L’affaire de l’exécution de deux femmes et de leurs deux enfants (un nourrisson et une fillette d’environ 6 à 7 ans) présentées comme des militantes de la secte terroriste Boko Haram (BH) par des nervis de l’armée camerounaise n’aurait pas fini de dévoiler ses mystères.
Alors que le ministre de la Communication camerounais, Issa Tchiroma, et le le chef de la Division de la Communication au ministère de la Défense, le colonel Didier Badjeck, se sont répandus ces derniers jours en dénonciations des vidéo-montages à des fins de déstabilisation du Cameroun et de ternissement de l’image de son armée, des informations circulant depuis lundi font état d’un premier aboutissement de l’enquête prescrite par le président camerounais, Paul Biya, pour faire la lumière sur cette affaire : l’arrestation de trois soldats camerounais qui auraient été identifiés et seraient par conséquent accusés d’assassinat.
Selon nos confrères de APA qui auraient été les premiers à obtenir l’information des sources sécuritaires, les trois soldats présumés tueurs auraient été remis à la Sécurité militaire qui se chargerait de les mettre à la disposition de la justice militaire du Cameroun.
« Ces hommes en tenue avaient été formellement reconnus par des camarades d’armes », affirme notre confrère sous le contrôle de sa principale source qui serait un haut gradé de l’armée camerounaise.
Si l’information se révèle vraie, elle battrait en brèche le démenti des responsables camerounais qui n’ont eu de cesse de rebattre l’opinion publique nationale et internationale en exhibant «une autre manœuvre de désinformation grossière dont les faits projetés n’ont aucun rapport avec l’action menée par les forces de défense et de sécurité dans le cadre des missions qui leur sont confiées» sur fond de «conspiration manifeste» et de «malheureuse tentative de transfiguration de la réalité et d’intoxication du public» (Issa Tchiroma). Ou encore un «véhément mensonge», selon le Colonel Didier Badjeck, pour qui «Par contre, on serait heureux de recevoir les excuses pour les insultes et les accusations à charge dont notre armée sacrificielle et républicaine a fait l’objet».
Le ministre Tchiroma qui ne s’impose aucune limite en matière de mystification avait poussé plus loin le bouchon du lessivage des cerveaux en procédant à l’analyse de la tenue vestimentaire des mis en cause pour dédouaner l’armée camerounaise. « On note, à l’examen de cette vidéo, que ces hommes arborent des uniformes bariolés pour certains types de forêts alors que le paysage et le relief indiquent clairement que l’on se trouve en zone sahélo-saharienne. En pareille circonstance, il est constant que les tenues de combat utilisées par l’armée camerounaise sont toujours de type sahéliens. Les armes arborées par les présumés soldats présentés dans la vidéo ne sont pas celles utilisées par l’armée camerounaise dans cette zone d’opérations », avait déclaré le porte-parole du gouvernement camerounais plus pressé que la musique.
Evidemment, il ne faudra pas attendre du ministre Tchiroma et de son alter ego, le Colonel Badjeck qu’ils reviennent sur ce qui pourrait se révéler un “éhonté mensonge” sous réserve des résultats de l’enquête et de l’information judiciaire. Car certaines officines s’en chargent déjà.
En effet, après la sulfureuse tentative de faire accroire que la vidéo choquante révélait plutôt une affaire d’exécutions sommaires au Mali, un internaute s’activerait à faire croire que la vidéo en question daterait de 2014, mais que des individus résidant aux États-unis et au service d´un parti politique, poursuivant un agenda électoral et de déstabilisation caché, ont décidé de mettre en ligne cette vidéo quelques jours seulement après la convocation du corps électoral afin de ternir l´image des forces de défense camerounaises (qui se battent pour l´intégrité territoriale du Cameroun) et du président Paul Biya dont ils ne souhaitaient plus qu´il se représentent aux élections présidentielles et qu´ils présentent comme un dictateur.
Pour boucler la boucle, l’internaute qui ferait montre d’un patriotisme à couper au couteau recommande : « Restons vigilants, car les ennemis de notre pays tapis dans l´ombre ont plus d´un tour dans son sac »(Sic).
Comme pour dire que c’est la faute à ceux qui ont diffusé la vidéo des exécutions sommaires et non à ceux qui ont commis les crimes révélés.
Il ne manquait plus que ça !