour protéger le régime à l’ONU.

Mares de sang

Pour le cinquième jour consécutif, les forces du président Bachar al-Assad ont soumis jeudi la région à un déluge de feu, prélude à une offensive terrestre pour la reconquérir.

Dans cette zone où quelque 400.000 habitants tentent de subsister, le coût humain est énorme et les destructions colossales.


Des secouristes syriens évacuent des civils blessés de Douma, ville rebelle bombardée par le régime le 22 février 2018 © Hamza AL-AJWEH AFP

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), 403 civils, dont 95 enfants, ont été tués depuis le début dimanche de ces bombardements dévastateurs.

Au moins 46 civils sont morts jeudi dans des raids aériens et un déluge de roquettes visant plusieurs localités.

L’Observatoire a aussi affirmé que l’aviation de la Russie, alliée du régime, participait aux raids. Mais par le passé, Moscou avait démenti.

Un correspondant de l’AFP a vu des mares de sang sur la route menant à un hôpital de la ville de Douma. A l’hôpital, des corps enveloppés de linceuls blancs, dont ceux de deux enfants, gisaient au sol.

Dans la localité de Hammouriyé, des habitants se sont pressés devant un magasin pour acheter de la nourriture avant de prendre la fuite quand des obus ont explosé à proximité.

‘Campagne d’annihilation’
Sur la scène internationale, les condamnations se sont multipliées, en vain.


Localisation de l’enclave rebelle dans la Ghouta orientale, à l’est de la capitale Damas, pilonnée par le régime syrien © Omar KAMAL AFP

Le Haut Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a appelé à “mettre un terme à cette monstrueuse campagne d’annihilation”.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé un accès à la Ghouta orientale pour porter secours aux blessés, qui meurent selon lui faute de soins immédiats et de matériel médical.

“Le régime prétend viser des groupes armés mais en vérité il ne vise que les civils !”, s’est insurgé Ahmed Abdelghani, médecin dans les hôpitaux bombardés de Hammouriyé et Arbine. “C’est un hôpital civil, pourquoi le régime nous vise-t-il ?”

Ces trois derniers jours, 13 hôpitaux de la Ghouta orientale où intervient l’ONG Médecins sans frontières ont été touchés, selon l’organisation.

Offensive ‘d’envergure’
Le régime cherche à reprendre la Ghouta orientale, pour, dit-il, stopper les tirs de roquettes sur Damas. Selon le quotidien syrien Al-Watan, une offensive terrestre “d’envergure peut commencer à tout moment”.

Depuis dimanche, 16 personnes ont été tuées à Damas, bastion du régime, par des tirs d’obus et de roquettes des rebelles depuis la Ghouta orientale, selon les médias d’Etat et l’OSDH.

Un enfant a ainsi été tué jeudi par un tir d’obus sur un quartier de la capitale, selon l’agence officielle Sana.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a assuré que Moscou avait proposé “il y a quelques jours” aux combattants de la Ghouta orientale d’évacuer le secteur mais que des jihadistes et leurs alliés avaient “catégoriquement rejeté cette proposition”.

Depuis le début en 2011 de la guerre en Syrie, plusieurs zones rebelles, comme la vieille ville de Homs en 2012 ou Alep en 2016, ont été écrasées par des bombardements et un siège étouffant pour forcer les combattants antirégime à déposer les armes.

Le conflit en Syrie a d’abord opposé les rebelles au régime puis s’est complexifié avec l’implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.

Avec l’intervention de la Russie en 2015, le régime Assad, qui était en mauvaise posture, a réussi à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire.

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