Le meeting tenu dans l’enceinte de l’ambassade du Tchad à Yaoundé, sis au quartier Bastos, a certainement fait des jaloux dans les rangs de nombreux Camerounais présents. Car, s’ils ont pour la plupart été agréablement surpris de savoir que les Tchadiens résidents au Cameroun vont voter le 25 avril 2011 dans leur chancellerie, ils n’ont pour autant pas pu contenir l’aigreur suscitée par le fait qu’à l’inverse les Camerounais résidents au Tchad ne pourraient accomplir leur devoir civique en octobre prochain pour le même objet : l’élection du président de la République. Pour certainement afficher le plus longtemps leur air envieux, ces Camerounais invités par dizaines sont restés jusqu’à la fin du meeting organisé par le Conseil exécutif du Mps pour la région du centre au Cameroun et une délégation du bureau politique du parti “ du fusil et de la houe ”, conduite par Moussa Addou.
N’empêche ! D’autres choses leur sont parues plus familières. Il y a d’abord ces chants folkloriques scandés par de nombreuses femmes tchadiennes à la gloire d’un homme, mais aussi les discours dithyrambiques prononcés par les différents allocuteurs qui se sont succédés au pupitre, présentant l’homme du 4 décembre 1990 comme un homme providentiel “ venu apporter la liberté et la démocratie ”. Car, que ce soient les militants du Mps vivant sur place au Cameroun ou ceux venus d’ailleurs, ils ont déclamé à la foule des invités leur amour et leur soutien à leur champion qui “ gagnera l’élection haut la main dès le premier tour ”, le 25 avril face aux deux autres candidats que sont Pahimi Padiké de Rndt / Le Reveil et Maître Nadji Madou de l’Alliance socialiste pour le renouveau intégral du Tchad. Même l’ambassadeur Yoossem – Kontou Noudjiamlao y est allé de son penchant pour le président-candidat lui “ conférerant ” la paternité de la “ Renaissance de la nation tchadienne ”. Même si en se souvenant qu’en tant que diplomate, il est astreint à la neutralité politique, le représentant du pouvoir de N’djamena a mentionné que tous les deux autres candidats avaient son feu vert pour tenir, s’il le voudrait, leur meeting au sein de la chancellerie, en vue de séduire les centaines de Tchadiens qui constituent l’électorat de la circonscription du Cameroun.
Fraudes
Une invitation jugée snobe par un étudiant tchadien à Yaoundé, présent au meeting. Celui-ci, qui a gardé l’anonymat, estime que les deux challengers de Deby n’ont aucune représentativité sur l’échiquier politique du pays des Sao. Au point où ils seraient incapables d’aller battre campagne au-delà des frontières. Pour lui, tout a été fait pour décourager les vrais poids lourds des joutes électorales au Tchad. Ce sont, argue – t- il, dans l’ordre d’importance : Sale Kebzabo de l’Undr, Ngarleji Yorongar et Kamougué Wadal Abdelkader de l’Udr. Cet étudiant confie que tous les trois opposants dénonçaient la préparation de fraudes massives, et avaient exigé notamment de nouvelles cartes d’électeurs et l’impression de bulletins de vote numérisés et sécurisés, pour y parer.
Ils n’ont pas été entendus. Peut-être à tort, puisque les Tchadiens du Cameroun et d’ailleurs voteront ce 25 avril, avec des récépissés plutôt que des cartes d’électeurs définitives. C’est pour la deuxième fois consécutive que les électeurs tchadiens vivent le boycott des principaux opposants. Ce, après plusieurs rencontres avec le président Déby qui tenait à leur participation pour crédibiliser le scrutin. Finalement, beaucoup de ressemblance avec le Cameroun.