Joseph Kabila ne sera finalement pas candidat à l’élection présidentielle du 23 décembre 2018. L’annonce est de son Premier ministre, Bruno Tshibala, qui a affirmé mardi dans un entretien avec des médias en marge de dans une interview donnée en marge de la Conférence du Forum économique international des Amériques (FEIA), à Montréal au Canada, que « Les élections auront lieu sans la participation du président Kabila qui respectera l’esprit et la lettre de la Constitution ».
Jusqu’ici, le regroupement politique dénommé “Majorité Présidentielle” et le président Joseph Kabila lui-même, entretenaient le flou autour du respect ou non de la constitution congolaise qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels pouvant être effectués par un même individu. Bien plus, l’étirement en longueur de la transition qui devait connaitre son terme avant fin 2017 tel que prévu par les “accords de la Saint Sylvestre” 2016, ajouté aux insinuations relatives à un éventuel référendum qui allait déterminer si le président hors mandat mais toujours en exercice pouvait surfer sur la toute récente modification de la loi électorale pour se représenter en arguant du caractère non rétroactif de la loi, avait fini de convaincre la majorité des Congolais que Kabila était plutôt disposé pour un affrontement.
Cette présomption -a posteriori compréhensible- de mauvaise foi a poussé des millions de Congolais dans la rue, plusieurs fois en 2017, et au moins trois fois depuis le début de l’année en cours. A l’initiative de l’opposition, des moyens citoyens tels que la LUCHA ou du Comité Laïc de Coordination de l’église catholique, Ils exigeaient à chaque fois que Kabila et son régime appliquent enfin le principal point des accords mentionnés supra, à savoir l’organisation de l’élection présidentielle à laquelle il ne doit pas être candidat, et surtout, que le fils du “Mzee” (Libérateur ou Messie) Laurent Désiré Kabila déclare officiellement qu’il ne sera pas candidat.
A chacune des descentes des populations dans la rue l’armée fidèle au dictateur s’est livrée à une répression sanglante, faisant de nombreux morts, des dizaines parfois, semant la désolation, la révolte et la peur dans le pays. Sans toutefois décourager ses contempteurs, qui, il faut le relever, ont bénéficié de l’adhésion de la communauté internationale à leur cause.
En mai dernier, lors de la rencontre des présidents français et angolais à Paris, les deux chefs d’Etat qui entretiennent des liens politiques et économiques importants avec la république Démocratique du Congo, avaient appelé au respect des accords de 2016, suscitant l’ire du régime Kabila dont le chef de la Diplomatie avait d’ailleurs demandé des explications aux ambassadeurs de France et d’Angola.
Ainsi coincé aux entournures, Kabila n’avait pas d’autre choix que de lâcher du lest.
L’annonce de son “abdication” prochaine n’a pas été faite par Kabila en personne, mais on ne peut imaginer que son Premier ministre l’ait fait sans sa “Très Haute” autorisation.
Ceci étant, cette décision, si elle venait à être confirmée par le principal intéressé, serait à saluer, malgré que le retard à la prendre ait fait couler des hectolitres de sang, de larmes d’encre et de salive au sein d’une population congolaise qui n’en demandait pas tant. Un sursaut de sagesse, même tardif est toujours préférable à la fuite en avant dans la plus ignominieuse bêtise.