Louis Paul Motaze, ministre Camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire de nouveau dans le viseur des institutions de Bretton Woods
En l’espace de deux mois le Fonds Monétaire International, engagé avec le Cameroun dans un Programme économique et financier (PEF), s’est trouvé au moins à trois reprises obligé de taper sur les doigts des gouvernants de ce pays qui ne brillent pas par leur orthodoxie gestionnaire en ce qui concerne les ressources publiques et l’endettement.
On savait déjà que pour avoir dépassé de 100 milliards FCFA son plafond de décaissement des ressources extérieures, le Cameroun était en délicatesse avec le Fonds Monétaire International (FMI). Il y a eu ensuite le taux d’endettement que le FMI situe à 35% mais que le Cameroun estime à 32% seulement, et l’ordonnance présidentielle signée en juin, augmentant de 176 milliards de francs Cfa son enveloppe budgétaire 2018, qui avait amené le Directeur Général Adjoint du FMI, Mitsuhiro Furusawa à rappeler aux dirigeants camerounais que «Compte tenu des fortes pressions sur les dépenses associées aux élections de 2018, de la détérioration des conditions de sécurité et de la Coupe d’Afrique de football 2019, tout revenu pétrolier supplémentaire devrait être économisé», et non utilisé dans «des projets sans portée pour les populations», selon les termes du président de la Commission de la Cemac, Daniel Ona Ondo.
Voici que fin août, l’institution financière tire un autre coup de semonce, avec cette fois-ci, un arrière-goût de scandale dénotant la légèreté et l’opacité avec lesquelles est gérée la fortune publique au Cameroun : l’apurement par le trésor public des arriérés de la dette publique de l’Etat pour près de 1000 milliards de francs CFA dont on n’a pas trace de documents lui ayant servis de base.
Ce constat résulte d’un audit publié partiellement par le FMI qui recommande au Cameroun d’améliorer la production de ses rapports sur la comptabilité publique, non sans noter les faiblesses notoires du pays dans le domaine de la comptabilité publique justement.
En effet, les documents de règlement des arriérés de la dette publique feraient état de près de 1200 milliards débloqués par le gouvernement camerounais, alors que l’audit ne retient, sur la base de doccuments probants et pertinents que quelque « 182,7 milliards de FCFA au titre des arriérés de la période 2000 à 2017, dont seulement 176,4 milliards ont été validés à la fin 2017 », selon nos confrères de Agence Ecofin.
Lesquels confrères relèvent que « Dans cette enveloppe globale 73% des sommes dues le sont à des entités gouvernementales ou dans le cadre des fonds de contrepartie à verser par la partie camerounaise, sur des projets financés par des bailleurs internationaux », et notent au passage que « Seulement 8% ont été identifiés comme des arriérés à reverser à des individus et des entreprises. ».
Bon à savoir, contrairement à son habitude qui consiste à pousser fébrilement la gueulante à chaque fois qu’il est indexé par un organisme international, le gouvernement camerounais a préféré faire profil bas à la suite de cette autre conclusion du FMIa effectué le règlement d’une première tranche de 32 milliards de ces arriérés en mars 2018 et prévoit d’effacer son ardoise avant la fin 2018.