Expulsions des réfugiés Nigérians : Le Cameroun de nouveau en conflit avec le HCR

C’est de nouveau la saison des… déclarations incendiaires entre le gouvernement camerounais et le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR). Le dernier vient de remettre ça, en accusant le premier de procéder au rapatriement forcé des ressortissants nigérians fuyant les exactions de la secte terroriste Boko Haram qui ont trouvé refuge sur le sol de leur voisin d’Afrique centrale.

A en croire l’agence Onusienne qui  a publié vendredi sur son site une note à ce sujet (http://www.unhcr.org/5ad9e4bd4?utm_source=&utm_medium=email&utm_content=UNHCR%20Communication%20Service&utm_campaign=), ce sont au moins 385 « retours forcés » de réfugiés nigérians qui ont été recensés entre janvier et avril  2018. Et l’identité de ceux qui actionnent les manettes de ce drame humanitaire ne fait point de doute pour elle : ce sont les autorités camerounaises.

« Le 10 avril, 160 réfugiés et demandeurs d’asile nigérians ont été renvoyés de force dans l’État de Borno, au Nigéria, région où les résidents continuent de faire face à des risques, liés aux exactions de Boko Haram », indique le HCR, qui ajoute à cela le cas de 118 autres refugiés Nigérians renvoyés de force le 17 avril dans l’Etat de Borno d’où ils avaient fui  deux jours plus tôt, pour se mettre à l’abri de la violence des islamo-terroristes.

Une violation du principe de non-retour forcé ou de non-refoulement, constate le HCR pour qui cela représente un recul par rapport aux progrès réalisés par le Cameroun dans l’octroi de l’asile aux nigérians fuyant la violence de Boko Haram dans l’Etat de Borno, dans la mesure où depuis le début des agressions perpétrées par les disciples d’Abubakar Shekau sur les populations du Nord et du Nord-est du Nigeria, le Cameroun avait fait montre de beaucoup de bonnes dispositions à l’égard de ces victimes de l’internationale terroriste au point d’en accueillir près de 90.000, dont la plupart sont logés depuis 2014 dans des camps mis sur pied dans la commune de Waza (département du Logone-et-Chari, région de l’Extrême-nord ).

La sollicitude du Cameroun a pris un sérieux coup  quand à partir de 2015, les terroristes en provenance du Nigeria ont commencé à commettre des attentats suicides dans la région septentrionale du Cameroun où ils ont tué plus de 2000 personnes dont de nombreux soldats, faisant aussi fuir des milliers d’autres dans des régions moins exposées ou moins accessibles pour eux.

La récurrence de ces attentats avait en effet amené les autorités camerounaises à soupçonner l’infiltration des réfugiés par les agents terroristes.

Il ne fait pas de doute qu’à la suite de cette énième sortie du HCR contre les autorités camerounaises qui violent la Convention de 1951 sur les réfugiés et de la Convention de l’OUA de 1969, ratifié par le Cameroun, les accusés vont monter au créneau pour lancer la contre-offensive.

Vents contraires

On se souvient que le 29 mars 2017, après que le HCR eut accusé le Cameroun d’avoir renvoyé « contre leur volonté » 26000 Nigérians, le ministre des Relations extérieures camerounais, Lejeune Mbella Mbella,  avait, au cours d’une audience accordée au représentant du HCR au Cameroun,  exprimé «la vive désapprobation du gouvernement camerounais, suite aux déclarations  excessives et infondées faites par le responsable de cette organisation à Genève, faisant état de rapatriements forcés par les autorités camerounaises des réfugiés nigérians dans des zones et des villages pas totalement sécurisés».  

En écho à son collègue chargé de la diplomatie camerounaise, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakari, avait relevé, pour la gouverne du HCR, que près de 550 000 réfugiés (dont 87 000 Nigérians) en provenance de la RCA du Nigéria, du Tchad, du Rwanda  et du  Burundi se trouvaient en territoire camerounais. «Le gouvernement camerounais rejette catégoriquement ces allégations dénuées de tout fondement, particulièrement injustes et susceptibles d’entacher l’image d’un pays dont les efforts méritoires pour accueillir les réfugiés sont unanimement salués», avait déclaré monsieur Tchiroma dans une communication publique, non sans ajouter :  «Concernant les réfugiés nigérians, plus de 87 000 personnes sont actuellement présentes au Cameroun. Plus de 60 000 de ces réfugiés sont hébergés dans le camp de Minawao, initialement prévu pour 20 000 personnes. Des milliers d’autres réfugiés nigérians sont recueillis par des familles d’accueil, dont les ressources sont pourtant modiques».

Préoccupations sécuritaires pertinentes
Alludant aux soupçons -évoqués supra- du Cameroun relative à la présence des terroristes parmi les refugiés,  le HCR qui n’élude pas  cette éventualité dans sa note du 20 avril 2018, propose son aide pour l’implémentation de meilleures procédures de contrôle des demandeurs d’asile, mais estime que les préoccupations sécuritaires ne devraient pas constituer un frein à l’assistance humanitaire. Raison de plus pour que l’agence invite le gouvernement camerounais à s’abstenir de tout retour forcé. 

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