Tombeur en janvier 1996 du Capitaine Valentine Esegragbo Melvine Strasser (qu’il avait quatre années plus tôt aidé à prendre le pouvoir en renversant le président d’alors, Joseph saïdu Momoh) le Général Julius Maada Wonie Bio, a été proclamé vainqueur du premier tour de l’élection présidentielle du 07 mars dernier en Sierra Leone. Une victoire qui ne garantit nullement celle elle escomptée du deuxième tour programmé pour le 27 mars au cour duquel il affrontera le candidat du parti au pouvoir Docteur Samura Kamara.
Si le Général de Brigade à la retraite, candidat du Sierra Léone People’s Party » (SLPP) peut se targuer d’être arrivé en tête à l’issue de cette phase de la controverse électorale avec 43,3% de suffrages favorables, lui qui n’avait obtenu que 37,4% lors de sa première participation à un scrutin présidentiel en 2012 (contre le président sortant Ernest Bai Koroma –58,7 %-), son score, de 0,6% seulement supérieur à celui de son adversaire du All People’s Congress (APC, 42,7%) paraît une avance très courte pour être décisive en l’état.
Au deuxième tour en effet, il devra compter avec une adversité autre que celle de son challenger : le candidat du National Grand Coalition, Docteur Kandeh Yumkella, un dissident du SLPP, arrivé en troisième position avec 6,9% de voix. Celui-ci est un ancien compagnon de Maada qui avait fait dissidence, et des observateurs avisés de la politique sierra léonaise sont formels à son propos : « La volonté de changement qui a toujours animé cet homme politique désormais considéré comme le faiseur de roi, risque de ne pas trop peser sur la balance au moment du choix tout aussi capital que cornélien entre les deux candidats, par rapport au ressentiment qu’il nourrit vis-à-vis de son ancien camarade.
Reste que la logique arithmétique et la logique électorale ne vont pas toujours de pair, et qu’il reste toujours un mince espoir que Maada Bio soit bien parti pour retrouver la présidence qu’il a quitté il y a 22 ans. Par le passé, le Général Maada Bio n’était resté au pouvoir que deux mois (16 janvier-23 mars 1996), le temps d’organiser des élections démocratiques et de remettre le pouvoir à un civil, Ahmad Tejan Kabbah, décédé en 2014, deux ans après avoir cédé à son tour le pouvoir à l’actuel président, Ernest Bai Koroma, qui n’était pas candidat à sa succession après avoir assumé les deux mandats que lui permet la Constitution.