Quelle mouche a donc piqué le pourtant perspicace président sud-africain Cyrill Ramaphosa pour qu'il adopte une attitude aussi cavalière nimbée de parti pris manifeste, voire de mépris vis-à-vis de l'opposition congolaise lors de sa dernière visite en République Démocratique du Congo au cours de laquelle il a reçu en audience le Secrétaire Général du parti au pouvoir et candidat déclaré du PPRD à l'élection présidentielle, mais aucun des candidats ou leaders de l'opposition de ce pays où l'Afrique du Sud est généralement considérée, à travers son président –et ce depuis l'époque de Nelson Mandela- comme une autorité morale ? On ne saurait donner de réponse hâtive. En tout cas, pas tant que les services de la communication du cabinet du président Ramaphosa n'auront pas donné leur version de cette histoire sujette à de nombreuses interprétations et qui prête à confusion.
Toujours est-il que ce procédé n'aura pas été du goût de l'opposition congolaise, plus particulièrement du parti UDPS de Félix Tshisekedi, dont le Secrétaire Général, Jean-Marc Kabund-à-Kabund, est allé de sa belle plume pour protester énergiquement à travers une correspondance adressée au président sud-africain, dans laquelle il relaie à son intention les diverses interprétations de son geste dans le microcosme politique congolais.
La lettre de Kabund Kabund à Ramaphosa
Des interprétations dont la principale est qu'en recevant seulement Emmanuel Ramazani Shadary le Président Sud Africain a choisi son camp et, par la même occasion, présenté au peuple congolais et au monde, le futur Président de la Rdc.
Il faut dire que l'opposition congolaise n'avait pas encore réagi aussi ouvertement aux manifestations de parti pris sud-africain en leur défaveur, et donc forcément en faveur du camp Kabila, dans le cadre du conflit qui oppose le régime du dictateur sortant à son peuple et à ses adversaires politiques. Par exemple quand l'Afrique du Sud, pays leader de la SADC, a poussé les pays membres de cette organisation sus-régionale à adouber le plan d'ajournement à l'infini du processus de transition qui devait connaitre son terme en 2017, conformément aux accords de la Saint-Sylvestre 2016. C'était sous la présidence de Jacob Zuma. Mais à ce moment crucial de la vie politique de la RDC qui est rendue à quelque 4 mois des élections générales, l'attitude de Ramaphosa aura été la dernière goutte d'eau qui fait déborder le vase de la tolérance.