Dans une vidéo attribuée à l’Ambazonian Defence forces (ADF), en français « Forces de Défense de l’Ambazonie », des éléments armées du mouvement séparatiste anglophone du Cameroun somment les autorités administratives affectées par Yaoundé dans leurs contrées, qu’elles soient francophones ou non, de quitter leurs contrées ou de s’attendre au pire.
Sur cette vidéo, où est montré à l’entame, torse nu, le sous préfet de Batibo (enlevé le 11 février dernier en pleine place des fêtes lors de la célébration de la Fête de la Jeunesse), on peut regarder un homme, prétendument un sous-officier de l’armée camerounaise (sergent) capturé par les éléments armés de l’ADF, qui confesse les atrocités commises par ses collègues des forces de défense camerounaises et lui sur les populations anglophones (ambazoniennes). A la suite de cette confession, le présumé militaire (torse nu lui aussi, une plaque d’otage autour du cou), demande à ses compagnons d’armes, notamment ceux natifs comme lui des régions anglophones du Cameroun, de revenir dans leur Ambazonie natale pour renforcer les populations dans leur lutte contre la République du Cameroun.
Plus grave, la deuxième partie de la vidéo qui est un long monologue sans image, met en scène un individu insultant tout ce qui est la République du Cameroun, y compris les leaders politiques anglophones de l’opposition, à l’instar de John Fru Ndi, Joshua Osih et Bernard Muna, qui selon lui feraient le jeu de l’ennemi juré du peuple ambazonien. Ce monologue se veut un des nombreux signaux du danger qui plane sur ceux –gouverneurs, préfets, sous-préfets, parlementaires et autres- qui, étant à la solde de “La Ripoblique” (ainsi appellent-ils La république du Cameroun, avec un soupçon de substrat linguistique) et constituant de ce fait l’entité coloniale camerounaise, ne s’empresseront pas de quitter l’Ambazonie, et devront pour cela faire face à «la colère d’un peuple brutalisé».
Un véhicule de la gendarmerie criblé de balles
Affabulation d’un mystificateur qui confond ses fantasmes et la réalité ? Peut-être. Mais les derniers assauts des 11 et 14 mars menés par des sécessionnistes qui ont débouché sur l’assassinat de deux gendarmes (dimanche) à Ashong, une localité de la région du Nord-ouest, et celui, mercredi, du commandant de brigade de Nguti dans la région du Sud-ouest et à la mort de sept assaillants, puis de trois autres jeudi à Bole, ainsi qu’un assaut lancé –toujours jeudi- contre le convoi de militaires escortant un militaire avec à la clé l’assassinat de deux éléments des forces de défense… font craindre justement que la détermination des sécessionnistes de « rendre le Cameroun ingouvernable » soit montée de plusieurs crans. Une situation qui pourrait connaitre un début de fin si le gouvernement se résolvait peut-être à inviter “les terroristes” au dialogue, en leur donnant des gages de sa sincérité. Ne serait-ce que pour les prendre à défaut, et voir jusqu’où ils sont capables d’aller dans leur volonté de s’arc-bouter sur l’idée de la création de leur Etat d’Ambazonie.