La raison publiquement avancée par les notabilités traditionnelles du canton Bell (un village de la capitale économique camerounaise, Douala), est que le choix d’un site faisant partie de “leur” territoire pour ériger un monument à la mémoire du célèbre nationaliste, a été fait sans qu’elles aient été consultées. Mais des sources plus indiscrètes révèlent que la véritable raison se trouverait ailleurs : le fait que le véritable père et martyr de l’indépendance du Cameroun soit de l’ethnie Bassa est à l’origine de cette levée des boucliers des Bellois qui sont quant à eux de l’ethnie Duala.
Le chef du canton en tête, les autorités coutumières et traditionnelles du canton Bell (un des trois cantons du 1er arrondissement de la 2ème ville du Cameroun), accompagnés de bon nombre de leurs “sujets” sont descendus samedi sur le site où la communauté urbaine de Douala est en train d’ériger une stèle à la mémoire de Ruben Um Nyobe.
Pelles, marteaux et autres outils de destruction en mains, ils ont mis à sac la clôture en matériaux provisoires qui abritait le site, et fait des rites traditionnels sur la fondation pour que le mauvais sort s’abatte sur quiconque s’évertuerait à y poursuivre les travaux d’érection de la stèle.
Le moins que l’on puisse dire est que cette attitude barbare des chefs du canton Bell qui n’a fait l’objet d’aucune remontrance de la part des pouvoirs publics si prompts à rebattre les oreilles des pauvres Camerounais avec la notion à tête chercheuse d'”UNITÉ NATIONALE”, et qui constitue un défi injustifié à l’autorité de l’Etat et au caractère républicain du Cameroun, a sonné des millions de Camerounais, mais aussi de nombreux Africains à travers le monde, qui n’ont pas tardé à réagir, à l’instar de la femme politique ivoirienne, Nathalie Yamb, Conseillère Exécutive du parti de l’opposition Liberté et Démocratie pour la République (LIDER), dirigé par l’ancien président de l’Assemblée Nationale ivoirienne sous Laurent Gbagbo, Mamadou Koulibaly.
On peut ainsi lire sur son mur Facebook, une réaction empreinte de colère et d’incompréhension par rapport à cet acte inconséquent, dans laquelle madame Yamb qui connait manifestement mieux la sociologie de la ville de Douala que les chefs du canton Bell, s’étonne que « Les monuments à la gloire des colons ne les gênent pas. Mais ceux à la gloire de ceux qui se sont battus et ont été tués pour la libération et l’indépendance du Cameroun font ressortir leurs pires instinct tribaux. » (Cf.Tribune libre : « Ô Cameroun tombeau de nos enfants… » ou http:/.com/news/article-news-34128.html).
C’est aussi le cas du Youtubeur rza franc qui affirme à ce sujet que « Nous avons le droit et le devoir de rééduquer nos parents car ils ne se fait pas encore tard ».
Seule consolation dans ce tableau désespérant, les chefs du canton Bell et tous ceux qui pensent comme eux ne réussiront pas à effacer la mémoire de Um, assassiné le 13 septembre 1958 par Paul Abdoulaye, soldat d’origine sara (Tchad), enrôlé dans l’armée coloniale française.