Manifestation pour la réouverture de la frontière algéro-marocaine


© Youssef Boudlal Source: Reuters
Frontière algéro-marocaine, illustration.
 

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées à la frontière algéro-marocaine, côté marocain, pour réclamer l’ouverture de la frontière entre les deux pays, fermée depuis 1994 à la suite de tensions, en pleine décennie noire en Algérie.

«On est des frères, pas des ennemis», «le peuple veut ouvrir les frontières», scandaient les manifestants venus réclamer ce 22 juillet la réouverture de la frontière algéro-marocaine.

L'initiative a été lancée sur Facebook où des militants associatifs, principalement côté marocain, ont fixé un rendez-vous pour un rassemblement des deux côtes de la frontière afin de demander sa réouverture. Selon nos informations, le rassemblement a réuni plusieurs dizaines de personnes côté marocain dont des militants associatifs et des familles ayant des attaches des deux côtés de la frontière. Côté algérien, quelques curieux se sont approchés mais n’ont pas manifesté, selon un journaliste présent sur place.

D’après des médias marocains, la marche devait partir d'Oujda (Maroc) en direction de Zouj Bghal, alors que les marcheurs algériens devaient partir de la ville de Maghnia en direction de cette frontière fermée depuis 24 ans. A plusieurs reprises, des rumeurs d'ouverture de ces frontières ont été diffusées ces derniers jours mais elles se sont toutes avérées fausses.

Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut entendre des manifestants expliquer leurs revendications. L’un deux, habitant d’Oujda explique : «Pour pouvoir aller voir nos familles qui habitent à quelques kilomètres d’ici, on doit faire un trajet incroyable : prendre un premier avion jusqu’à Casablanca, puis un second de Casablanca à Oran, puis prendre une voiture pour rejoindre le village ou la ville où vivent nos proches.»

   

Nous partageons la même histoire, la même langue, la même religion, le même sang

Sur une vidéo diffusée sur Facebook par un internaute le 22 juillet, visiblement lors de cette manifestation, on entend un homme exhorter les politiques algériens et marocains à trouver une solution, rappelant l’histoire commune entre les deux pays : «Les deux pays ont subi la colonisation française, nous avons tous participé à la libération de nos pays. […] J’ai un oncle encore en vie qui transportait les armes entre Casablanca et Oran. [Avec l’Algérie] nous partageons la même histoire, la même langue, la même religion, le même sang.» L’homme poursuit ensuite son argumentation en comparant la situation à l’Europe : «Les Européens ont créé une union de 26 pays alors qu’ils ne partagent ni la même langue, ni la même religion. Ils ont non seulement supprimé les frontières mais établi une monnaie unique et une force armée commune. Nous on avait commencé l’idée d’une union du Maghreb en 1957 […] C’était une idée des peuples et les politiques ont tout gâché. Il est temps de dire stop et de leur demander de cesser leurs querelles.»

La fermeture de la frontière algéro-marocaine date de 1994. Un attentat, le 24 août 1994 dans l’hôtel Atlas Asni de Marrakech, crispe les relations entre les deux pays. Les terroristes impliqués étant Français d’origine algérienne, le Maroc, suspectant l’implication des services secrets algériens, décide de renvoyer du royaume les ressortissants algériens sans carte de séjour, et instaure un visa obligatoire pour ceux désirant se rendre au Maroc. L’Algérie répond à ces mesures par une fermeture totale des frontières terrestres, tandis que les frontières aériennes restent ouvertes. Le 31 juillet 2004, le Maroc décide de lever l’obligation de visa pour les Algériens. Malgré cela, Alger s’oppose fermement à la réouverture de la frontière terrestre. Côté marocain, en plus des revendications familiales, la réouverture de la frontière permettrait un accès libre à l’essence algérienne à moindre coût – l’Algérie étant un grand producteur de pétrole, le prix du carburant y est moins élevé qu’au Maroc.

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