Akere Muna fait partie des personnalités dont la candidature à l’élection présidentielle de 2018 suscité beaucoup d’espoir chez les Camerounais désireux de voir se réaliser l’alternance à la tête de l’Etat après 36 ans de Biyaïsme improductif. Mais il ne fait pas de doute que contre le président sortant dont le régime a confisqué le pays jusqu’aux esprits des populations –qui n’a pas vécu au Cameroun, ou n’y vit pas, trouverait ceci irrationnel- aucun candidat de l’opposition n’a la moindre chance d’enrayer le monumental mécanisme de trucage des élections et de corruption éhontée des électeurs mis sur pied aussi bien en amont qu’en aval par le système en place, fut-il l’homme politique le plus populaire du monde, si en plus d’affronter Biya, il doit aussi se battre contre les “siens”.
Conscient de cette donnée majeure de la prochaine élection présidentielle qui consacrera soit la descente définitive aux enfers, soit le début de la reconstruction d’un pays jadis paisible et prospère, aujourd’hui socialement et socialement divisé, ravagé par la guerre et la barbarie et miné par la pauvreté et les coupures intempestives d’électricité qui durent parfois des jours entiers dans les grandes villes et des semaines entières dans le reste du pays, Akeré Tabeng Muna a, une fois sa candidature validée par l’organe électoral Elecam, entrepris d’adresser un message fort d’union des forces d’alternance à ses collègues de l’opposition, candidats ou non à l’élection présidentielle.
Dans un tweet publié mardi, l’ancien Bâtonnier avise les Camerounais assoiffés de changement, qu’ils ont désormais entre les mains la possibilité de réaliser ce rêve vital, impératif ! Au partis d’opposition il déclare que par-là les ambitions des uns et des autres, le peuple qui réclame une coalition de leurs différentes forces, reste la priorité des priorités. Et que par conséquent, tous devraient travailler à mettre sur pied cette coalition pour ne pas affronter en rangs dispersés l’actuel locataire du palais de l’Unité, qui quant à lui ne doute pas de son indispensabilité à vie pour le Cameroun.
Au départ, j’avais déclaré mon intention d’être candidat. Maintenant, je le suis! Je tiens à dire aux camerounais que le changement qu’ils recherchent est désormais à leur portée. Aux autres candidats, je dirai: le peuple a la priorité. Il réclame une coalition. Travaillons-y! pic.twitter.com/pY6FYyAhAH
— Akere Muna (@AkereMuna) 7 août 2018
Le moins que l’on puisse dire, comme témoignent quelques tweets que nous avons répertoriés ci-dessous, est que le message de Me Akere Muna a été favorablement accueilli par l’opinion qui a salué presque en chœur ce qui semble une initiative allant dans le sens du désistement des candidats de l’opposition dans le but de leur regroupement autour d’un seul.
Faites tombé ce régime et les camerounais les vrais camerounais vous seront reconnaissants pendant 100 ans. Réaliser nous ce rêve, nous qui sommes né dans les années 90 on a jamais connu un autre Cameroun. Libérez ce pays et vous aurez nos remerciements
— juan (@adihoume) 7 août 2018
Every presidential candidate wants a coalition but sits in their own corner and declare it. No one is humble enough to take the first move. Humility is one of the virtues of leadership. Who will take the first step? The clock is ticking
— Dr. Agbor Ashu (@AAgbor10) 8 août 2018
In politics sometimes you win by surrendering. That’s a fact some of these politicians fail to understand.
— Tanyi Babila (@tb_lato) 8 août 2018
Congrats on this great move. Give us a coalition and we the people will give you a bigger coalition which is our collective vote
— Erudite Wacheseh (@YAtekem) 7 août 2018
The presidential candidates intending to form a coalition, if it may be hard for whoever to take the first step. A preliminary campaign and voting should be done officially to select one candidate. This via #tech to minimise cost or whatever means but do preliminary
— Dr. Agbor Ashu (@AAgbor10) 8 août 2018
Parlez franchement de coalition… Mettez égoïsme de côté
— Κυητζ (@eboule_kuntz) 7 août 2018
Vraiment… Dépêchez-vous. Le temps presse
— smaragd💎 (@Fernandeeee) 7 août 2018
@AkereMuna It is imperative for the legitimacy of the democratic process in Cameroon to get a unified coalition of the opposition. This would have been naturally possible if the system allowed for two rounds of the presidential election. There is no other choice but coalesce.
— Christian Ebeke (@chrisebeke) 8 août 2018
C’est chose faisable, affirment des observateurs et commentateurs, même s’il est vrai que même parmi les huit candidats de l’opposition retenus par Elecam, se trouvent encore d’intraitables satellites de Biya, qui, pour rien au monde, ne prendraient le risque de faire faux bond à celui qui a fini par imposer dans l’esprit des Camerounais, y compris ses plus virulents contempteurs, que quoique l’on fasse, il restera président de la République jusqu’à ce que mort s’en suive. L’essentiel est de s’y mettre pour peu que les opposants aient pour principale préoccupation le départ de l’actuel président dont la présence à la tête de l’Etat constitue à elle seule, au moins la moitié du mal qui ronge le pays.
En avril dernier, l’opposant Cabral Libii Li Ngué Ngué dont la candidature à l’élection a été aussi validée mardi, en même temps que celle de Me Muna, affirmait être partant pour le rassemblement autour d’un seul candidat de l’opposition, à condition que cela se fasse dans le cadre d’une élection primaire : « Juste afin de lever toute ambiguïté: pour l’élection présidentielle, je ne m’aligne que derrière le vainqueur des primaires de l’opposition au cas où je n’en sors pas vainqueur… Faute de primaires, je prends rendez-vous avec le peuple camerounais qui se prononcera alors démocratiquement sur mon projet de société… Je donnerai toute mon énergie à convaincre mes compatriotes que je peux leur offrir et avec leur appui, un pays qui les protège et qui libère les énergies ».
Quatre mois après, quoiqu’une certaine opinion –pour des raisons dont elle est seule à en saisir les tenants et aboutissants- le présentent comme un pion poussé sur l’échiquier par le régime pour semer l’embrouille, il n’a pas varié sur sa position.
Deux autres candidats les plus en vue de l’opposition, Joshua Osih du SDF et Maurice Kamto du MRC, ont eux aussi à de nombreuses reprises fait montre de leur disposition à travailler dans le même sens quoique donnant l’impression que chacun pensait être celui derrière qui les autres devraient s’effacer.
La candidate finalement recalée de l’UPC, le parti historique qui a mené la lutte contre l’oppresseur français pour l’indépendance du Cameroun a récemment entrepris des démarches allant dans ce sens.
Cependant, à moins de deux mois du lancement de la campagne électorale, il semble que le temps presse pour l’opposition qui ne doit plus lambiner, mais mettre rapidement sur pied le cadre et les conditions dans lesquels s’effectuera le choix d’un candidat fort de l’opposition -pas forcément unique, car on imagine mal Garga Haman Adji de l’ADD, faisant la courte échelle à ses anciens amis de l’opposition, lui qui ne jure plus que par Paul Biya depuis quelques temps-.
A moins que l’on ne soit dans une situation d’entourloupe où chacun joue à jeter le pavé dans la marre avec les déclarations de bonne intention pour le regroupement de l’opposition, en se disant « je sais que ma proposition sera accueillie comme indécente par mes pairs et ne sera donc pas acceptée, puisque moi-même je ne peux pas accepter de désister pour quelqu’un d’autre. ».
Dans ce cas, que chacun sache qu’en campant la posture de fossoyeur des aspirations profondes des Camerounais, ceux-ci le lui revaudront certainement quand viendra le moment pour le peuple de prendre le dessus sur la tyrannie qui a aussi une fin quelle que soit sa durée.
Le cas de la République démocratique du Congo où, par ses procédés erratiques, l’opposition démocratique s’est fait chiper le premier rôle par Laurent Désiré Kabila et son fils Joseph, lesquels ont fini par plonger leur pays dans la nuit noire de la répression au nom d’une soi-disant révolution et d’un faux nationalisme depuis plus d’une vingtaine d’années, est là pour servir de leçon aux opposants et “opposantoches” du Cameroun qui n’ont pas encore compris qu’aucun sacrifice de soi n’est trop élevé pour permettre au Cameroun de réaliser l’alternance par la voie des urnes.
Il faut dire qu’à l’image de leur adversaire Paul Biya, confortablement installé en autarcie fort de sa légendaire formule « Le Cameroun c’est le Cameroun », les opposants camerounais ont coutume de penser que ce qui est arrivé ailleurs ne peut pas arriver dans leur pays “exceptionnel”, et que les alouettes du bonheur leur tomberont rôties du ciel.
Bon à savoir: La voix du peuple est la voie de Dieu. Et telles celles de Dieu, ses voix sont impénétrables. Gare à une autre erreur de plus!