Revenu de l’enfer carcéral où il avait été confiné pendant 16 années (de 1997 à 2013) pour détournement de fonds publics (selon la justice et ses contempteurs), pour être puni d’avoir bruyamment démissionné du gouvernement et annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 1997 (selon sa propre version de l’affaire largement appuyée par une bonne frange de la presse indépendante camerounaise, le Pr. Titus Edzoa vient d’étaler une fois le régime du président Biya dans un ouvrage paru il y a près de deux mois : “Cameroun : Combat pour mon pays“.
Ancien ministre de l’Enseignement Supérieur, puis Secrétaire Général de la Présidence de la République et ministre de la Santé dont il démissionna finalement pour se voir arrêter et accusé de détournement de deniers publics, l’homme fait un bilan froid –et du reste difficilement discutable- du clan qui tient les rênes du Cameroun depuis le 6 novembre 1982 et qui compte continuer à traumatiser le Cameroun de sa présence après le 7 octobre 2018. Et même s’il s’agit d’un secret de polichinelle, Titus Edzoa relève que sous Paul Biya, le Cameroun a perdu en respectabilité et en crédibilité, et de ce fait, appelle les Camerounais à conjurer le mauvais sort : « réélire Paul Biya le 7 octobre prochain serait une catastrophe ».
En tout cas, ramant à contre-courant des récents classements récents avantageant le Cameroun que de mauvaises langues disent « achetés par le régime pour enjoliver son image dans la perspective de la campagne électorale » qui débuté samedi, cet ancien médecin personnel du chef de l’Etat camerounais en veut pour preuve le fait que « Plusieurs organismes internationaux classent le Cameroun parmi les pays les plus corrompus » et relève que « Des milliers de Camerounais de la diaspora sont systématiquement découragés de revenir ».
Il convient de noter que ce deuxième ouvrage -après “Méditations de Prison” publié il y a quelques années aux éditions du Schabel- ne se veut pas une simple occasion pour l’ancien ponte du régime de déverser du fiel sur un régime et son chef qui l’ont torturé pendant près deux décennies, mais surtout un tour d’horizon des problèmes auxquels est confronté le Cameroun (situation politique globale, séparatisme anglophone, mauvais état de l’économie, diaspora…), de même qu’un assemblage de propositions spécifiques pour sortir du pétrin.
C’est ce qui fait voir par certains en “Cameroun : Combat pour mon pays”, « un programme politique », même si le Pr. Edzoa qui avait repris sa carte du parti au pouvoir (le Rdpc) après sa sortie de prison, n’est pas candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre, et n’a pas –du moins jusqu’à présent- soutenu officiellement l’un des neuf candidats en lice.