Abbas Araghchi, le chef des négociateurs nucléaires, le 14 mai 2013 à Téhéran. Atta Kenare (AFP/Archives)
L’accord nucléaire iranien est en “soins intensifs” et Téhéran pourrait en sortir dans les prochaines semaines si aucune garantie n’a été apportée par l’Union européenne, a averti vendredi le ministre adjoint des Affaires Etrangères.
La République islamique veut “préserver l’accord” mais des ajustements doivent être faits à la suite de la décision de Washington de se retirer du traité historique, a déclaré Abbas Araghchi dans un entretien accordé à Euronews.
L’accord a “perdu son équilibre” en raison du retrait des Etats-Unis, a-t-il ajouté. “Si les Européens et les autres participants au JCPOA (sigle officiel de l’accord, ndlr) souhaitent que l’Iran reste dans l’accord, ils devraient compenser l’absence des Etats-Unis et la réimposition des sanctions américaines”, a-t-il encore dit.
Téhéran a déclaré à maintes reprises qu’il voulait sauver l’accord, mais a exprimé sa frustration face aux propositions européennes.
La vice-présidente iranienne, Masoumeh Ebtekar, avait déjà déclaré la semaine dernière que l’Iran veut que le maintien de l’accord sur le nucléaire soit confirmé “le plus tôt possible” et “ne peut pas attendre indéfiniment”.
Elle a par ailleurs répété que le guide suprême iranien Ali Khamenei avait ordonné des travaux préparatoires afin que l’Iran soit prêt “à enrichir de l’uranium à l’avenir”.
HO (KHAMENEI.IR/AFP) Photo obtenue auprès des services du guide suprême iranien montrant l’ayatollah Ali Khamenei saluant la foule lors de la cérémonie organisée pour le 29e anniversaire de la mort de l’ayatollah Khomeney, le 4 juin 2018 à Téhéran
HO (KHAMENEI.IR/AFP)
L’Iran avait notifié début juin à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) la mise en route d’un plan pour augmenter sa capacité à enrichir l’uranium en accroissant le nombre de ses centrifugeuses, moins de 24H00 après avoir menacé de reprendre l’enrichissement d’uranium.
“Ce que nous faisons ne viole pas l'accord” sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015 à Vienne et dont les États-Unis se sont retirés le 8 mai, a déclaré le vice-président iranien Ali Akbar Salehi, cité par l’agence de presse iranienne Fars.
L’enrichissement de l’uranium permet de produire du combustible pour les centrales nucléaire de production d’électricité atomique ou peut avoir d’autres applications civiles, dans le domaine médical par exemple. Mais hautement enrichi, et en quantité suffisante, l’uranium peut aussi permettre la fabrication d’une bombe atomique.
Accusé par les États-Unis et Israël de chercher à vouloir de doter de l’arme atomique, l’Iran a toujours affirmé que son programme nucléaire était uniquement à visée pacifique et civile.
L’accord de 2015, qui vise à exclure toute dimension militaire, est fragilisé par la décision le 8 mai du président américain Donald Trump de se retirer de ce texte conclu au terme de plusieurs années de marathon diplomatique.